« Sachant la scène française hantée par l’inflation du “texte sadien” dont la pornographique autonomie (“ livre textuel, tissé de pure écriture”) s’élance en sado-modernisme, Deleuze y acquiert autonomie de sa différence aux nouveaux maîtres (nous sommes en 1967) dans “Un manifeste de moins” (…) dont le titre se lit : Présentation de Sacher-Masoch. Le froid et le cruel. Grâce et disgrâce mêlées (grâce d’une non-conformité à la psychanalyse, disgrâce d’une conciliation possible avec elle plus tard dénoncée…), le livre venait de loin, depuis ce premier article intitulé “De Sacher-Masoch au masochisme”, publié en 1961, par lequel le philosophe inaugurait sa critique clinique en la superposant à la symptomatologie nietzschéenne (en cours de ré-élaboration). Jouant Jung contre Freud, le diagnostic déjà était sans appel : “il semble fort douteux que l’image de Père, dans le masochisme, ait le rôle que Freud lui prête. La psychanalyse freudienne en général souffre d’une inflation du père”. La Présentation de Sacher-Masoch réactualise le propos en prenant en compte le “retour’ de Lacan aux textes freudiens, où ça parle au Nom du Père. (…) Pour les malentendants des coups définitifs ainsi portés au père, puisque “ce n’est pas un enfant, c’est un père qui est battu”, et c’est un masochiste qui, par ce coup, est rendu “libre pour une nouvelle naissance où le père n’a aucun rôle” et le signifiant non plus » (Eric Alliez, Multitudes.samizdat.net).