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Priapisme

PRIAPISME
Ph. Ricord, article « Priapisme », Nouveau dictionnaire de médecine de chirurgie pratiques, (sous la dir. du Dr Jaccoud), Tome 29, Éd. J. B. Baillière, Paris, 1864, pp. 506-508.

PRIAPISME, du grec […] ou […] ion : du latin priapismus. Tentigo venerea, satyriasis de quelques auteurs.

Dénomination empruntée à la mythologie païenne et appliquée par les médecins de l’antiquité à un phénomène morbide, dont ils trouvaient une représentation extérieure assez exacte, dans la figure allégorique du dieu de Lampsaque. « Simulacrum Priapi, qui apud Ægyptios vocatur Horus, humana forma præditum fingunt, dextra sceptrum tenens… læva vero tenens suum pudendum intentum, quod semina occultata in terra in lucem producat. » (Suidas.)

L’érection légitime, ou physiologique, du pénis est, le plus souvent de courte durée, non douloureuse ; elle tend à une crise fonctionnelle qui ne passe pas pour l’être davantage, et après laquelle elle s’éteint spontanément. Dans le priapisme, au contraire, l’érection est accompagnée d’une sensation très-pénible, très-prolongée sinon permanente, incoercible, et les observateurs ont de tout temps spécifié que les malades, loin d’être portés par le désir à l’acte de la copulation, le redoutent comme une aggravation de leur mal. Très-différent, sous ce rapport, est le caractère du satyriasis, véritable névrose, dans laquelle les malades, complices de leur sort, sont en proie à une lubricité effrénée, que la satisfaction semble aiguillonner encore, sans pouvoir jamais l’assouvir.

La solidarité anatomique et physiologique, qui relie, chez l’homme, l’appareil érectile et la membrane muqueuse génito-urinaire, est surtout accusée dans les dispositions circulatoires. Elle rend compte du rôle influent de toute stimulation vive, portée sur cette muqueuse, pour produire une tension pathologique des réservoirs caverneux et spongieux de l’appareil, c’est-à-dire, l’érection maladive ; aussi les faits d’observation de priapisme, d’ailleurs assez rares, consignés dans les auteurs, se rapportent-ils presque exclusivement à la phlegmasie aigu de la membrane muqueuse vésico-uréthrale.

C’est dans cet ordre de faits que rentrent : 1° le priapisme symptomatique de la cystite calculeuse, « priapismus dysuricus » de Sauvages. Cet auteur y note la rigidité douloureuse de la verge, sans tuméfaction sensible, excepté au gland, siège d’une douleur très-vive, et la forme particulière de la rigidité du pénis qui est incurvé en bas. Ce double caractère a été plus particulièrement assigné par les observateurs de nos jours à certains cas d’urétrite aiguë, dont il va être question ; 2° le priapisme symptomatique de la blennorrhagie urétrale aiguë. Dans la forme phlegmoneuse de cette affection, en effet, I’urèthre rendu douloureux par l’inflammation, et rigide par l’hyperhémie de son tissu spongieux, ne peut suivre le redressement des corps caverneux, et tend à l’incurvation en bas, signalée par Sauvages. C’est surtout au bulbe que la tension vasculaire est excessive, c’est à ce niveau que les malades accusent la douleur insupportable de l’érection dite cordée. Plusieurs d’entre eux rompent la corde par le procédé vulgaire du coup de poing, dont le résultat fréquent est en effet la rupture avec hémorrhagie de l’urèthre, et plus tard un rétrécissement modulaire de ce canal, qui siège constamment à la région bulbaire. Il faut d’ailleurs remarquer que si l’érection cordée passe à juste titre pour un accident très-douloureux, et par conséquent inconciliable avec le prurit vénérien (tentigo libidinosa), il n’est pas rare cependant de rencontrer, au début de l’uréthrite contagieuse, des sujets tourmentés de ce prurit, et sollicités au rapprochement sexuel par un éréthisme qui constitue une forme plus anodine du priapisme ; 3° le priapisme cantharidien : la cystite cantharidienne a été surtout l’objectif des auteurs encyclopédiques des deux derniers siècles qui ont écrit sur le priapisme. Dans cette forme toxique de la maladie se sont souvent montrés les plus graves accidents, et ce n’est pas seulement dans la cavité des organes génito-urinaires arrosés par l’urine chargée du principe actif de la cantharide que les désordres ont été signalés, mais aussi dans le foie, dans l’estomac et les intestins où l’on a constaté des inflammations hémorrhagiques et gangreneuses. Orfila a rassemblé dans son Traite de toxicologie (t. II), une douzaine de ces observations presque toutes d’un autre âge. Il en ressort que si !e cantharides prises ou données à l’intérieur comme excitant aphrodisiaque, peuvent parfois produire le priapisme vrai, sine tentigine venerezeâ, comme l’entendaient les anciens, c’est surtout le satyriasis aigu qui détermine ce poison.

On peut encore observer une tension douloureuse et prolongée de l’urèthre et du pénis, un véritable priapisme, dans la cystite catarrhale aiguë, compliquée ou non de rétention d’urine ; mais surtout lorsque se montre cette complication, et dans ce cas, la rigidité du membre viril peut être poussée assez loin pour opposer un obstacle sérieux au cathétérisme.

Enfin le priapisme parait avoir été observé dans quelques cas d’altération de l’axe cérébro-spinal. C’est vraisemblablement à la compression brusque de la portion cervicale de cet axe que serait dite l’érection persistante encore post-mortem, signalée depuis longtemps chez des individus qui ont subi la suspension volontaire ou non. N’est-il pas à propos de rappeler, à ce sujet, que parmi les crises viscérales diverses, qui accompagnent la sclérose des cordons postérieurs de la moelle., les observateurs modernes en ont signalé qui sont propres aux organes génito-urinaires, le satyriasis, entre autres, qui, au point de vue symptomatologique, a une si étroite affinité avec le priapisme ? (Charcot, Leçons sur le système nerveux, t. Il, 4e leçon.)

Faut-il admettre que le priapisme puisse être, comme cela a été soutenu autrefois, une des conséquences de la lèpre hypertrophique de l’éléphantiasis ? Louyer-Villermay, (Dict. des sc. méd., t. XLV), ajoute qu’elle est repoussée par plusieurs médecins parmi lesquels il cite Alibert. Il y a lieu de rester sur la réserve à cet égard, l’observation ayant démontré de nos jours, que les lésions des nerfs périphériques et la névrite ascendante consécutive peuvent n’être pas sans influence sur l’état d’intégrité des points correspondants de la moelle.

Les indications thérapeutiques applicables au priapisme ressortent naturellement de l’ensemble des considérations qui viennent d’être exposées. Variables, selon l’élément étiologique dominant et le degré de son action, elles ne peuvent être formulées ici qu’en traits généraux. Il est évident par exemple que dans les formes du priapisme qui relèvent dune phlegmasie intense des organes génito-urinaires, cystite, uréthrite, prostatite aiguë consécutive ou primitive, et dans la cystite cantharidienne, la médication antiphlogistique sera formellement indiquée. Les émissions sanguines locales rendront alors des services, pourvu qu’elles soient appliquées « haud parcâ manu, » et suffisamment répétées, en proportion de la résistance de la fluxion inflammatoire. Les bains tempérés prolongés, les boissons abondantes, les applications réfrigérantes « loco dolenti » immédiates ou médiates (injections froides opiacées dans le rectum) sont des moyens dont une longue expérience a consacré l’utilité ; quant aux agents dits spécifiques de la matière médicale, il y faut peu compter, malgré la vieille réputation qui s’est attachée à eux. Le camphre préconisé depuis des siècles, n’a guère d’action que celle d’autres agents auxquels il est associé (opium) ou combiné (brome). Dans la cystite cantharidienne toutefois, ii est possible que ses propriétés stimulantes diffusibles le rendent utile à l’élimination du principe toxique. Le bromure de potassium qui jouit d’une efficacité incontestable dans certaines affections des centres nerveux, et peut-être dans quelques névropathies, sera ici plus largement applicable que le bromure de camphre, soit qu’on le dirige contre l’élément douleur et les complications réflexes ou par irradiation des formes ordinaires du priapisme, soit qu’il s’adresse aux cas exceptionnels qui peuvent être rattachés à une affection particulière de l’axe cérébro-spinal. On a de tout temps attaché, avec raison, une certaine importance au décubitus des malades tourmentés par l’érection douloureuse permanente ; il est certain que le décubitus dorsal prolongé a ici une funeste influence. Toutes les précautions de bonne hygiène, quelque minutieuses qu’elles soient, doivent entrer dans le traitement rationnel du priapisme.

Ph. Ricord.
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