« J’accepte le pendule idéal oscillant sans frottement, dans le vide absolu. Il descend et remonte jusqu’au même niveau. Mais ce mouvement a pris du temps. Dans la formule mathématique qui l’exprime, le temps figure comme une quantité abstraite qu’on désigne d’ordinaire par la lettre t. Cette désignation est vague, et vague est l’idée qui s’y cache. Ce temps est-il long, est-il court ? Nous n’en savons rien. Mais, quel que soit ce vague inévitable, une chose est certaine : c’est que le temps n’est pas une pure abstraction, c’est qu’il est quelque chose. Or, s’il est quelque chose, il y a quelque chose qui se consomme, et qui se consomme sans retour. Et quand je dis que le temps est quelque chose, j’entends par là qu’il a une existence réelle et non pas seulement une existence idéale, comme quand nous disons que le néant est quelque chose, puisque nous en avons l’idée et que nous lui avons donné un nom. Ce temps est une réalité ; car, s’il n’était qu’une pure idée, le pendule serait à la fois au même instant à tous les points de sa trajectoire ; et, dans le fait, il n’y aurait plus de périodicité, ni par conséquent de mouvement.
Tâchons de découvrir quelle est la réalité qui s’incarne dans le temps » (J. Delboeuf, Le sommeil et les rêves).