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Séminaire « L’acte analytique »

Introduction à l’acte

Séance du 9 Décembre 2004

Date de mise en ligne : samedi 12 février 2005

Auteur : Paul PAPAHAGI

Mots-clés :

Commentaire de l’introduction à « L’acte analytique » (Jacques Lacan, séance du 15 Novembre 1967).

S’il me reste du temps, à la fin de cet exposé introductif du séminaire de l’acte, je commenterai deux ou trois petits trucs concernant ma tentative d’écriture de la structure sur le nœud borroméen entamée l’année dernière. Car, comme une femme, la structure, on peut la prendre par les deux bouts : çui de la jouissance et çui-te du symptôme. Pour savoir y faire avec son symptôme, vous passerez une autre fois.

L’acte psychanalytique se révèle, pour Lacan, comme un étrange couple ...de mots, qui lui rappelle le terme couplé de l’acte sexuel qui l’avait occupé dans le séminaire sur la logique.

Comme la poésie, mais pas au même niveau, la psychanalyse fait quelquechose, puisque ce faire psychanalytique « implique profondément le sujet », dit Lacan. Ce qui le ramène à cette définition approximative de son a-vœux : « le transfert, c’est la mise en acte de l’inconscient. »

Il est d’une certaine évidence que nous rencontrons l’acte à l’entrée d’une psychanalyse. Ce qui l’est moins, c’est de qui est cet acte : du psychanalyste qui consent à cette effectuation de la cure ou du psychanalysant qui s’y engage. Ce qui est sûr par contre c’est que cet acte se situe hors cure, comme le dispositif dont parle la proposition du 9 Octobre 1967, visant le passage du psychanalysant au psychanalyste qui précède de peu cette leçon.

Et Lacan de nous rappeler que la décision d’entreprendre une psychanalyse comporte un certain engagement. Est- ce que cet engagement répond à un autre acte, celui par lequel un psychanalyste s’installe avec son corollaire que constitue l’inscription quelquepart : « Madame ou Monsieur Untel, psychanalyste ».

Est-il démesuré de parler de l’acte psychanalytique au même titre que de l’acte médical, à inscrire sous une certaine rubrique au registre de la Sécurité Sociale ? Est-ce que la loi juridique peut, comme c’est d’actualité, règlementer l’acte psychanalytique ? L’acte psychanalytique en quoi consiste-t-il ? Est-ce la séance, l’interprétation, le silence analytique, attendu que cet acte ne débouche pas sur la rédaction d’une ordonnance ?

Ces questions, pour pertinentes qu’elles soient, ne permettent guère, selon Lacan, d’avancer, de même que la théorie psychanalytique d’en parler est en peine de tracer la limite entre ce qui spécifie l’acte en question et l’action.

L’action, dont on parle beaucoup, est censée, comme référence, expliquer la pensée. La pensée, et là la référence à Freud est patente, constitue une ébauche d’action ou pour reprendre son terme une dégustation de l’action.

Et ne voilà-t-il pas qu’un lapsus de Lacan surgit dans ce rapport (Rappaport) entre la pensée et l’action. Eclairer la pensée par l’action implique une idée moins confuse sur l’action, en tant qu’elle suppose en son centre l’acte.

A ce point il est bon de rappeler que ce séminaire aura été castré (c’est le cas de le dire) de quelques séances que Lacan destinait à la Verleugnung (dont la traduction par déni laisse à désirer), par ce que Lacan a désigné comme l’émoi de Mai (les évènements de Mai 68), par solidarité avec l’action des étudiants qui aura très vite débordé l’Université, voire plus si affinités.

Identifier l’action à la motricité est une manière de se cramponner au siège dans la bien dite « cérémonie » de ceux qui entendent ne pas expliquer l’inférieur par le supérieur, mais vissé versant. Il s’agirait de partir de cet élémentaire mon cher Watson, pas de l’Arche de notre ami Christophe mais de l’arc réflexe ou circuit stimulus-réponse pour expliquer ad usum delphini l’Olympe de la pensée.

Que la réponse ne soit pas obligatoirement motrice est ce qui vous apparaîtra dans le futile de la suite, réponse que ça mouille, qui s’échappe du structuralisme de la plus stricte observance, mais j’anticipe.

Même dans cet arc réflexe, pour s’en tenir à lui ce qui est moteur peut rimer avec passivité de l’effet comme décharge de tension promue par une certaine énergétique psychanalytique à un stimulus intolérable (allusion sans doute à la théorie analytique de la crise d’épilepsie qui nous mènerait loin).

Une certaine psychanalyse se plaît à la recherche (non pas du temps perdu) mais de cet arche originelle d’où pensée et action étaient parties.

Pour me reposer de cet âpre travail de traducteur du propos de Lacan je vais vous servir telle quelle une citation d’icelui, histoire de vous faire mesurer l’écart : « Rien de ce qui se produit dans l’ordre de l’élaboration, si paradoxal que cela se représente à être vu d’un certain point, n’est pas pourtant sans nous laisser l’idée que quelque motivation est là pour soutenir le paradoxe, et que de cette motivation même, c’est là la méthode à quoi la psychanalyse ne manque jamais, de cette motivation nous pouvons tirer quelque fruit. » Avis aux traducteurs qui n’observent pas la trêve de Noel.

Tel le coin du burin le texte Freudien insère le système psychique entre le cuir et la chair de l’arc réflexe, et cela depuis l’Esquisse, marquant ainsi la place de la psychanalyse par rapport à la théorie psychologisante de l’appareil psychique. Car faire une homologie entre l’amibe et l’être parlant est une tentation contre laquelle Lacan met en garde l’impétrant.

La psychanalyse est donc invitée à s’opposer radicalement à cette conception boiteuse de l’acte, opposition que Lacan repère dès son acte de naissance. Même si la psychanalyse n’est pas un nourrisson, la question de l’existence du champ qu’elle ordonne avant son acte de naissance se pose. Mais si ce champ de l’inconscient préexistait, qui le savait ?

Rien de plus patent que la réalité préexiste à la connaissance. C’est là où différencier connaissance et savoir devient indispensable car savoir-faire et savoir-vivre naissent à un moment repérable. Est-ce que le champ de l’algèbre existait avant la manipulation de la lettre selon une logique formelle ? Notre amie Agnès Sofiyana, la dernière fois, nous a proposé son éclairage en nous faisant sentir que c’est de renoncer au sens au profit de la signification, montrant le réel caché derrière l’écran, qu’est à situer l’efficace du formalisme logique. Et c’est encore elle qui l’année dernière nous avait éclairé sur l’opération qui a permis à Cantor de toucher à ses trans finis. Etaient-ils déjà là de toute éternité à l’attendre ? Cette question est bien distincte de celle de l’antériorité de la réalité sur la représentation. Il s’agit d’une combinatoire à partir de la vérité qu’elle détermine avant que le savoir ne vienne.

De cette combinatoire un terme peut venir remplir la fonction du représentant de la représentation, traduction lacanienne de Vorstellungrepräsentanz, que représentant représentatif vient noyer le poisson heuristique de Freud. Les querelles de forme ne sont pas vaines et posent la question de savoir pourquoi certains se font les tenants d’une intention confusionnelle à une certaine place du champ psychanalytique.

Deux questions surgissent là. La première porte sur les rapports de la Vorstellungrepräsentanz avec S1 des quatre discours. Et qu’est-ce-qui fait que le symptôme ne fait pas partie pour Lacan des concepts fondamentaux ?

A ce point il rappelle la distinction qu’il avait faite dans les « problèmes cruciaux » entre ensemble issu de la mathématique et classe en usage depuis bien plus longtemps (petit clin d’œil à Agnès pour un futur travail). Preuve s’il en fallait de notre nouage borroméen dans ce travail de cartel.

C’est dans cette opposition subjective que la fonction de l’objet a prend toute sa valeur.

Paradoxalement c’est en partant de la référence physiologisante que Lacan espère éclairer avec une efficacité entière ce qu’il entend par acte psychanalytique.

Retour sur le réflexe tendineux pour s’étonner qu’on le qualifie d’automatique alors que la dimension de hasard manque, celle-là même qui est contenue dans la notion d’automaton.

Après un rappel de la valeur motrice du marteau, Lacan s’attaque à la valeur de signe du dit réflexe, encore plus de son absence qui prend une valeur positive de signe de lésion. Il se demande ce qu’une telle interrogation clinique traduit du désir du clinicien.

Plus loin, il attend d’une interrogation de l’idéologie pavlovienne des suggestions concernant la position analytique, ce qui paraît un comble à première vue.

Pavlov est engagé dans un projet matérialiste afin de combattre l’ordre de l’esprit. Si l’arc réflexe évoque à Lacan la référence organo-dynamique de son collègue mais néanmoins ami, Henri Ey pour ne pas le nommer, l’idéologie pavlovienne lui apparaît « mieux accomodée » à la question qui le préoccupe (l’acte psychanalytique) en ce qu’elle démontre la prise du signe sur une fonction.

Il rappelle ce qui traîne dans les manuels à savoir l’association du bruit d’une trompette (qui trompe énormément comme vous allez le voir) à la présentation d’un morceau de viande à un chat tigré (pour la fistule gastrique sans anesthésie je fais appel aux téméraires). La secrétion gastrique va persister malgré l’affamant retrait de la viande.

Lacan trouve l’entreprise pavlovienne éminemment correcte comme prise de quelque chose sur l’organisation vivante. C’est en ce que la trompette est inadéquate au tigre, malgré la Flûte Enchantée de Mozart, car détachée de tout objet de fruition, pour ne pas dire de jouissance (j’ignore si les brillants chercheurs du CNRS ont pensé à mesurer la jouissance du tigre « in situ »).

Fruit est le contraire d’utile, à ne pas confondre avec le futile de la suite. (Essayez de faire venir un lion de la savane avec la trompette d’Armstrong, vous m’en direz des nouvelles).

Pavlov lacanien qui s’ignore en voilà une bonne, nous démontrant par tigre bengalais interposé que le signifiant représente le sujet pour un autre signifiant.

La trompette de Pavlov qui le représente, lui Pavlov, pour la secrétion vaginale (n’en déplaise à Guy Massat adepte du clitoris) d’une tigresse en chaleur. Aussi incroyable que n’en plaise à Dieu, une tigresse en chaleur peut se mettre à mouiller pour Pavlov. Un sacré adultère dirait Madame Pavlova, moins endurante que Madame Freud.

Ce quelquechose de secret n’est rien d’autre que la prise du signifiant sur la substance jouissante (Lacan nous dit le champ du vivant ; reste à savoir si on arrive à tromper une plante avec un bout de bidoche - avis aux amateurs).

Conclusion de Lacan : « là où est le langage, il n’y a aucun besoin de chercher une référence à une entité spirituelle ».

Selon Lacan, Pavlov qui ne le sait pas, démontre que qu’il n’y a pas d’opération sur les signifiants sans sujet supposé et Lacan qui n’a pas froid aux yeux va jusqu’à supposer un certain amour de Pavlov pour sa tigresse à ne pas confondre avec l’amour de transfert, cela va de soi.

Il apparaît également que Monsieur Pavlov se passe entièrement de ce que pense la tigresse puisque avec sa trompette qui ressemble au piège à filles de Dutronc il frise le harcèlement sexuel. Heureusement pour Mr Pavlov que les tigresses de la jungle n’ont pas rencontré la jungle des avocats américains (Anne ne te sens surtout pas visée).

Il va de soi que Mr Pavlov ne vise aucun changement de nature de la bête qui restera après son expérience à l’état sauvage (sauf avec Mr Pavlov, qui sait ?)

La tigresse, je vous rassure, ne suit pas comme le chien vers un virage domestique si je puis dire. La question qui tracasse Lacan (et on peut se demander s’il a trouvé réponse à son désir), est si le chien sait qu’on parle.

Entre temps on a fait des progrès en matière de névrose animale, canine ou chatoyante, et des thérapeutes téméraires se sont lancés dans le traitement des maîtres de ces bêtes dont la névrose est patente. Pour ce qui est de la névrose des bêtes vous repasserez (même si des cas de lésions psychosomatiques chez les animaux de compagnie ne sont pas rares vu leurs fonctions).

Quand à Mr Pavlov et sa tigresse on peut dire qu’il reçoit son propre message sous une forme inversée. (Je vous ai caché jusqu’à présent que Mr Pavlov utilise pour son expérience un tigre mâle dominant ce qui est bien commode à son âge).

Et alors que Mr Pavlov voulait étudier la reproduction des félines, il obtient comme réponse l’action du jazz sur la muqueuse vaginale de la tigresse. Et une fois de plus Lacan fait plaisir à Monique l’épouse de son ami Levi-Strauss.

De sorte que Mr Pavlov par son expérience avec la tigresse obtient à son insu les bénéfices de la théorie lacanienne des rapports de l’être parlant avec le langage. (Et Lacan, bon prince, oublie les avocats américains à sa porte).

La visée de réduction « matérialiste » de la libre association montre de cette manière sa valeur symptomatique.

Comble d’œcuménisme l’idéologie pavlovienne obtient le satisfecit des autorités religieuses qui en savent quelquechose sur les vertus du filet de Pierre (à ne pas confondre comme dans l’expérience pavlovienne avec le filet mignon). Bel exemple de réduction du champ divin à Rome par rétrocession de reliques aux orthodoxes. Quant à l’œcuménisme on voit ce que ça donne pendant les élections en Ukraine même si on constate un certain œcuménisme américano-européen. Gare à Mr Poutine qui n’est pas loin d’incarner Zeus en prise avec l’Europe.

D’après Lacan, les débats théologiques sans aller jusqu’au fanatisme n’étaient pas sans produire des effets de vérité constatables à l’école et au lit.

Conclusion : les textes, plus ou moins bien lus contrairement à ce que pense un vain peuple sont loin d’être tous de poussière vêtus. Comme quoi pour citer Nacif « il n’y a pas de rapport texuel ».

Pour ce qui est des conséquences de la vérité il apparaît à Lacan que règne un certain œcuménisme entre la Fac de lettres et la Fac de sciences, qui s’il s’avèrait exact, pourrait donner des chercheurs plus inspirés qu’à l’obsidionnel CNRS - je précise que je n’ai pas de dents contre les chercheurs, contrairement à la tigresse de Mr Pavlov qui pouvait penser en venir aux griffes comme certains constructeurs de voitures.

Si des gens aussi savants que Gauss avaient encore le souci des effets de vérité de leur savoir passant à côté tel Freud et la cocaine de juteux prix Nobel, force est de constater que l’angoisse, telle les marchands, a été chassée du temple des laboratoires même si l’on trouve encore quelques virologues par-ci par-là pour avoir les foies.

Et si le développement de la science promet quelques crises d’angoisse on aura toujours le choix entre le psychanalyste et le prêtre formé à la secrétion de sens là où le psychanalyste se met en grève.

Malgré son prestige à la fac de sciences, l’idéologie pavlovienne se démontre futile comme un vase qui fuit et les tenants des sciences cognées se mettent à étudier les neurones de l’amour et du miroir comme j’ai pu le constater lors d’un week-end à Chantilly. Lacan s’est donc trompé, tout est dans le cerveau. Une illustre représentante de l’idéologie qui cogne est arrivée à son insu dans une étude sur l’autisme à une monstration de ce que le langage est de l’Autre et que chez tout le monde la parole commence par l’echolalie. Il n’y a donc pas que Lacan pour trouver son miel chez ses adversaires.

Pour conclure rien de mieux que de citer Lacan : « Si sur tout un champ il s’avère qu’il serait non pas futile, mais léger, de penser que ce savoir est déjà là à nous attendre avant que nous ne le fassions surgir, ceci pourrait être de nature à nous faire faire une tellement plus profonde remise en question. ...(...) Ce n’est pas la seule dimension à mettre en jeu, celle de l’ignorance, j’entends concernant les propres présupposés structuraux de l’instauration de l’expérience, il y a une dimension beaucoup plus originale.... » ( ?)

La tigresse de Pavlov il s’agit de la faire baver à moins que ce ne soit comme pour le message de Monique. Et puisque ça ne mange pas de pain, (c’est le cas de le dire)...essayez !

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