« Le passivisme moral consiste surtout en humiliations et avilissements devant une femme. On y doit mentionner aussi les goûts pervers pour les sécrétions du corps féminin, les cunnilingus, les stercoraires (Taxil, La prostitution contemporaine), les renifleurs (Tardieu), etc. Je connais un vieux négociant russe qui venait souvent dans une maison publique et largement régalait les filles, qui devaient cracher dans un verre, après quoi il avalait ces crachats avec énorme plaisir. Il arrive quelquefois que le passivisme est accompagné de l’inversion du sens génital. Alors le malade adore non plus une femme, mais un homme. En ce cas, le passiviste devient un fellateur, comme dit Tardieu : “Congnomine, pompeur de dard, sive, de nœud (id est turpissima penis significatio designantur ii qui labia et oscula obscœnis blanditis prœbent.” Le Dr Luiz, dans un livre intitulé Les fellatores. Moeurs de la décadence, Paris, 1888, Union des bibliophiles, a merveilleusement décrit cette variété des passivistes, dont le plus grand plaisir consiste dans une humiliation inouïe et presque incroyable. Je renvoie le lecteur à cette étude du Dr Luiz, à laquelle je puis ajouter deux exemples de ma connaissance, d’un officier et d’un gentilhomme russe qui prodiguaient ces sales caresses à des nouveaux conscrits et à de jeunes paysans.
Le passivisme physique est évident dans le cas de Rousseau, comme dans celui du Dr Tarnowsky. Le Dr Cox, à Colorado, en Amérique, a communiqué un fait du même genre, (Voir Alienist and Neurologist, 1883, April, p . 345.) Il raconte qu’il a observé un certain individu, heureux père de famille, qui fréquente chaque semaine une maison publique, et après avoir choisi deux ou trois filles, les plus fortes et les plus lourdes, ôte sa chemise, se couche à la renverse sur le plancher et ordonne à ces filles de le fouler et de l’écraser avec les pieds. Après deux ou trois heures de pareils tourments et humiliations il se lève et s’en va.
Les faits de ce genre nous démontrent que la flagellation passive, un moyen bien connu et pratiqué par tous les débauchés, agit surtout psychiquement et pas du tout physiologiquement. Ou a toujours cru que cette flagellation augmente l’afflux du sang aux fesses et y produit une surexcitation nerveuse des nerfs dorsaux et cruraux. Selon moi, cette surexcitation est produite par l’idée seule de dépendance, de la suggestion absolue devant nue femme irritée. Le passiviste fait abdication de sa volonté au profit du sujet aimé ; il veut devenir son esclave, sa chose. Il veut être employé à des plus viles besognes, il veut qu’on le batte, le fouette. Il ne trouve d’ordinaire que des prostituées mercenaires qu’il achète avec son argent, mais son rêve, son idéal suprême serait de trouver une femme sadiste qui le tourmenterait pour son propre plaisir. Il serait heureux de trouver un bourreau véritable, pas fictif, qui éprouverait une volupté en lui infligeant la douleur ; il s’adonnerait corps et âme à un pareil marquis de Sade féminin. » (Dimitry Stefanowsky, Le Passivisme).