« Faisons avec le psychanalyste cette hypothèse : les immenses progrès de la civilisation sont en train de créer une économie psychique où se révèle d’abord un consensus social sur les comportements et une morale nouvelle. Et si nous sommes tous d’accord... plus de rebelles ou de marginaux et donc plus de subversion ?
– Sommes-nous en train de vivre une “véritable mutation” anthropologique, celle que décèlerait Melman entre autres, qui permettrait une liberté totale des moeurs ? Celle-là même que Freud, en 1929, appelait de ses voeux pour sortir la civilisation de son “malaise” névrotique ?
– On se demandera alors s’il y a là progrès pour la civilisation, lorsque cette exhibition exigée d’une jouissance perpétuelle apporte d’autres formes de souffrances et d’impossibilités, de “nouveaux symptômes” : fin du désir, dépression et mélancolie, “envies de rien”, violences et passages à l’acte délinquants… ? Serait-ce plutôt que nous sommes aujourd’hui “plus sujets” et donc “plus perdus” devant la complexité du monde ? » (Jérôme Game et Anne-Marie Picard-Drillien : Argumentaire de la série de séminaires « Entre Symptôme et Pharmakon : Sommes-nous au bord de la crise de nerfs ? », Fabula.org).