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Nymphomanie

NYMPHOMANIE. (pathol. int.), s. f., du grec nymphe, nouvelle mariée, et mania fureur, passion ; passion des nouvelles mariées. D’autres font provenir ce mot de nymphai, les nymphes (annexes des organes externes de la génération), et de mania, passion, pour exprimer le siège des plaisirs que recherchent les femmes affectées de la nymphomanie. Quoiqu’il en soit, ce mot désigne un désir effréné, insatiable, des jouissances vénériennes ; il est exclusivement applicable aux femmes, et synonyme de fureur utérine, d’hystéromanie, d’andromanie (passion pour les hommes) de quelques auteurs.

Il ne faut pas confondre la nymphomanie avec la manie érotique. Voici comment Esquirol trace le tableau différentiel de ces deux sortes d’affection : « L’érotomanie diffère essentiellement de la nymphomanie et du satyriasis (V. ce mot). Dans celle-ci, le mal naît des organes reproducteurs dont l’irritation réagit sur le cerveau ; dans l’érotomanie, l’amour est dans la tête. La nymphomane et le satyriasique sont victimes d’un désordre physique ; l’érotomaniaque est le jouet de son imagination. L’érotomanie est à la nymphomanie et au satyriasis ce que les affections vives du coeur, mais chastes et honnêtes, sont au libertinage effréné : tandis que les propos les plus sales, les actions les plus honteuses, les plus humiliantes, décèlent la nymphomanie et le satyriasis, l’érotomaniaque ne désire, ne songe pas même aux faveurs qu’elle pourrait prétendre de l’objet de ses folles tendresses ; quelquefois même son amour a pour objet des êtres inanimés. » (Esquirol, Des maladies mentales, tom. XIV, p. 32 ;Paris, 1828.)

Ainsi, pour Esquirol, la nymphomanie serait toujours symptomatique d’une vive irritation de l’appareil génital. D’autres, au contraire, ont rangé cette affection dans la classe des vésanies ou aliénations mentales, et en ont placé le point de départ dans le cerveau. Eh bien ! comme il arrive si souvent quand deux opinions opposées sont en présence, ces deux manières de voir sont vraies. Ainsi, chez certaines femmes, la nymphomanie est idiopathique ou essentielle, c’est-à-dire qu’elle a son point de départ dans le cerveau ; chez d’autres, elle est symptomatique d’une affection ; soit de la matrice, soit des organes génitaux externes.

La première forme se montre spécialement chez les femmes jeunes ou à l’âge de retour, d’une constitution nerveuse très-prononcée, ou d’un tempérament sanguin. La fréquentation de personnes d’un autre sexe, une continence forcée, un amour violent dédaigné ou contrarié, une imagination ardente excitée encore par des lectures érotiques, la contemplation d’images lascives, telles sont les causes qui peuvent produire la nymphomanie essentielle.

Quant à la seconde forme, elle se montre dans des cas de flegmasies chroniques, des cancers et autres altérations organiques de l’utérus ; le prurigo de la vulve ou l’affection des follicules vulvaires, récemment décrites par M. Robert, peuvent lui donner naissance. Enfin, l’excitation répétée des organes génitaux par la masturbation ou l’abus du coït, peuvent amener les mêmes résultats.

On comprend que l’activité de ces différents ordres de causes est encore augmentée par une nourriture trop substantielle, le coucher trop longtemps prolongé dans un lit chaud et mou, l’usage fréquent de lavements irritants, etc.

Quelquefois la nymphomanie éclate subitement, surtout dans les cas où elle dépend d’une affection du cerveau ; mais ordinairement elle survient peu à peu.

On ne s’attend sans doute pas à ce que nous déroulions ici le hideux tableau des transports auxquels se livrent les femmes atteintes de la fureur utérine. Imaginez tout ce que le désordre des sens peut offrir de plus révoltant, de plus obscène, et vous n’aurez qu’une idée encore imparfaite des égarements auxquels cette maladie entraîne les femmes les plus chastes autrefois et les plus réservées.

Ce n’est plus une ardeur dans les veines cachée,
C’est Vénus tout entière à sa proie attachée !

L’homme qu’elles poursuivent de leurs provocations veut-il s’y soustraire, elles se mettent en fureur, elles le mordent, le battent ; cède-t-il, sa vigueur est impuissante à éteindre une ardeur aussi brûlante et que rien ne peut assouvir, et, comme la Messaline de Juvénal, lassata viris necdum satiata recessit.

Quand la nature, par une crise favorable, ou l’art, par des moyens habilement combinés, ne parviennent pas à comprimer cette étrange maladie, la nymphomane tombe peu à peu dans un état de langueur, d’épuisement, et succombe dans le marasme. (V. ce que nous avons dit, au mot Incontinence, du danger des abus vénériens.)

Personne n’a mieux que l’illustre P. Frank indiqué les différentes variétés de traitement que réclame la nymphomanie, suivant la différence des causes qui ont présidé à son développement. C’est donc d’après cet auteur que nous parlons ici. On combat, dit-il, l’irritation nerveuse par les délayants, les anti-aphrodisiaques, tels que la ciguë, l’eau distillée de bourgeons de saule ou de laurier cerise. Les bains tièdes conviennent lorsque l’érétisme se joint à un excès de force ; les bains froids sont utiles dans le cas de faiblesse. Cependant on réussit quelquefois en faisant alterner les bains tièdes et les bains froids, sans égard pour la constitution des malades. La disposition inflammatoire doit être attaquée par la saignée, l’application des sangsues aux lombes, et les autres antiphlogistiques. Après avoir combattu les lésions vitales, et éliminé les causes de la maladie, on cherche à provoquer des crises artificielles par les urines, les selles, la peau, etc. Le mariage a guéri ou plutôt confirmé plus d’une guérison ; mais il faut le différer chez les personnes épuisées par les excès vénériens ou dont les parties génitales sont enflammées. Dans le premier cas, on a besoin de réparer sa constitution par les restaurants et les toniques ; dans le second, il faut apaiser l’état inflammatoire. Dans toutes les espèces de nymphomanie, les distractions sont indispensables ; on dirige les idées vers des objets capables de les fixer, comme la religion, les sciences, etc. La malade doit fuir la compagnie des hommes et se former une société de personnes du sexe les plus vertueuses. Les voyages, l’habitude de la campagne, la culture des champs ou d’un jardin, peuvent opérer une heureuse diversion. On a conseillé l’amputation du clitoris ; mais cette opération n’est indiquée que dans certaines conditions spéciales de volume, de longueur, etc.

E. BEAUGRAND
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