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Psychologie des foules

Idées, raisonnements et imagination des foules

L’Âme des foules (Livre I - Chapitre III)

Date de mise en ligne : mercredi 10 décembre 2008

Mots-clés :

Gustave Le Bon, Psychologie des foules, Éd. Baillière et Cie et Félix Alcan, Paris, 1895.

CHAPITRE III
Idées, raisonnements et imagination des foules.

§ 1. Les idées des foules. — Les idées fondamentales et les idées accessoires. — Comment peuvent subsister simultanément des idées contradictoires. — Transformations que doivent subir les idées supérieures pour être accessibles aux foules. — Le rôle social des idées est indépendant de la part de vérité qu’elles peuvent contenir. — § 2. Les raisonnements des foules. — Les foules ne sont pas influençables par des raisonnements. — Les raisonnements des foules sont toujours d’ordre très inférieur. — Les idées qu’elles associent n’ont que des apparences d’analogie ou de succession. — § 3. L’imagination des foules. — Puissance de l’imagination des foules. — Elles pensent par images, et ces images se succèdent sans aucun lien. — Les foules sont frappées surtout par le côté merveilleux des choses. — Le merveilleux et le légendaire sont les vrais supports des civilisations. — L’imagination populaire a toujours été la base de la puissance des hommes d’État. — Comment se présentent les faits capables de frapper l’imagination des foules.

§ 1. — LES IDÉES DES FOULES

Étudiant dans notre précédent ouvrage le rôle des idées dans l’évolution des peuples, nous avons montré que chaque civilisation dérive d’un petit nombre d’idées fondamentales fort rarement renouvelées. Nous avons exposé comment ces idées s’établissent dans l’âme des foules ; avec quelle difficulté elles y pénètrent, et la puissance qu’elles possèdent quand elles y ont pénétré. Nous avons vu enfin comment les grandes perturbations historiques dérivent le plus souvent des changements de ces idées fondamentales.

Ayant suffisamment traité ce sujet, je n’y reviendrai pas maintenant et me bornerai à dire quelques mots des idées qui sont accessibles aux foules et sous quelles formes celles-ci les conçoivent.

On peut les diviser en deux classes. Dans l’une nous placerons les idées accidentelles et passagères créées sous des influences du moment : l’engouement pour un individu ou une doctrine par exemple. Dans l’autre, les idées fondamentales auxquelles le milieu, l’hérédité, l’opinion donnent une stabilité très grande : telles les croyances religieuses jadis, les idées démocratiques et sociales aujourd’hui.

Les idées fondamentales pourraient être figurées par la masse des eaux d’un fleuve déroulant lentement son cours ; les idées passagères par les petites vagues, toujours changeantes, qui agitent sa surface, et qui, bien que sans importance réelle, sont plus visibles que la marche du fleuve lui-même.

De nos jours, les grandes idées fondamentales dont ont vécu nos pères sont de plus en plus chancelantes. Elles ont perdu toute solidité, et, du même coup, les institutions qui reposaient sur elles se sont trouvées profondément ébranlées. Il se forme journellement beaucoup de ces petites idées transitoires dont je parlais à l’instant ; mais très peu d’entre elles paraissent visiblement grandir et devoir acquérir une influence prépondérante.

Quelles que soient les idées suggérées aux foules, elles ne peuvent devenir dominantes qu’à la condition de revêtir une forme très absolue et très simple. Elles se présentent alors sous l’aspect d’images, et ne sont accessibles aux masses que sous cette forme. Ces idées-images ne sont rattachées entre elles par aucun lien logique d’analogie ou de succession, et peuvent se substituer l’une à l’autre comme les verres de la lanterne magique que l’opérateur retire de la boîte où ils étaient superposés. Et c’est pourquoi on peut voir dans les foules se maintenir côte à côte les idées les plus contradictoires. Suivant les hasards du moment, la foule sera placée sous l’influence de l’une des idées diverses emmagasinées dans son entendement, et pourra par conséquent commettre les actes les plus dissemblables. Son absence complète d’esprit critique ne lui permet pas d’en percevoir les contradictions.

Ce n’est pas là un phénomène spécial aux foules ; on l’observe chez beaucoup d’individus isolés, non seulement parmi les êtres primitifs, mais chez tous ceux qui par un côté quelconque de leur esprit, — les sectateurs d’une foi religieuse intense par exemple, — se rapprochent des primitifs. Je l’ai observé à un degré curieux chez des Hindous lettrés, élevés dans nos universités européennes, et ayant obtenu tous les diplômes. Sur leur fonds immuable d’idées religieuses ou sociales héréditaires s’était superposé, sans nullement les altérer, un fonds d’idées occidentales sans parenté avec les premières. Suivant les hasards du moment, les unes ou les autres apparaissaient avec leur cortège spécial d’actes ou de discours, et le même individu présentait ainsi les contradictions les plus flagrantes. Contradictions, d’ailleurs, plus apparentes que réelles, car les idées héréditaires seules sont assez puissantes chez l’individu isolé pour devenir des mobiles de conduite. C’est seulement lorsque, par des croisements, l’homme se trouve entre les impulsions d’hérédités différentes, que les actes peuvent être réellement d’un moment à l’autre tout à fait contradictoires. Il serait inutile d’insister ici sur ces phénomènes, bien que leur importance psychologique soit capitale. Je considère qu’il faut au moins dix ans de voyages et d’observations pour arriver à les comprendre.

Les idées n’étant accessibles aux foules qu’après avoir revêtu une forme très simple, doivent, pour devenir populaires, subir souvent les plus complètes transformations. C’est surtout quand il s’agit d’idées philosophiques ou scientifiques un peu élevées, qu’on peut constater la profondeur des modifications qui leur sont nécessaires pour descendre de couche en couche jusqu’au niveau des foules. Ces modifications dépendent des catégories des foules ou de la race à laquelle ces foules appartiennent ; mais elles sont toujours amoindrissantes et simplifiantes. Et c’est pourquoi, au point de vue social, il n’y a guère, en réalité, de hiérarchie des idées, c’est-à-dire d’idées plus ou moins élevées. Par le fait seul qu’une idée arrive aux foules et peut agir, si grande ou si vraie qu’elle ait été à son origine, elle est dépouillée de presque tout ce qui faisait son élévation et sa grandeur.

D’ailleurs, au point de vue social, la valeur hiérarchique d’une idée est sans importance. Ce qu’il faut considérer, ce sont les effets qu’elle produit. Les idées chrétiennes du moyen âge, les idées démocratiques du siècle dernier, les idées sociales d’aujourd’hui, ne sont pas certes très élevées. On ne peut philosophiquement les considérer que comme d’assez pauvres erreurs ; et cependant leur rôle a été et sera immense, et elles compteront longtemps parmi les plus essentiels facteurs de la conduite des États.

Alors même que l’idée a subi les transformations qui la rendent accessible aux foules, elle n’agit que lorsque, par des procédés divers qui seront étudiés ailleurs, elle a pénétré dans l’inconscient et est devenue un sentiment, ce qui est toujours fort long.

Il ne faut pas croire, en effet, que c’est simplement parce que la justesse d’une idée est démontrée qu’elle peut produire ses effets, même chez les esprits cultivés. On s’en rend vite compte en voyant combien la démonstration la plus claire a peu d’influence sur la majorité des hommes. L’évidence, si elle est éclatante pourra être reconnue par un auditeur instruit ; mais ce nouveau converti sera vite ramené par son inconscient à ses conceptions primitives. Revoyez-le au bout de quelques jours, et il vous servira de nouveau ses anciens arguments, exactement dans les mêmes termes. Il est, en effet, sous l’influence d’idées antérieures devenues des sentiments ; et ce sont celles-là seules qui agissent sur les mobiles profonds de nos actes et de nos discours. Il ne saurait en être autrement pour les foules.

Mais lorsque, par des procédés divers, une idée a fini par pénétrer dans l’âme des foules, elle possède une puissance irrésistible et déroule toute une série d’effets qu’il faut subir. Les idées philosophiques qui aboutirent à la Révolution française mirent près d’un siècle à s’implanter dans l’âme des foules. On sait leur irrésistible force quand elles y furent établies. L’élan d’un peuple entier vers la conquête de l’égalité sociale, vers la réalisation de droits abstraits et de libertés idéales, fit chanceler tous les trônes et bouleversa profondément le monde occidental. Pendant vingt ans les peuples se précipitèrent les uns sur les autres, et l’Europe connut des hécatombes qui eussent effrayé Gengiskhan et Tamerlan. Jamais le monde ne vit à un tel degré ce que peut produire le déchaînement d’une idée.

Il leur faut bien longtemps, aux idées, pour s’établir dans l’âme des foules, mais il ne leur faut pas moins de temps pour en sortir. Aussi les foules sont-elles toujours, au point de vue des idées, en retard de plusieurs générations sur les savants et les philosophes. Tous les hommes d’État savent bien aujourd’hui ce que contiennent d’erroné les idées fondamentales que je citais à l’instant, mais comme leur influence est très puissante encore, ils sont obligés de gouverner suivant des principes à la vérité desquels ils ne croient plus.

§ 2. — LES RAISONNEMENTS DES FOULES

On ne peut dire d’une façon tout à fait absolue que les foules ne raisonnent pas et ne sont pas influençables par des raisonnements. Mais les arguments qu’elles emploient et ceux qui peuvent agir sur elles sont, au point de vue logique, d’un ordre tellement inférieur que c’est seulement par voie d’analogie qu’on peut les qualifier de raisonnements.

Les raisonnements inférieurs des foules sont, comme les raisonnements élevés, basés sur des associations ; mais les idées associées par les foules n’ont entre elles que des liens apparents d’analogie ou de succession. Elles s’enchaînent comme celles de l’Esquimau qui, sachant par expérience que la glace, corps transparent, fond dans la bouche, en conclut que le verre, corps également transparent, doit fondre aussi dans la bouche ; ou celles du sauvage qui se figure qu’en mangeant le cœur d’un ennemi courageux, il acquiert sa bravoure ; ou encore de l’ouvrier qui, ayant été exploité par un patron, en conclut immédiatement que tous les patrons sont des exploiteurs.

Association de choses dissemblables, n’ayant entre elles que des rapports apparents, et généralisation immédiate de cas particuliers, telles sont les caractéristiques des raisonnements des foules. Ce sont des raisonnements de cet ordre que leur présentent toujours ceux qui savent les manier ; ce sont les seuls qui peuvent les influencer. Une chaîne de raisonnements logiques est totalement incompréhensible aux foules, et c’est pourquoi il est permis de dire qu’elles ne raisonnent pas ou raisonnent faux, et ne sont pas influençables par un raisonnement. On s’étonne parfois, à la lecture, de la faiblesse de certains discours qui ont eu pourtant une influence énorme sur les foules qui les écoutaient ; mais on oublie qu’ils furent faits pour entraîner des collectivités, et non pour être lus par des philosophes. L’orateur, en communication intime avec la foule, sait évoquer les images qui la séduisent. S’il réussit, son but a été atteint ; et vingt volumes de harangues — toujours fabriquées après coup — ne valent pas les quelques phrases arrivées jusqu’aux cerveaux qu’il fallait convaincre.

Il serait superflu d’ajouter que l’impuissance des foules à raisonner juste les empêche d’avoir aucune trace d’esprit critique, c’est-à-dire d’être aptes à discerner la vérité de l’erreur, à porter un jugement précis sur quoi que ce soit. Les jugements que les foules acceptent ne sont que des jugements imposés et jamais des jugements discutés. À ce point de vue, nombreux sont les hommes qui ne s’élèvent pas au-dessus de la foule. La facilité avec laquelle certaines opinions deviennent générales tient surtout à l’impossibilité où sont la plupart des hommes de se former une opinion particulière basée sur leurs propres raisonnements.

§ 3. — L’IMAGINATION DES FOULES

De même que pour les êtres chez qui le raisonnement n’intervient pas, l’imagination représentative des foules est très puissante, très active, et susceptible d’être vivement impressionnée. Les images évoquées dans leur esprit par un personnage, un événement, un accident, ont presque la vivacité des choses réelles. Les foules sont un peu dans le cas du dormeur dont la raison, momentanément suspendue, laisse surgir dans l’esprit des images d’une intensité extrême, mais qui se dissiperaient vite si elles pouvaient être soumises à la réflexion. Les foules, n’étant capables ni de réflexion ni de raisonnement, ne connaissent pas l’invraisemblable : or, ce sont les choses les plus invraisemblables qui sont généralement les plus frappantes.

Et c’est pourquoi ce sont toujours les côtés merveilleux et légendaires des événements qui frappent le plus les foules. Quand on analyse une civilisation, on voit que c’est, en réalité, le merveilleux et le légendaire qui en sont les vrais supports. Dans l’histoire, l’apparence a toujours joué un rôle beaucoup plus important que la réalité. L’irréel y prédomine toujours sur le réel.

Les foules, ne pouvant penser que par images, ne se laissent impressionner que par des images. Seules les images les terrifient ou les séduisent, et deviennent des mobiles d’action.

Aussi, les représentations théâtrales, qui donnent l’image sous sa forme la plus nettement visible, ont-elles toujours une énorme influence sur les foules. Du pain et des spectacles constituaient jadis pour la plèbe romaine l’idéal du bonheur, et elle ne demandait rien de plus. Pendant la succession des âges cet idéal a peu varié. Rien ne frappe davantage l’imagination des foules de toutes catégories que les représentations théâtrales. Toute la salle éprouve en même temps les mêmes émotions, et si ces émotions ne se transforment pas aussitôt en actes, c’est que le spectateur le plus inconscient ne peut ignorer qu’il est victime d’illusions, et qu’il a ri ou pleuré à d’imaginaires aventures. Parfois cependant les sentiments suggérés par les images sont si forts qu’ils tendent, comme les suggestions habituelles, à se transformer en actes. On a raconté bien des fois l’histoire de ce théâtre populaire qui, ne jouant que des drames sombres, était obligé de faire protéger à la sortie l’acteur qui représentait le traître, pour le soustraire aux violences des spectateurs indignés des crimes, imaginaires pourtant, que ce traître avait commis. C’est là, je crois, un des indices les plus remarquables de l’état mental des foules, et surtout de la facilité avec laquelle on les suggestionne. L’irréel a presque autant d’action sur elles que le réel. Elles ont une tendance évidente à ne pas les différencier.

C’est sur l’imagination populaire qu’est fondée la puissance des conquérants et la force des États. C’est surtout en agissant sur elle qu’on entraîne les foules. Tous les grands faits historiques, la création du Bouddhisme, du Christianisme, de l’Islamisme, la Réforme, la Révolution, et, de nos jours, l’invasion menaçante du Socialisme, sont les conséquences directes ou lointaines d’impressions fortes produites sur l’imagination des foules.

Aussi, tous les grands hommes d’État de tous les âges et de tous les pays, y compris les plus absolus despotes, ont-ils considéré l’imagination populaire comme la base de leur puissance, et jamais ils n’ont essayé de gouverner contre elle. « C’est en me faisant catholique, disait Napoléon au Conseil d’État, que j’ai fini la guerre de Vendée ; en me faisant musulman que je me suis établi en Égypte, en me faisant ultramontain que j’ai gagné les prêtres en Italie. Si je gouvernais un peuple de Juifs, je rétablirais le temple de Salomon. » Jamais, peut-être, depuis Alexandre et César, aucun grand homme n’a mieux su comment l’imagination des foules doit être impressionnée. Sa préoccupation constante fut de la frapper. Il y songeait dans ses victoires, dans ses harangues, dans ses discours, dans tous ses actes. À son lit de mort il y songeait encore.

Comment impressionne-t-on l’imagination des foules ? Nous le verrons bientôt. Bornons-nous, pour le moment, à dire que ce n’est jamais en essayant d’agir sur l’intelligence et la raison, c’est-à-dire par voie de démonstration.

Ce ne fut pas au moyen d’une rhétorique savante qu’Antoine réussit à ameuter le peuple contre les meurtriers de César. Ce fut en lui lisant son testament et en lui montrant son cadavre.

Tout ce qui frappe l’imagination des foules se présente sous forme d’une image saisissante et bien nette, dégagée de toute interprétation accessoire, ou n’ayant d’autre accompagnement que quelques faits merveilleux ou mystérieux : une grande victoire, un grand miracle, un grand crime, un grand espoir. Il faut présenter les choses en bloc, et ne jamais en indiquer la genèse. Cent petits crimes ou cent petits accidents ne frapperont pas du tout l’imagination des foules ; tandis qu’un seul grand crime, un seul grand accident les frapperont profondément, même avec des résultats infiniment moins meurtriers que les cent petits accidents réunis. L’épidémie d’influenza qui, il y a peu d’années, fit périr, à Paris seulement, 5.000 personnes en quelques semaines, frappa très peu l’imagination populaire. Cette véritable hécatombe ne se traduisait pas, en effet, par quelque image visible, mais seulement par les indications hebdomadaires de la statistique. Un accident qui, au lieu de ces 5.000 personnes, en eût seulement fait périr 500, mais le même jour, sur une place publique, par un accident bien visible, la chute de la tour Eiffel, par exemple, eût au contraire produit sur l’imagination une impression immense. La perte probable d’un transatlantique qu’on supposait, faute de nouvelles, coulé en pleine mer, frappa profondément pendant huit jours l’imagination des foules. Or les statistiques officielles montrent que dans la seule année 1894, 850 navires à voile et 208 à vapeur ont été perdus. Mais, de ces pertes successives, bien autrement importantes comme destruction de vies et de marchandises qu’eût pu l’être celle du transatlantique en question, les foules ne se sont pas préoccupées un seul instant.

Ce ne sont donc pas les faits en eux-mêmes qui frappent l’imagination populaire, mais bien la façon dont ils sont répartis et présentés. Il faut que par leur condensation, si je puis m’exprimer ainsi, ils produisent une image saisissante qui remplisse et obsède l’esprit. Qui connaît l’art d’impressionner l’imagination des foules connaît aussi l’art de les gouverner.

P.-S.

Texte établi par PSYCHANALYSE-PARIS.COM d’après l’ouvrage de Gustave Le Bon, Psychologie des foules, Éd. Baillière et Cie et Félix Alcan, Paris, 1895

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