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L’inconscient et Le Livre noir (II)

L’inconscient, le vide et le devenir

Texte de l’intervention au Café « Lounge Bar » (24 novembre 2005)

Date de mise en ligne : samedi 14 janvier 2006

Auteur : Guy MASSAT

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Texte de l’intervention au Café « Lounge Bar » (1, Place de la Bastille), le jeudi 24 novembre 2005.

L’inconscient et Le Livre noir de la psychanalyse
Deuxième intervention (24 novembre 2005)

Merci d’être venu. Merci pour votre courage. Merci pour votre courage car, l’inconscient ça fait peur. Il se pourrait bien même que le mot inconscient, ce signifiant, dès qu’on l’interroge, ou que simplement on le prononce, ait des effets de sens perturbateurs qui détermineraient, à notre insu, des comportements de rejet. L’inconscient nous fait peur car l’inconscient c’est comme l’ananké des Grecs, le destin, la nécessité, à laquelle sont soumis sans exception tous les êtres vivants, les dieux comme les hommes, « nul vivant ne peut s’y soustraire », explique Freud, dans « Au-delà du principe de plaisir ». L’inconscient nous fait inconsciemment peur. Pourquoi ? parce que dans l’inconscient : nous ne sommes pas, nous dit Lacan. Dans le conscient nous-sommes, plus ou moins tranquille ou avec une certaine intranquillité diffuse, mais nous sommes. Par contre dans l’inconscient nous ne sommes pas. L’inconscient c’est « Je ne suis pas ». C’est que pour l’inconscient le conscient n’est qu’un fantasme, et fantasme a pour racine fantôme. Personne n’aime être réduit à l’état de fantôme. Dans « La logique du fantasme » Lacan sépare l’inconscient du ça. Avec le ça nous pouvons dire : « je ne pense pas » et, comme vous pouvez le penser, « je ne pense pas » reste encore une pensée.

Ainsi, le ça pense, le ça parle, le ça imagine, le ça désire. On peut très bien s’en arranger. En revanche, l’inconscient c’est : « je ne suis pas ». Je ne suis pas mon corps, je ne suis pas mon esprit, je ne suis pas mon ça. Si je ne suis pas ce que je suis, je ne suis rien pour le conscient. Je passe tel un fantasme. Je passe avec l’inconscient continuellement à l’extérieur de ce qui m’englobe. Et là, tout le monde a peur. C’est normal. On veut bien ne pas penser mais « ne pas être » nous terrifie. Qui voudrait à ses propres yeux cesser d’exister ? Même Achille aux enfers, lui qui a connu la renommée la plus grande, dit qu’il préférerait « être un gardien de vaches, au service d’un pauvre fermier qui n’aurait quasiment rien à boire et à manger » plutôt que de ne pas être. Même celui qui se suicide ne le fait, en toute rigueur, que pour sauver son être. « Adieu humanité cruelle », ma mort montre que par delà toi, je suis mieux que toi, c’est-à-dire un être beaucoup plus être que toi. Mieux vaut être un lion mort, qu’un chien vivant.

L’inconscient c’est l’ordre du devenir et l’être c’est l’ordre du conscient.

Que sommes-nous si nous ne sommes pas ? Nous sommes du devenir. Si je ne suis pas, je deviens, mais je deviens quoi ? « Deviens ce que tu es » dit Pindare, c’est-à-dire du devenir. Mais si je deviens je ne suis pas, je suis personne, je suis vide, je suis rien, je suis non-né, disparu depuis toujours. Vous connaissez les dernière paroles de Lacan sur son lit de mort. Elles illustrent le séminaire de toute sa vie - Il a dit au moment de mourir : « je suis obstiné, je disparais ».

Il suffit, utilisant les trous de nos organes sensoriels, de toucher, de goûter, de sentir, de voir, d’entendre le devenir pour échapper à l’emprise de l’être, à l’intégration stressante de la conscience. Vous vous souvenez, la dernière fois, nous avons essayé, nous avons commencé à montrer que si l’on abordait les concepts de la psychanalyse à partir de l’être nous ne les comprendrions pas, pire, nous les comprendrions de travers. C’est ce tsunami qui a frappé de plein fouet les auteurs du Livre Noir. En revanche les concepts de la psychanalyse sont beaucoup plus faciles d’accès si on les visite avec la perspective du devenir.

Comment en effet comprendre les résistances, les pulsions et le destin des pulsions à partir de l’être statique de la conscience ? (Ceux qui ne sauraient pas ce que sont les résistances et les pulsions pourront nous interroger à la fin de la conférence). Comment comprendre la dynamique pulsionnelle de la sexualité infantile figurée par Œdipe et Narcisse dans le cadre rigide de la conscience. Le désir est la cause de la souffrance. C’est vrai. Mais le désir est aussi le moyen de s’en libérer, c’est ce qu’apprend la pratique de la psychanalyse.

Le désir de « n’être pas » libère du désir-cause de la souffrance dans les trois catégories de l’existence, l’être, l’avoir et le faire. L’inconscient qu’est le « je ne suis pas » est le désir libérateur. Par contre, la logique du conscient, plus que toute autre discipline, est assujettie à une exigence totalitaire, intégratrice, réductrice et perverse.

Il n’y a qu’une loi pour la psychanalyse c’est celle de la parole. Considère-t-on, ou non que les symptôme parlent, qu’ils disent quelque chose au-delà d’eux-mêmes, dans une sorte de psychamythologie ? (Mythologie est composé de deux mots grecs qui signifie chacun parole, muthos et logos). Tout va se jouer là-dessus. Si Freud a privilégié la mythologie grecque c’est parce qu’elle est la moins mystique de toutes. Freud a abandonné la théorie du traumatisme sexuel (dans le conscient), sa « Neurotica », en faveur de la dynamique pulsionnelle dont la mythologie grecque présente une profusion de modèles. Chaos est le logarithme de l’inconscient. C’est le logarithme de un qui égale zéro. Logos, c’est la parole, rithmos, c’est le nombre. Nombre et nommer ont la même étymologie. Déjà Galilée disait : « Il n’y a pas de repère absolu ». Il n’y a pas de point de vue de tous les points de vues possibles.

Excepté, comme on l’a vu, pour Borch-Jacobsen qui pense, comme les quarante auteurs du Livre Noir, détenir la vérité de la vérité sur la vérité de la psychanalyse. Mais ce sont quarante auteurs qui ne parlent que pour oublier qu’ils parlent. Le principe de la relativité einsteiniènne démontre plus symboliquement encore, qu’il n’y a pas de point de vues de tous les points de vues possibles. De plus, en suivant cette fois l’inconscient, nous pouvons dire qu’il n’y a même pas de point. S’il n’y a pas de point, il n’y a pas de ligne puisque Euclide nous apprend que la ligne n’est que le flux du point. Et s’il n’y a pas de ligne il n’y a pas de forme. Et s’il n’y a pas de forme il n’y a que du langage qui pointe. Il n’y a d’autre point que le langage qui pointe.

Et c’est encore Euclide qui le dit : « le un (ou le point), c’est ce par quoi une chose peut être dite une ». C’est le dire qui accélère la catastrophe des choses en les ralentissant, comme le montre « la théorie des catastrophes » de René Thom : des phénomènes discontinus apparaissent continuellement au milieu de phénomènes continus.

Je crois comprendre ce professeur américain de littérature comparée, ce cracheur de mauvaises querelles qui veut pulvériser l’œuvre freudienne. Au cours de ses études consciencieuses il a constitué des casiers d’acier dans lesquels il classe les auteurs, selon un ordre clairement convenu. Il a pour modèle de classification idéale cet instrument, qui n’est plus tout à fait moderne, qu’est l’ordinateur fondé sur la logique binaire, la logique du tiers exclu, indispensable dans le conscient. Mais dans l’inconscient il n’y a pas de tiers exclu, et c’est ce discontinu qui provoque régulièrement le chaos dans le conscient par l’apparition de catastrophes.

Alors, pour Borch-Jacobsen, où placer Freud, ce chaos pernicieux qui raconte qu’on ne dit pas ce qu’on dit ? Le viennois a bien écrit quelque 7000 pages. Mais de quoi s’agit-il ? Ce n’est pas, en toute rigueur, de la science puisque son objet, l’inconscient, est insaisissable, et ce n’est pas de la littérature. Ce n’est pas un théologien. Ce n’est pas un médecin : il affirme qu’on doit cesser d’être médecin si on fait de la psychanalyse. Ce n’est pas un psychologue scientifique et ce n’est pas un philosophe puisqu’il parle de quelque chose qui enfin n’est pas l’esprit. On ne peut le situer nulle part. La littérature, enfin la vraie littérature, qui est en prise directe sur l’inconscient, semble, par son dynamisme créateur, échapper à ce professeur de littérature comparée. Comment se montre -t-il si fermé ? C’est le mot « comparé », sans doute, qui l’a perverti. Il doit le prendre plus dans le sens d’une similitude statique que dans celui de différence, de la dynamique du différant, avec un a, comme le voulait Derrida. Car en fait, en littérature on ne peut rien comparer, chaque auteur est unique ou quand on le compare c’est comme si on le castrait de son talent, ou s’il est malheureusement comparable c’est qu’il est consensuel, c’est-à-dire sans talent. Tous les livres ne sont-ils pas après tout qu’un certain désordre de l’alphabet ? Mais notre professeur, terrifié par le chaos, ne veut pas voir le monde changer, il rejette la perspective du devenir.

Alors, pour lui, l’incomparable Freud, puisqu’il n’est référable à rien est quelqu’un qui n’existe pas. Pourtant, la substance qui n’existe plus pour la physique quantique n’est pas un nihilisme mais au contraire la possibilité de prodigieuses technologies. L’être que Heidegger écrit barré d’une croix est, d’une manière ou d’une autre, la source de toute la pensée moderne. - Heidegger, soit dit en passant, qu’on veut interdire dans les université, nous rapporte l’historienne Roudinesco. - Car de ce qui n’existe pas, le non-être, la bonne conscience nous impose de ne rien dire ni penser. C’est bien ce qu’on nous a suriné depuis 2500 ans, et c’est ce à quoi s’en tiennent les auteurs du Livre Noir. Ainsi, on ne discute ni avec Freud ni avec Heidegger. C’est un peu comme les femmes battues, pendant longtemps la bonne conscience a jeté un voile pudique sur cette réalité, ou encore les gros mots, pourquoi ne peut-on les dire puisqu’ils existent ? demandent les enfants.

Les racines de l’ethnocentrisme, de la xénophobie et du chauvinisme puisent toujours leur forces dans les idées d’épuration, de purification, et ce que nous ne voulons pas voir dans un sens ou dans l’autre, nous le vouons aux gémonies : Gemonae scalae, l’escalier des gémissements où l’on exposait autrefois à Rome les cadavres des condamnés après leur strangulation, avant de les jeter dans le Tibre, fleuve dont l’attribut cependant était la corne d’abondance. Ce qui montre assez, me semble-t-il, que tout ce qui meurt peut renaître de sa propre destruction.

Un détail, aujourd’hui, à la Fnac, les séminaires de Lacan sont les livres qui sont les plus volés, c’est pourquoi on ne les laisse pas en rayon, il faut les demander. Le vendeur les tient cachés sous son comptoir. Les voleurs n’en connaissent pas toujours le prix peut-être, mais ils en connaissent bien la valeur, me semble-t-il. On raconte que Jean Genet s’était fait arrêté pour avoir volé un livre. « Vous connaissez le prix de cet ouvrage, lui demanda le policier. Non, répondit Jean Genet mais j’en connais bien la valeur ». Le Livre Noir de Jacobsen, en revanche, personne, à ma connaissance, ne l’a encore volé.

L’analyse n’est pas une chose, c’est une praxis. Les voleurs des séminaires de Lacan sont des voleurs de feu comme ceux dont nous parlions la dernière fois.

Bien sûr, Heidegger n’est pas Freud et Freud n’est pas Heidegger, mais ils relèvent tous deux d’une rupture essentielle avec les conceptions du monde qui les ont précédés, rupture comparable, sans doute, à celle que fut l’apparition dans l’histoire de la pensée grecque et de son alphabet phonématique.

La dernière fois, avons-nous souligné le thème général du Livre Noir : démontrer que Freud est un charlatan, un escroc, un menteur, un imposteur et un voleur d’idée. Aujourd’hui nous verrons, avec, Hans Israël, l’auteur du « Charlatan de Vienne », professeur de psychologie judiciaire à l’université de Maastricht, comment, selon lui, Freud quant à la psychanalyse, est un menteur puisqu’il a tout d’abord menti à propos de ses réussites obtenues avec la cocaïne. Puis, avec Patrick Mahony, membre de la Société royale de psychanalyse du Canada, se disant psychanalyste - mais, une psychanalyse justement sans inconscient freudien - comment Freud fut, avec sa fille Anna, rien de moins qu’un violeur incestueux.

Ce sont évidemment des sophismes, mais qui veut noyer son chien n’hésite pas à l’accuser de la rage.

L’historienne Élisabeth Roudinesco, dans un article de protestation (L’Express du 05 octobre 2005), qualifie de « révisionnistes » les auteurs du Livre Noir. Le « révisionnisme » est un mot terrible. Il désigne une position idéologique niant l’existence de faits réels, comme les camps d’extermination et les chambres à gaz durant la dernière guerre. Mais en mémorialiste bien informée, Élisabeth Roudinesco nous rappelle ce point important : Ce sont les historiens américains ayant entrepris la négation systématique de l’œuvre de Freud, qui se sont intitulés eux-mêmes « révisionnistes ». Ce sont les mêmes qui cherchent à interdire à l’université l’enseignement de l’œuvre de Heidegger.

Vous vous souvenez des quelques citations que nous leur avions opposées la dernière fois. D’abord de Freud :

1) « Il est indispensable de cesser de surestimer la conscience » (IR, p. 520).

2) « Les activités de pensée le plus compliquées et les plus parfaites peuvent se dérouler sans que la conscience y prennent part » (IR, p.504).

3) Tout le psychisme est inconscient : « L’inconscient est le psychisme lui même » (IR, p. 520)

Et en suite de Lacan :

1) « L’inconscient freudien n’a rien faire avec les formes dites de l’inconscient qui l’ont précédées » (Les Quatre concepts).

2) « Au niveau de l’inconscient (freudien) il y a quelque chose en tous points homologue à ce qui se passe au niveau du sujet (conscient) - ça parle, et ça fonctionne d’une façon aussi élaborée qu’un niveau conscient, qui perd ainsi ce qui paraissait son privilège » (Les Quatre, p.27).

Rappelons, encore une fois, ce qu’enseigne Freud : la division, la séparation de nature, la bifurcation irréductible et créatrice entre l’inconscient et le conscient.

Faute de prendre cette dualité au sérieux, on entre dans les confusions plus ou moins stupides des auteurs du Livre Noir.

Donc, Hans Israël, professeur de psychologie judiciaire, veut nous montrer que Freud est un escroc. Ce qu’avance Freud de la psychanalyse n’est pas recevable pour la raison que ce qu’il rapportait de ses expériences avec la cocaïne s’est révélé être faux.

« Qu’est-ce qui nous fait croire que la psychanalyse dit vrai ? nous écrit Hans Israël, son efficacité ? Le fait que certaines personnes aillent mieux grâce à elle ? » ... « Dans la plupart des cas, nous ne pouvons pas contrôler... ». Il a raison. Comment contrôler ce qui ne repose que sur le langage. Si je vous dis que j’ai froid, par exemple, vous pourrez toujours arguer qu’il fait trente degrés au baromètre, ça ne m’empêchera pas de ressentir le froid. Vous pourrez me dire que je suis malade, et je pourrai vous répondre que je me sens très bien, à part que j’ai froid. C’est moi qui ressens le froid et personne d’autre. Ce n’est que ma parole, je peux vous la dire, mais je ne peux pas vous la prouver.
 Puisque vous ne pouvez pas le prouver, nous dirait alors Hans Israël, donc vous n’avez pas froid.

Mais Hans Israël utilise un argument beaucoup plus sournois et fallacieux pour montrer que Freud est un escroc. Il va montrer que lorsque Freud, alors âgé de 28 ans, a réalisé quelques expériences avec la cocaïne il a présenté comme « succès éclatant une thérapie désastreuse ». « Un chercheur qui communique ses résultats de cette manière ne mérite pas d’être pris au sérieux. Il peut être qualifié d’escroc ». Et voici le raisonnement de Hans Israël : comme Freud s’est trompé sur la cocaïne et a donc menti, - ayant prouvé que c’est un menteur, et en vertu de l’être qui ne change pas -, il ment aussi pour tout le reste, et tout spécialement sur la psychanalyse.

Hans Israël se garde bien de replacer les choses dans leur contexte et de parler de tous les chercheurs qui mettaient à l’époque leurs espoirs thérapeutiques dans la cocaïne. La cocaïne en ce temps là était vendue en pharmacie sans ordonnance. Le célèbre coca-cola en contenait ainsi que le non moins célèbre vin tonifiant Mariani : « Coca du Pérou » annonçait-il sur son étiquette. Lorsque la médecine s’aperçut des méfaits de la cocaïne et qu’elle fut interdite, le vin Mariani essaya de rester un vin « tonifiant » sans cocaïne. Mais ça ne marcha pas. Le soda Coca-cola, en revanche prit le tournant avec succès que l’on sait. Les écrits sur la cocaïne dans l’histoire du XIXème siècle se trouvent dans le livre de Robert Byck (PUF). On y trouve non seulement ce qu’en dit Freud mais aussi les espoirs et les déconvenues de la plupart des chercheurs importants dans ce domaine.

Le mauvais Freud, le jeune psychopharmacologue, fut bien évidemment convaincu de son erreur et de ses faux résultats. Mais puisqu’il s’est trompé, puisqu’il a menti sur les bienfaits de la cocaïne, il ne peut que se tromper et mentir sur la cure par la parole. Voilà l’argument de ce psychologue judiciaire pour démontrer que Freud est un escroc. Ne lui faudrait-il d’autres arguments ? En tout cas celui-ci ne tiendrait pas devant un tribunal. Si son raisonnement est facile à réfuter, il n’en est pas pour autant dénué d’effets pervers. Calomniez, calomniez, n’importe comment, il en restera toujours quelque chose...

Voici maintenant ce que dit contre Freud Patrick Mahony. Il accuse Freud, qui a osé prendre sa propre fille en analyse, de l’avoir entraînée, je cite, « dans un traitement incestueux et impossible »... « Freud opérait sur sa fille, affirme-t-il, un processus de séduction iatrogène et de viol ». Et comme Anna Freud, devenue à son tour psychanalyste, eut à déplorer la mort, par overdose de médicaments, d’une de ses patientes, Mahony conclut triomphalement son article par ses mots, chefs d’œuvre de la pensée unique : « Une aussi malheureuse anecdote semble confirmer la morale de la Bible qui veut que les péchés de parents reviennent hanter les générations suivantes ».

Mahony ignore, ou fin d’ignorer, le principe freudien fondateur : la séparation irréductible entre le conscient et l’inconscient. L’inceste pour la psychanalyse relève fondamentalement de l’inconscient. Il n’a rien à voir avec l’inceste dans la réalité qui relève de la sociologie et donc du conscient. L’œdipe comme le narcissisme n’illustrent que la sexualité infantile dans l’inconscient. En quoi Freud ne pourrait-il pas expliquer et enseigner la psychanalyse à sa fille ? Il lui a fait suivre ce qu’on appelle une analyse didactique. Il lui a enseigné la méthode de la cure par la parole. La psychanalyse ne peut s’apprendre, en effet, qu’en pratiquant sur soi-même sa propre analyse. L’analyse d’Anna Freud ne fut en aucun cas comme le prétend Mahony « une mise en scène de l’Œdipe joué d’un côté comme de l’autre du divan », à moins bien évidemment de confondre le conscient et l’inconscient. Et dans ce cas toute séance psychanalytique ne serait qu’une scène incestueuse.

Mahony souffre de daltonisme, comme les quarante auteurs du Livre Noir. Vous me direz, peut-être, tout ça n’a guère d’importance, c’est de la fumée pour ceux qui ont fait l’expérience de la psychanalyse ? C’est vrai, mais je vous répondrai qu’il importe cependant de souligner ces contresens ridicules, parce que selon l’adage moderne : la fumée nuit gravement à la santé. C’est écrit pratiquement partout.

Quant à l’inconscient, il est heureux, c’est même ça définition, puisqu’il n’est autre que l’expansion de sa nouveauté. Il peut se maintenir, se répéter ou se renouveler. Cependant, il ne se réduit qu’au langage. L’étonnant n’est pas sa béatitude, comme dit Lacan, mais bien plutôt qu’il bondisse hors de lui-même. Opposé à la tristesse, il se qualifierait de « gay sçavoir ». Gai vient de la langue de troubadours et du gotique gaheis qui signifie « impétueux » et « libre ». Exemple : « un cheval gai » désignait un cheval « sans bride ni harnais » ; « Avoir l’ouïe gaie », c’était entendre, comprendre facilement. En français c’est être animé par une disposition heureuse et vive. Le mot définit aussi les choses qui marquent la gaieté ou qui l’inspirent , comme on dit « avoir le vin gai », avoir l’inconscient gai, ce qui arrive après l’analyse.

Freud, dans « Analyse finie et infinie » nous dit que l’analyse s’est acquittée de sa fonction lorsqu’elle a permis au sujet : « de se convaincre de façon certaine de l’existence de l’inconscient », sinon l’analyse n’est pas finie. L’analyse a accomplie sa fonction quand « elle lui a permis d’acquérir sur lui-même, grâce à l’émergence du refoulé, des notions qui, sans l’analyse, resteraient incroyables ».

C’est bien là ce que Freud a enseigné à sa fille comme aux autres. Dans l’état actuel de nos connaissance, Freud n’a pas violé sa fille.

L’analyse de l’inconscient est une praxis qui n’a pour but, au-delà du besoin et de la demande, que la satisfaction de ce « gay sçavoir » qu’est l’inconscient.

La conscience est la frontière du réel, et le réel c’est l’inconscient. La vérité est toujours ailleurs que dans le conscient, c’est-à-dire dans l’inconscient. L’inconscient est ce qui rassemble les psychanalystes tout en les dispersant selon leur style.

La mémoire dans le conscient ne cherche qu’à se conforter dans ses limites, alors que dans l’inconscient elle est infinie. C’est dans la dimension de l’inconscient qu’on appelle la mémoire la mère des muses. La Titane Mnemosyne, la mémoire, est seule, dit la mythologie, capable de modifier le temps, de changer le passé, le présent et l’avenir. C’est ce que peut faire aussi la psychanalyse, du moins elle peut changer le sens du passé, du présent et de l’avenir de manière favorable. Dans le conscient, comme le remarque Claudel, la mémoire ne s’occupe qu’à ne point parler.

Les questions

La dernière fois il a été posé la question suivante : « L’inconscient est-il transmissible ? »

Ma réponse est que l’inconscient est une transmission spéciale en dehors des écritures, sans aucune dépendance à l’égard des mots et des lettres. Et cela ne peut se passer que sur le divan de l’analyste.

La même personne, professeur de mathématique, m’a signalé cependant que ma manière de parler du théorème de Godel sur l’incomplétude, le théorème d’incomplétude, risquait de me décrédibiliser vis-à-vis des scientifiques car la notion « d’espace complet » est une notion très complexe qui n’a rien à voir avec le sens commun de « complet ». Mais c’est exactement ce que je souhaite faire, décrédibiliser le sens qu’on nous dit être le sens commun : Il n’y a pas de sens commun, en tout cas il n’y a pas que le sens commun heureusement.

Le conscient est forcément fermé comme le sens commun, tandis que l’inconscient est ouvert. Je me trouve donc tout à fait en phase avec le grand mathématicien si, pour lui, le mot complet ne signifie pas complet. C’est que l’incomplet précède le complet et le dépasse. Il s’agit de cette révolution conceptuelle qui consiste à considérer les termes négatifs comme antérieur aux termes positifs, comme on dit Nirvana, chez les bouddhistes qui ont justement inventé le zéro. Nirvana, c’est le non-être qui précède et dépasse l’être. Le nirvana, l’extinction, est le feu lui-même. Le Réel, ou devenir, c’est un feu capable de brûler les inhibitions où se bloquait l’avenir. Le feu brûle de son extinction, comme le devenir, sa flamme n’est jamais la même. Ce que la pensée occidentale a du mal à saisir puisqu’elle est fondée exactement sur l’inverse, sur l’être et non pas le devenir en tant que tel.

D’où le mot de Lacan :

« L’inconscient échappe tout à fait à ce cercle de certitudes en quoi l’homme se reconnaît comme moi » (« Le Moi... », p.16). Et enfin, pour sortir du XXème siècle : « La psychanalyse n’est pas un humanisme » (« Le Moi... », p. 83)

Autre question ? « Et Dieu dans tout ça, Dieu est-il l’inconscient ? »

Une réponse de Lacan se trouve dans les Quatre concepts de la psychanalyse (p. 58) :

Lacan nous dit :
 « La véritable formule de l’athéisme, n’est pas que Dieu est mort - même en fondant l’origine de la fonction du père sur son meurtre, Freud protège le Père - la véritable formule de l’athéisme c’est que Dieu est inconscient ».

L’être des êtres ne saurait être inconscient. Mais on peut le considérer comme le représentant représentatif de la foi. La foi, comme le Réel ou l’inconscient, n’a besoin d’aucune raison. Elle est sans fissure. Elle n’a besoin d’aucune preuve. Les preuves c’est bon pour le conscient. Donc le conscient ne peut avoir une foi infaillible puisqu’il a besoin de preuves. D’ailleurs Saint Paul nous dit : « la foi passera quand nous verrons Dieu ».

Quand ils aurons la preuve par la vue, les croyants n’auront plus besoin de la foi. Comme l’a vu Blanchot : « la foi en rien (comprenons « rien » comme étant l’inconscient puisque rien n’est aucune chose), la foi en rien est la plus inébranlable des fois ».

L’interrogation du conscient porte toujours sur « qui parle au-delà de l’Autre ? ». C’est là où la réponse traditionnelle situe le Nom du Père. Si la cure analytique permet la mise en place du Nom-du Père, sa fonction, soutient Lacan, est d’amener le sujet à pouvoir sans passer. Puisque pour devenir il faut aussi savoir revenir sur les choses pour les faire devenir en les utilisant.

Les quatre éléments peuvent être conçus comme ayant un cinquième qui est le centre. Ce centre c’est la quintessence. Les croyants s’identifient à cette quintessence comme le font les Hébreux. Mais le centre est le vide et non pas quelque chose, même si, puisque ce n’est rien, l’on peut s’en servir comme on voudra. Pour revenir au désir cela ressemble, dans le sexe féminin, aux carré des petites lèvres dont le centre est le trou vaginal. C’est, en fait, la question des « Noms-du-Père », le fameux séminaire que Lacan, en 1963, n’a pas pu tenir. On aura l’occasion de reparler de cette « excommunication ». Je me contenterai de faire simplement remarquer pour conclure sur cette question une anagramme curieuse, en français : Vide, si l’on suit la spirale des lettres d, i, e,v, est l’anagramme de Dieu. Dieu est le prête-nom du vide. Dieu serait-il ce qu’on arrive pas à refouler ?

Je voudrais signaler encore que dans la traduction espagnole du même séminaire, le séminaire XI, ce même passage est traduit ainsi : « Dieu est tout ce qu’on appelle inconscient ».

Dans le conscient bien sûr, le valet de cœur ne peut pas battre les as, c’est la règle des cartes. Même Dieu ne peut rien y faire, fait-on constater. Pourtant, avec l’inconscient, chose impossible, le valet de cœur peut battre les as.

On raconte que des savants avaient construit un super ordinateur qui pouvait répondre à toutes les questions qu’on lui posait. Les savants lui ont donc demandé : Dieu existe-t-il ? Et l’ordinateur a répondu : Oui, maintenant il existe ! Ce qui définit Dieu comme conscient.

Einstein disait : « Dieu ne joue pas au dés ». À quoi Niels Bohrs rétorquait :
 « Qui êtes vous pour savoir à quoi Dieu peut ou ne ne pas jouer ? ». Comme disait Descartes, Dieu pourrait faire que les idées ne soient pas éternelles, que un plus un de fassent pas deux. Mais comme le fait remarquer Sartre, c’est de la liberté de l’homme dont parle Descartes et non pas de celle de Dieu. Einstein et sa fameuse formule, E=MC2, montrent que l’énergie se transforme en masse et la masse en énergie. Mais son projet d’unification totale s’avère impossible. Aujourd’hui il se trouve que sur ce point Niels Bohr a raison contre Einstein. Deux photons jumeaux émis par paire puis envoyés dans deux directions différentes se comportent irrationnellement. Les informations envoyées à l’un passe à l’autre sans qu’on comprenne pourquoi. Lire l’état de l’un permet de connaître celui de l’autre. (Comme si écouter ce que dit le conscient permet de connaître ce qui se passe dans l’inconscient). Il est prouvé, selon ces savants, que les deux photons échangeraient de l’information instantanément sans matérialité. C’est cela qu’on appelle utiliser le vide.

Autre question : « À quoi sert le conscient ? »

Complétons la question : « À quoi sert le conscient pour l’inconscient ? » Pourquoi l’inconscient produit-il du conscient, ne pourrait-il pas s’en passer ? L’inconscient produit du conscient à la manière dont le corps produit l’esprit comme une main pour plus de puissance, pour reprendre l’image de Nietzsche. L’inconscient est la volonté de puissance, comme l’a vu Laurent Assoun dans son ouvrage « Freud et Nietzsche ». La volonté de puissance relève de l’inconscient, elle n’a rien à voir, répétons-le, avec la volonté de puissance dans le conscient. L’inconscient c’est la vie, le conscient c’est la mort. Le conscient est la mort dont se sert l’inconscient pour plus de vie. Voilà à quoi sert l’inconscient [lapsus]. Freud illustre ça par le fait de manger : nous détruisons les aliments en les mangeant mais c’est pour plus de vie.

Autre question : « En quoi l’inconscient est-il fait de discours ? »

L’inconscient est dynamique, il est le devenir et le devenir court. Discours a signifié d’abord l’action de courir en tous sens. Discursus en latin désigne l’action de se répandre de différents côtés, de courir, et à la fois, parler. Tout devenir est un discours puisque en devenant ou parlant nous passons d’un état ou d’un mot à un autre.

Autres questions

« L’inconscient n’est pas du tout organisé ? » L’inconscient c’est le chaos et ce chaos produit des organisations éphémères, qu’elles relèvent du corps ou de l’esprit.

« Le conscient est-il la partie visible d’un iceberg ? »

Si l’on prend image de l’iceberg, la partie visible serait le conscient, la partie invisible le subconscient et l’océan l’inconscient.

« Qu‘avez-vous à dire sur l’inconscient collectif ? »

Il n’y a pas d’inconscient collectif, mais un subconscient collectif, subconscient familial, culturel, environnemental, phylogénétique, racial etc.

« Si l’on parle avec le conscient, y aurait-il un inconscient sans le conscient ? »

L’inconscient est le conscient sont complètement séparés, différents. C’est la thèse freudienne. L’inconscient ne parle pas avec le conscient mais il parle dans le conscient, à la manière dont le discontinu coupe le continu.

« Comment une parole peut-elle être inconsciente ? »

Je vais laisser Heidegger répondre en citant quelques très courts passages de son livre : Acheminement vers la parole. Heidegger nous dit : « L’être humain parle. Nous parlons veillés ; nous parlons en rêve. Nous parlons sans cesse, même quand nous ne proférons aucune parole » ... « L’abîme consiste en ceci que la raison est parole. Hamman (un philosophe du 18ème siècle auquel il se réfère) est renvoyé à la parole lorsqu’il tente de dire ce qu’est la raison. Le regard qui se porte vers la raison tombe dans la profondeur d’un abîme. Cet abîme consiste-t-il seulement en ceci que la raison repose en la parole, ou bien la parole elle-même n’est-elle autre que l’abîme ? » ... « C’est la parole qui est parole. Elle ne nous porte pas vers quelque chose d’autre, où se fonderait la parole » ... « La parole est parlante. Si nous nous laissons aller dans l’abîme que nomme cette phrase, nous ne nous perdons pas dans le vide d’une chute. C’est vers le haut que nous sommes jetés, dont l’altitude seule peut ouvrir une profondeur ».

Voilà ce qui introduit si bien que l’inconscient est parole : la parole est l’abîme et ne se réfère à rien d’autre. L’homme n’est qu’un produit de la parole inconsciente.

« Pourquoi l’enfant refoule-il l’Œdipe ? » 

Je répondrai à cette question plus longuement la prochaine fois parce que l’Œdipe demande toute notre attention. Notamment le mythe d’Œdipe - que nous reproduisons tous dans notre propre histoire et à notre façon à chaque fois unique, - sera repris avec les noms mêmes des personnages, puisque les représentations de mots jouent un rôle décisif dans l’inconscient, et que chaque moment du mythe se reflète dans notre propre histoire d’une manière ou d’une autre. Tous nos comportements dépendent en effet de la psychamythologie qui se déroule dans l’inconscient. Faute de quoi l’Œdipe risque d’être compris à contre sens. Comme disait Julien l’apostat, empereur romain : « Le mythe consigne un événement éternellement vrai qui n’a jamais réellement eu lieu nulle part ».

Reprenant la question de M. Borch-Jacobsen - « Comment expliquer le formidable succès de la psychanalyse au XXème siècle », - nous avons alors situé la découverte de l’inconscient freudien en concomitance aux grandes découvertes du XXème siècle : la fin de l’ontologie métaphysique en philosophie et, dans les sciences, la désubstantialisation de l’univers physique.

Quelqu’un, après la conférence, m’a fait remarquer que la désubstantialisation de l’univers physique était difficile à concevoir. C’est vrai, alors je vais essayer de reprendre la question et introduire les pulsions et le destin de pulsions selon Freud.

L’atome donc est l’élément élémentaire de la matière. La matière est constituée d’atomes, en passant par les molécules, puis les formes que nous voyons. L’atome était, jusqu’au XXème siècle, le non sécable, comme le mot l’indique, a-tome, « tome » c’est sécable, « a » c’est privatif, donc non sécable. C’était la partie ultime et indivisible de la matière, insécable, indestructible et éternelle, la substance.

Avec la physique du XXème siècle la désatomisation, la désubstantialisation de l’univers physique fait son apparition. C’est-à-dire que désormais la scission, la fission de l’atome est possible. Il n’y a donc plus de substance éternelle. C’est une rupture conceptuelle aussi importante que celle de Galilée et celle de Newton. La physique du XXème siècle a extirpé la matière inerte, ou la substance, de sa représentation du monde et des choses pour la remplacer par un jeu dynamique d’ondes et de formes.

C’est le physicien viennois, Wolfgang Pauli qui a montré que l’électron n’avait pas de substance. S’il n’y a plus de substance, le vide lui-même change de valeur. Il devient un vide fluctuant avec des effets de matière.

Ce jeu d’ondes et de formes vides n’est pas sans analogie avec le destin et le devenir des pulsions selon Freud. Ainsi pouvons-nous imaginer les formes et les ondes se refouler les unes les autres, se renverser en leur contraire, se retourner sur elles-mêmes, être actives ou passives. Le destin des pulsions, selon Freud c’est justement le refoulement, le renversement en son contraire, le retour sur soi, l’activité et la passivité. Il y a un autre destin de la pulsion que remarque Freud c’est la sublimation.

Un des destins de la pulsion est la sublimation. C’est son destin le plus élevé et le plus parfait. Sublimation au sens ordinaire signifie supérieur. Mais il convient tout d’abord de ne pas réduire la sublimation chez Freud d’une part à la description d’un processus chimique ni d’autre part à l’idéalisation, laquelle est la surestimation d’un objet sexuel. Il y a le beau, nous dit Kant, et le sublime. Le beau est fini et complet, il se caractérise par l’harmonie tandis que le sublime est la mise en jeu de la dynamique et de la puissance de l’infini. Lacan accorde au vide la place centrale de la sublimation. C’est le vide du signifiant, qui ne signifie rien, qui engendre les formes et les effets de sens, comme dans l’art du potier, que Lacan prend pour exemple, ce n’est pas la terre qui engendre le vide du pot, mais au contraire le vide qui engendre le pot. Ici, le trou précède ses bords. (L’Éthique...).

Pour faire court, le beau est du côté du conscient, le sublime du côté de l’inconscient. Comme disait Picasso : « Il faut aller plus vite que la beauté ».

Freud inaugure la division irréductible, utile et salvatrice entre l’inconscient et le conscient. Celui-ci, l’inconscient, est premier, celui-là, le second, est second. Tous les concepts de Freud doivent être référés à l’inconscient. Le conscient n’est qu’un miroir déformant de l’inconscient.

Si par inadvertance, ou pour quelque raison que ce soit, nos propos glissent sur le territoire du conscient, nous devons, en tant que psychanalyste, bien entendu, nous corriger. Faute de quoi nous tomberions dans les travers dont est fabriqué artificiellement le Livre Noir.

Il y a des universités aux Etats Unis où Darwin est interdit. Pourquoi ? Parce qu’il montre que nous venons des animaux, que le poisson, la grenouille, le rat sont nos ancêtres. Cette sorte de généalogie n’est pas agréable pour le narcissisme de notre bonne conscience.

Pourquoi cela fait-il peur ? Parce que si nous devenons, si nous sommes du devenir, nous ne sommes pas. Les Darwin, les Héraclite, les Heidegger, les Freud sont à vouer aux gémonies. Mais ils ont un truc, c’est qu’ils renaissent toujours de leurs cendres pour nous dire qu’il n’y a pas d’atome, pas d’être, pas de conscience, mais que du devenir. Ce que nous avons essayé de soutenir en faveur de la psychanalyse de Freud et de Lacan. Ce n’est pas du nihilisme. C’est l’être et le conscient qui constituent le nihilisme. Le vide n’est pas le nihilisme mais au contraire la possibilité de créations inattendues dans tous les domaines. Le nihilisme c’est le rejet du devenir autre nom de l’inconscient.

La psychanalyse n’est pas une science qui rajoute aux connaissances, au contraire, c’est une science qui enlève. Dans un premier temps on se dit : « déjà que je ne sais pas grand chose, si j’en en enlève que me restera-t-il ? » Pourtant, chose étonnante, plus vous serez vide plus vous aurez accès aux connaissances. « Scilicet », disait Lacan, mot latin composé de scire, savoir, savoir par soi-même, et de licet, il est permis, c’est-à-dire : « tu peux savoir ». C’est ce que je nous souhaite.

Je vous remercie.

Maintenant nous passons aux questions que vous voudrez bien nous poser...

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