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Théophile Gautier

Spirite (VIII)

Nouvelle fantastique (1866)

Date de mise en ligne : mercredi 2 août 2006

Mots-clés :

Théophile Gautier, Spirite, Nouvelle fantastique, Éd. Charpentier, Paris, 1866.

VIII

Ce fut avec un vif sentiment de plaisir que j’entrai dans la chambre, ou plutôt dans le petit appartement que m’avait préparé ma mère pour ma sortie du couvent des Oiseaux. Il consistait en une chambre à coucher, un grand cabinet de toilette et un salon, dont les fenêtres donnaient sur un jardin, qui s’augmentait de la perspective des jardins avoisinants. Un mur bas, tout tapissé d’un épais rideau de lierre, servait de ligne de démarcation ; mais la pierre ne paraissait nulle part, et l’on ne voyait qu’une succession d’arbres antiques, de marronniers gigantesques, qui simulaient un parc illimité. À peine si, au dernier plan, l’oeil saisissait entre les touffes les plus lointaines l’angle d’un toit, le coude bizarre d’un tuyau de cheminée, signature que Paris appose au bas de tous ses horizons. C’est une satisfaction rare et réservée à la richesse que d’avoir devant soi, au milieu de la grande ville, un large espace vague et libre, de l’air, du ciel, du soleil et de la verdure. N’est-il pas désagréable de sentir trop près de soi d’autres existences, des passions, des vices, des malheurs, et la délicate pudeur de l’âme n’est-elle pas un peu froissée par ce voisinage immédiat ? Aussi éprouvai-je une vraie joie en regardant à travers mes fenêtres cette oasis de fraîcheur, de silence et de solitude. On était au mois d’août, car j’avais fini ma dernière année scolaire au couvent, et le feuillage conservait encore toute l’intensité de sa verdure, mais avec le ton plus chaud cependant que donne à la végétation le passage de l’été. Au milieu du parterre qui se dessinait sous mes croisées, un massif de géraniums en pleine floraison éblouissait les yeux de son feu d’artifice écarlate ; le gazon qui entourait cette corbeille de fleurs, tapis de velours vert en raygrass d’Angleterre, faisait valoir par sa nuance d’émeraude ce rouge plus ardent que le feu. Dans l’allée de sable fin, moirée comme un ruban avec les dents du râteau, les oiseaux sautillaient en toute confiance et avaient l’air d’être chez eux. Je me promis bien de m’associer à leurs promenades sans les faire envoler.

Ma chambre était tendue de cachemire blanc divisé par des câbles de soie bleue. C’était aussi la couleur des meubles et des rideaux. Dans mon petit salon décoré de la même manière, un magnifique piano d’Erard offrait son clavier à mes mains, qui essayèrent tout de suite sa moelleuse sonorité. Une bibliothèque en bois de rose, placée en face du piano, contenait ces livres purs, ces chastes poètes qu’une vierge peut lire, et ses rayons inférieurs abritaient les partitions des grands compositeurs : Bach y coudoyait Haydn, Mozart était à côté de Beethoven comme Raphaël auprès de Michel-Ange ; Meyerbeer s’appuyait à Weber. Ma mère avait réuni là mes admirations, mes maîtres favoris. Une élégante jardinière pleine de fleurs d’un parfum doux s’épanouissait au centre de la pièce comme un énorme bouquet. On me traitait en enfant gâté. J’étais fille unique, et toute l’affection de mes parents se concentrait naturellement sur moi.

Je devais faire mon entrée dans le monde au commencement de la saison, c’est-à-dire dans deux ou trois mois, à l’époque où finissent les villégiatures, les voyages, les séjours aux villes d’eaux et de jeux, les hospitalités de château, les chasses, les courses, et tout ce que la bonne compagnie invente pour user ce temps qu’il n’est pas décent aux gens comme il faut de passer à Paris, où quelques affaires, cette année-là, avaient retenu mes parents. Cela me plaisait plus de rester à la ville que d’aller dans le vieux château, assez triste, au fond de la Bretagne, qui me voyait arriver régulièrement aux vacances. Je pensais d’ailleurs que j’aurais des chances de vous rencontrer, d’entendre parler de vous, de me trouver avec des gens de votre connaissance ; mais j’appris d’une façon indirecte que vous étiez parti depuis longtemps pour un voyage en Espagne qui devait durer quelques mois encore. Vos amis, à qui vous écriviez rarement, ne vous attendaient pas avant l’hiver ; on vous prétendait pris, là-bas, aux réseaux de quelque mantille. Cela ne m’inquiétait guère, et j’avais, malgré ma modestie, l’amour-propre de croire que mes bandeaux d’or pourraient lutter contre toutes les nattes de jais de l’Andalousie. J’appris aussi que vous écriviez dans les Revues sous le pseudonyme latinisé d’un de vos noms de baptême, connu seulement de vos intimes, et que chez vous le parfait gentleman cachait un écrivain distingué. Avec une curiosité facile à comprendre, je cherchai à travers la collection des journaux tous les articles marqués de ce signe. Lire un écrivain, c’est se mettre en communication d’âme ; un livre n’est-il pas une confidence adressée à un ami idéal, une conversation dont l’interlocuteur est absent ? Il ne faut pas toujours prendre au pied de la lettre ce que dit un auteur : on doit faire la part des systèmes philosophiques ou littéraires, des affectations à la mode en ce moment-là, des réticences exigées, du style voulu ou commandé, des imitations admiratives et de tout ce qui peut modifier les formes extérieures d’un écrivain. Mais, sous tous ces déguisements, la vraie attitude de l’âme finit par se révéler pour qui sait lire ; la sincère pensée est souvent entre les lignes, et le secret du poète, qu’il ne veut pas toujours livrer à la foule, se devine à la longue ; l’un après l’autre les voiles tombent et les mots des énigmes se découvrent. Pour me former une idée de vous, j’étudiai avec une attention extrême ces récits de voyage, ces morceaux de philosophie et de critique, ces nouvelles et ces pièces de vers semées çà et là à d’assez longs intervalles et qui marquaient des phases diverses de votre esprit. Il est moins difficile de connaître un auteur subjectif qu’un auteur objectif : le premier exprime ses sentiments, expose ses idées et juge la société et la création en vertu d’un idéal ; le second présente les objets tels que les offre la nature ; il procède par images, par descriptions ; il amène les choses sous les yeux du lecteur ; il dessine, habille et colore exactement ses personnages, leur met dans la bouche les mots qu’ils ont dû dire et réserve son opinion. Cette manière était la vôtre. À première vue on eût pu vous accuser d’une certaine impartialité dédaigneuse qui ne mettait pas beaucoup de différence entre un lézard et un homme, entre la rougeur d’un coucher de soleil et l’incendie d’une ville ; mais, en y regardant de près, à des jets rapides, à des élans brusques, aussitôt arrêtés, on pouvait deviner une sensibilité profonde contenue par une pudeur hautaine qui n’aime pas à laisser voir ses émotions.

Ce jugement littéraire s’accordait avec le jugement instinctif de mon coeur ; et maintenant que rien ne m’est caché, je sais combien il était juste. Toutes les emphases sentimentales, larmoyantes et hypocritement vertueuses vous faisaient horreur, et, pour vous, duper l’âme était le pire des crimes. Cette idée vous rendait d’une sobriété extrême dans l’expression des pensées tendres ou passionnées. Vous préfériez le silence au mensonge ou à l’exagération sur ces choses sacrées, dussiez-vous passer aux yeux de quelques sots pour insensible, dur et même un peu cruel. Je me rendis compte de tout cela, et je ne doutai pas un instant de la bonté de votre coeur. Pour la noblesse de votre esprit, il ne pouvait s’élever la moindre incertitude ; votre dédain altier de la vulgarité, de la platitude, de l’envie et de toutes les laideurs morales la démontrait suffisamment. À force de vous lire, j’acquis une connaissance de vous, que je n’avais vu qu’une fois, égale à celle que m’aurait donnée une intimité de tous les jours. J’avais pénétré dans les recoins les plus secrets de votre pensée, je savais vos point de départ, vos buts, vos mobiles, vos sympathies et vos antipathies, vos admirations et vos dégoûts, toute votre personnalité intellectuelle, et j’en déduisais votre caractère. Quelquefois, au milieu d’une lecture, frappée d’un passage qui était pour moi une révélation, je me levais et j’allais au piano jouer, comme une sorte de commentaire de votre phrase, un motif de couleur et de sentiment analogues qui la prolongeait en vibrations retentissantes ou mélancoliques. Je me plaisais à entendre dans un autre art l’écho de votre idée ; peut-être ces rapports étaient-ils imaginaires et n’auraient-ils pu être saisis par d’autres que par moi, mais à coup sûr quelques-uns étaient réels ; je le sais à présent que j’habite à la source éternelle de l’inspiration, et que je la vois descendre en étincelles lumineuses sur les têtes de génie.

Pendant que je lisais celles de vos oeuvres que je pouvais me procurer, car le cercle d’action d’une jeune fille est si limité que la démarche la plus simple lui devient difficile, la saison s’avançait, les cimes des arbres se mordoraient des teintes safranées de l’extrême automne ; les feuilles, l’une après l’autre, se détachaient des branches, et le jardinier, malgré tous ses soins, ne pouvait empêcher le sable et le gazon d’en être à demi couverts. Parfois, lorsque je me promenais au jardin sous les marronniers, la chute d’un marron me tombant sur la tête comme une balle, ou roulant à mes pieds de sa capsule ouverte, interrompait ma rêverie et me faisait involontairement tressaillir. On rentrait dans la serre les plantes délicates et les arbrisseaux frileux. Les oiseaux prenaient cet air inquiet qu’ils ont aux approches de l’hiver, et le soir on les entendait se quereller à travers les ramures dépouillées de feuilles. Enfin la saison allait s’ouvrir ; le beau monde, le monde élégant, le monde riche revenait à Paris de tous les points de l’horizon. On recommençait à voir aux Champs-Elysées les voitures sérieuses à panneaux blasonnés monter lentement vers l’arc de l’Étoile pour profiter d’un dernier rayon de soleil. Le Théâtre-Italien répandait dans les journaux la liste de ses chanteurs, le programme de son répertoire, et annonçait sa prochaine ouverture. Je me réjouissais à cette idée que ce mouvement général de retour vous ramènerait d’Espagne, et que, las de gravir les sierras, vous auriez quelque plaisir à paraître dans les bals, les soirées, les réunions où j’espérais vous rencontrer.

En allant au bois de Boulogne avec ma mère, je vous vis passer à cheval près de notre voiture, mais si rapidement que j’eus à peine le temps de vous reconnaître. C’était la première fois que je vous apercevais depuis votre visite au couvent des Oiseaux ; tout le sang m’afflua au coeur, et je reçus comme une commotion électrique. Sous prétexte de froid, je baissai ma voilette pour cacher l’altération de mes traits, et je me rencognai silencieusement dans l’angle du coupé. Ma mère releva la glace et dit : « Il ne fait pas chaud, le brouillard commence à se lever, rentrons, à moins que tu ne veuilles continuer la promenade. » Je fis un signe d’acquiescement : j’avais vu ce que je voulais voir, je savais que vous étiez à Paris.

Nous avions un jour de loge aux Italiens. C’était pour moi une grande fête d’aller entendre ces chanteurs dont j’avais lu tant d’éloges, et que je ne connaissais point. Un autre espoir aussi me remuait doucement le coeur, et je n’ai pas besoin de vous le dire. Notre jour arriva. On donnait la Sonnambula, et la Patti devait chanter. Maman m’avait fait préparer une toilette simple et charmante convenable à mon âge : un dessous de taffetas blanc recouvert d’une robe de tarlatane avec des noeuds de perles et de velours bleu. Ma coiffure consistait en une bandelette de velours de même couleur, dont les bouts flottaient sur mes épaules, et qui était entourée d’une torsade de perles. Tout en me regardant au miroir de ma toilette pendant que la femme de chambre donnait la dernière main à son oeuvre, je me disais : « Aime-t-il le bleu ? Dans le Caprice, d’Alfred de Musset, Mme de Léry prétend que c’est une couleur bête. » Cependant je ne pouvais m’empêcher de trouver que ce ruban bleu faisait bien dans mes cheveux blonds ; si vous m’aviez vue, je crois que vous m’auriez aimée. Clotilde, la femme de chambre, en faisant bouffer les plis de ma jupe et en rajustant quelques noeuds à mon corsage, fit cette remarque, que « mademoiselle était bien jolie ce soir ».

La voiture nous déposa devant le péristyle, ma mère et moi ; mon père devait nous rejoindre plus tard, et nous commençâmes à monter lentement le grand escalier, dont les marches étaient couvertes d’un tapis rouge. Enveloppées dans une tiède atmosphère de vétiver et de patchouli, des femmes en grande toilette, dissimulée encore par les manteaux, les pelisses, les burnous, les écharpes, les sorties de bal, qu’elles allaient laisser aux mains de valets de pied, gravissaient les degrés, traînant après elles des flots de moire, de satin et de velours, et s’appuyant du bout des doigts aux bras d’hommes graves cravatés de blanc, et dont le frac noir portant à la boutonnière des brochettes de décorations annonçait qu’ils avaient l’intention d’aller, au sortir des Italiens, à quelque soirée officielle ou diplomatique. Des jeunes gens minces, sveltes, la raie au milieu des cheveux, et de l’élégance la plus correcte, suivaient à quelques pas, rattachés au groupe par un sourire.

Tout cela n’a rien de nouveau sans doute, et vous feriez ce tableau mieux que moi ; mais ce spectacle était neuf pour une petite pensionnaire qui faisait son entrée dans le monde. La vie est toujours la même ; c’est une pièce de théâtre dont seuls les spectateurs changent ; mais celui qui n’a pas vu la pièce s’y intéresse comme si elle était faite exprès pour lui, et à sa première représentation. J’étais gaie, je me sentais en beauté ; quelques lorgnons approbateurs s’étaient fixés sur moi, quelques femmes avaient détourné la tête, après m’avoir détaillée d’un rapide regard sans trouver rien à reprendre ni à ma personne ni à ma toilette.

Un secret pressentiment m’avertissait que je vous verrais ce soir-là. Cette espérance donnait à mes traits une légère animation et amenait sur mes joues un coloris plus vif qu’à l’ordinaire. Nous nous installâmes dans notre loge, et bientôt les lorgnettes se braquèrent sur moi. J’étais une figure nouvelle, et cela se remarque au Théâtre-Italien, qui est comme un grand salon où tout le monde se connaît. La présence de ma mère disait mon nom, et je compris à des têtes penchées l’une vers l’autre qu’on parlait de moi dans plusieurs loges, favorablement sans doute, car des sourires bienveillants suivaient les phrases chuchotées. Cela me gênait un peu d’être le point de mire des regards, et, décolletée pour la première fois, je sentais mes épaules frissonner sous la gaze qui les recouvrait de sa demi-transparence. La toile en se levant, car on avait fort négligemment écouté l’ouverture, fit se retourner les têtes vers la scène et mit fin à mon embarras. A coup sûr l’aspect de cette belle salle étoilée de diamants et de bouquets, avec ses dorures, ses lumières, ses blanches cariatides, m’avait produit un effet de surprise admirative, et la musique de Bellini, exécutée par des artistes de premier ordre, m’entraînait dans un monde enchanté ; mais pourtant le véritable intérêt du spectacle n’était pas là pour moi. Pendant que mes oreilles écoutaient les suaves cantilènes du maestro sicilien, mes yeux furtivement scrutaient chaque loge, parcouraient le balcon et fouillaient les rangs de l’orchestre afin de vous y découvrir. Vous n’arrivâtes que vers la fin du premier acte, et, la toile baissée, vous fîtes un demi-tour vers la salle, d’un air assez ennuyé et regardant vaguement les loges sans fixer votre lorgnette sur aucune. Vous aviez le visage bruni par six mois d’Espagne, et dans la physionomie une certaine expression nostalgique comme si vous regrettiez le pays que vous veniez de quitter. Le coeur me battait avec une force extrême pendant que vous faisiez cette rapide inspection, car un instant je crus que vos yeux s’étaient arrêtés sur moi ; mais je m’étais trompée. Je vous vis quitter votre place et reparaître quelques instants après dans une loge en face de la nôtre. Elle était occupée par une jolie femme très parée, dont les cheveux noirs, luisaient comme du satin et dont la robe d’un rose pâle se confondait presque avec le ton de chair de la poitrine. Des diamants scintillaient sur sa tête, à ses oreilles, à son cou et à ses bras. Sur le rebord de velours, à côté de ses jumelles, s’épanouissait un gros bouquet de violettes de Parme et de camélias. Au fond, dans la pénombre, on distinguait un personnage âgé, chauve, obèse, dont le revers d’habit cachait à moitié une plaque d’ordre exotique. La dame vous parlait avec un visible plaisir, et vous lui répondiez d’une façon détachée et tranquille, sans paraître autrement flatté de ses démonstrations plus qu’amicales. Le chagrin de ne pas avoir été remarquée de vous était compensé par la joie de sentir que vous n’aimiez pas cette femme aux yeux hardis, au sourire provocant, à la toilette étincelante.

Au bout de quelques minutes, comme les instruments commençaient à s’accorder pour le second acte, vous prîtes congé de la dame aux diamants et du vieillard à la plaque, et vous revîntes à votre place. La représentation s’acheva sans que vous tourniez la tête, et dans mon âme j’éprouvais comme un mouvement d’impatience contre vous. Je m’étonnais que vous ne deviniez pas qu’une jeune fille en toilette blanche, relevée d’agréments bleus, désirait fort être aperçue par le seigneur qu’elle s’était secrètement choisi. Depuis si longtemps je souhaitais me trouver dans le même endroit que vous ! Ce voeu était réalisé et vous ne vous doutiez même pas de ma présence ! Vous auriez dû, ce me semblait, ressentir un frisson sympathique, vous retourner, chercher lentement dans la salle la cause de cette commotion secrète, arrêter votre regard sur ma loge, porter la main à votre coeur et tomber en extase. Un héros de roman n’y eût pas manqué ; mais vous n’étiez pas un héros de roman.

Mon père, retenu par un grand dîner, ne vint qu’au milieu du second acte, et, vous apercevant à l’orchestre, il dit : « Guy de Malivert est là ; je ne savais pas qu’il fût revenu d’Espagne. Ce voyage nous vaudra force combats de taureaux dans la Revue, car Guy est un peu barbare. » Cela me faisait plaisir d’entendre votre nom prononcé par des lèvres paternelles. Vous n’étiez pas un inconnu dans ma famille. Un rapprochement était possible, facile même. Cette idée me consola un peu de l’insuccès de ma soirée. La représentation s’acheva sans autre incident que les pluies de bouquets, les rappels et les ovations de la Patti. En attendant sous le vestibule que le laquais vînt annoncer la voiture, je vous vis passer avec un ami et tirer un cigare d’un étui de fine sparterie de Manille. Le désir de fumer vous rendait insensible à cette exhibition de beautés et de laideurs, il faut le dire, étagées sur les dernières marches de l’escalier. Vous vous faufiliez à travers cet amas d’étoffes sans trop de souci de les froisser, et vous gagnâtes bientôt la porte avec votre camarade qui marchait dans le sillon ouvert par vous.

Revenue chez moi, à la fois heureuse et mécontente, je me couchai après avoir essayé distraitement quelques-uns des motifs de la Sonnambula, comme pour prolonger la vibration de la soirée, et je m’endormis en pensant à vous...

Voir en ligne : Lire la suite (Spirite IX)

P.-S.

Texte établi par PSYCHANALYSE-PARIS.COM d’après la nouvelle fantastique de Théophile Gautier, Spirite, Éd. Charpentier, Paris, 1866.

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