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J.-A. Dulaure

Du Culte du Phallus chez les Hébreux

Les divinités génératrices (Chapitre IV)

Date de mise en ligne : vendredi 16 novembre 2007

Mots-clés :

Jacques-Antoine Dulaure, Des Divinités génératrices, ou du Culte du Phallus chez les anciens et les modernes, Éd. Dentu, Paris, 1805.

CHAPITRE IV
DU CULTE DU PHALLUS CHEZ LES HÉBREUX

Dans l’ordre géographique, la Syrie se présente la première, et la partie de la Syrie la plus voisine de l’Egypte est la Palestine.

Quel fut le culte du Phallus dans cette dernière contrée, habitée par les Hébreux, par ce peuple favorisé de Dieu qui, toujours dirigé par la main divine dans la voie sainte, ne cessait de s’en écarter ; dont les lois, quoique, dit-on, composées par leur dieu, étaient si mal appropriées au caractère et aux habitudes nationales, qu’elles furent presque continuellement violées ? C’est ce que je vais rechercher.

Les Moabites et les Madianites, peuples voisins de la Palestine, adoraient un dieu appelé Baal-Phegor ou Beel-Peor [1]. Les premiers écrivains du christianisme qui ont parlé de cette divinité, tels que saint Jérôme, Rufin, Isidore de Séville et plusieurs savants commentateurs de la Bible, s’accordent à dire que cette divinité était la même que Priape.

Les Hébreux, toujours curieux d’imiter les pratiques superstitieuses de leurs voisins, se firent initier au culte de Beel-Phégor ; ils forniquèrent avec les filles des Moabites ; ils mangèrent de leurs sacrifices et adorèrent leurs dieux [2].

Le Dieu des Hébreux ou des Israélites étant fort irrité de cette conduite, dit à Moïse : « Prenez tous les princes du peuple, et pendez-les à des potences en plein jour [3]. »

Moïse ne suivit point l’ordre de Dieu qui voulait épargner le peuple et punir les chefs ; il ne les pendit point, mais il dit aux juges d’Israël : « Que chacun tue ceux de ses parents qui se sont consacrés au culte de Beel-Phegor… »

Il y eut alors vingt-quatre mille hommes qui furent tués [4].

Ce ne fût pas tout : le Seigneur dit encore à Moïse : « Que les Madianites sentent que vous êtes leurs ennemis ; tuez-les tous, parce qu’ils vous ont traités en ennemis, en vous séduisant par l’idole de Phegor [5]. »

Ainsi, le sang ruissela dans Israël ; des parents égorgèrent leurs parents ; vingt-quatre mille hommes furent mis à mort pour avoir adressé des hommages au simulacre de ce qui donne la vie [6].

Car, il n’en faut pas douter, ce Beel-Phegor était une idole à Phallus, située sur la montagne de Phegor ou Phogor, dont le nom a servi à la composition de celui de cette divinité : c’était le Priape des Grecs et des Romains, comme plusieurs écrivains en conviennent [7].

Cette terrible correction, ce moyen violent de convertir un peuple, ne produisit pas l’effet qu’en attendait le législateur Moïse. En tuant les hommes, on ne tue pas toujours les opinions ; et l’on vit, plusieurs siècles après, les Hébreux renouveler leur adoration à l’idole de Beel-Phégor. Voici comment le prophète Osée fait parler le Seigneur :

« J’ai aimé Israël comme des grappes de raisins trouvées dans le désert ; j’ai vu leurs pères avec le même plaisir que l’on voit les premières figues paraître sur le haut du figuier, et cependant, ils sont entrés en Beel-Phégor (ou ils ont été initiés aux mystères de Beel-Phegor) ; ils se sont débauchés et plongés dans le désordre ; ils sont devenus abominables comme les choses qu’ils ont aimées [8]. »

C’étaient des femmes qui desservaient le temple de ce dieu ; elles étaient nommées kedeschoths, et ce nom, suivant saint Jérôme, avait la même signification que celui des prostituées qui remplissaient les fonctions de prêtresses de Priape.

Les cérémonies qu’on observait dans le culte rendu à Beel-Phégor ont exercé la plume de plusieurs commentateurs de la Bible et d’autres savants. Il paraît que la principale consistait à se présenter nu devant l’idole. Les adorateurs, suivant Philon, mettaient devant elle en évidence toutes les ouvertures extérieures du corps. Le texte de la Bible semble dire qu’ils s’offraient à l’idole pour se prostituer à elle. Beyer, dans ses additions sur Selden, conclut du texte de la Bible que les filles moabites se prostituaient d’abord à l’idole, puis aux Israélites [9].

Cette cérémonie infâme se rapporterait assez au culte que les Egyptiennes rendaient au boeuf Apis, en se découvrant devant lui, comme il a été dit plus haut.

Le rabbin Salomon Jarchi attribue au culte de Beel-Phégor une pratique fort indécente et plus ordurière encore. Il serait difficile de trouver, dans les fastes des folies humaines, un genre d’adoration plus étrange et plus dégoûtant. L’adorateur, suivant ce rabbin, présentait devant l’autel son postérieur nu, soulageait ses entrailles et faisait à l’idole une offrande de sa puante déjection [10].

Saint Jérôme nous présente cette idole comme portant à la bouche le signe caractéristique de Priape [11].

Les livres de la Bible ne disent plus rien de Beel-Phegor, mais ils font mention de quelques autres cultes qui ne diffèrent nullement de celui du Phallus ou de Priape.

Les aïeux du roi Aza, fils du roi David, avaient introduit dans Israël plusieurs espèces de cultes idolâtres, et celui du Phallus ou de Priape était du nombre. La grande prêtresse de cette divinité était la mère du jeune roi.

« Aza chassa de ses terres les efféminés, purgea Jérusalem de toutes les idoles sordides que ses pères avaient érigées [12]. »

Il priva sa mère, appelée Maacha, de l’autorité dont elle était revêtue, afin qu’elle ne présidât plus au sacerdoce de Priape, et au bocage sacré où la statue de ce dieu était adorée. Il détruisit la caverne où se célébraient ces mystères, et le simulacre de cette divinité crapuleuse, réduit en pièces, fut brûlé dans le torrent de Cédron [13].

Cette divinité, que la Vulgate nomme Priape, porte, suivant le texte hébraïque, le nom de Mipheletzeth. Quelques commentateurs l’ont jugée du genre féminin et ont cru qu’elle était la déesse Astarté ou Vénus. Les auteurs de la Vulgate auraient-ils pris un sexe pour l’autre, et Priape pour Vénus ? Cette opinion n’est pas solidement appuyée, à moins qu’on ne regarde comme très prépondérante sur une telle matière, l’autorité de Rabelais [14].

On trouve encore dans les livres des Prophètes un autre témoignage de l’existence du culte du Phallus. Ezéchiel indique, d’une manière assez précise, la fabrication de ce simulacre indécent et l’abus que les femmes en faisaient.

« Vous avez, leur dit-il, pris vos riches vêtements, que vous avez cousus l’un à l’autre, pour en faire les ornements de vos hauts lieux et vous avez forniqué sur ces hauts lieux [15] d’une manière qui n’a jamais eu ni qui n’aura jamais d’exemple.

« Vous avez pris des objets de parure, des vases d’or et d’argent qui m’appartenaient et que je vous ai donnés ; vous en avez fabriqué des images du sexe masculin, et vous avez forniqué avec ces images [16]. »

Ainsi, les femmes israélites fabriquèrent, à l’exemple sans doute de quelques peuples voisins, des Phallus d’or et d’argent, et en abusèrent d’une étrange manière.

Voilà ce que les livres de la Bible et les ouvrages de leurs commentateurs me fournissent sur le culte du Phallus chez les Hébreux. Ce culte, dont l’exercice était une contravention formelle aux lois de ce peuple, commença à se manifester du temps de Moïse, y reparut à différentes époques jusqu’au temps où vivait le prophète Ezéchiel ; ce qui comprend un espace d’environ neuf cents ans.

P.-S.

Texte établi par PSYCHANALYSE-PARIS.COM d’après l’ouvrage de Jacques-Antoine Dulaure, Des Divinités génératrices, ou du Culte du Phallus chez les anciens et les modernes, Éd. Dentu, Paris, 1805.

Notes

[1Baal, Bel, n’est qu’une qualification honorable donnée à un objet de culte qui, chez les Chaldéens, était l’équivalent du mot Seigneur. Les Samaritains appelaient cette divinité Baal, et les Babyloniens Bel ou Belus. De ce mot Baal, les Grecs ont fait Abelo, Apollon ; les Gaulois Belenus Belisama, Bellus-Cadrus, etc. Il paraît constant que les adjectifs beau, belle dérivent du nom de ces divinités-soleils.

[2Nombres, chap. XXV, vers. 1 et 2.

[3Idem, ib., vers. 3 et 4.

[4Idem, ib., vers. et 9. 5.

[5Idem, ib., vers. 17 et 18.

[6Cette affreuse boucherie rappelle celle que fit faire Moïse contre les adorateurs du simulacre doré du taureau Apis, appelé communément le veau d’or. Moïse s’adressa à ceux de la tribu de Lévi : « Que chacun mette son épée à son côté ; passez et repassez au travers du camp d’une porte à l’autre, et que chacun TUE SON FRÈRE, SON AMI, ET CELUI QUI LUI EST LE PLUS PROCHE. »

Les enfants de Lévi firent ce que Moïse leur avait ordonné, et il y eut environ vingt-trois mille hommes de tués en ce jour-là. (Exode, chap. XXXII, vers. 27 et 28.)

[7Voyez ce qu’en dit saint Jérôme dans son Commentaire sur le chapitre IX du prophète Osée : « Ipsi autem educti de Egypto fornicati sunt cum Madianitis, et ingressi ad Beel-Phegor, idolum Moabitarum quem nos PRIAPUM possumus appellare. » Isidore, en ses Origines, dit de même : « BEEL-PHEGOR interpretatur simulacrum ignominiæ, idolum enim fuit Moab cognomento BAAL SUPER MONTEM PHEGOR, quem Latini PRIAPUM vocant Deum hortorum. » Rufin, en son livre III sur Osée, dit : « BEEL-PHEGOR figuram PRIAPI dixerunt tenere. » Un autre commentateur de la Bible dit aussi : « BEEL-PHEGOR Hebræis deux turpitudinis, ut PRIAPUS Romanis » Note sur le chap. XXV, du Livre des Nombres, vers. 3.

[8Osée, chap. IX, vers. 10.

[9Beyer sur Selden, chap. V, sintagm, 1, Baal-Peor.

[10Voici les paroles de Salomon Jarchi, dans son Commentaire sur le livre des Nombres, chap. XXV : « Eo quod distendebant coram illo foramen podicis et stercus offerebant. » Hottinger (Hist. Orient., p. 155), exprime la même chose : « Turpiter a cultoribus distento (sit venia verbis), podicis foramine egestoque onere molesto. »

On peut consulter sur cet usage religieux Selden, de Dis Syris, Sintagm, 1, chap. ; Beyer, Addippienta al Selden, pp. 244 et 245 ; Elias Schedius, de Dis Germanis, pp. 84 et 85 ; Antiquitates Gronovii, t. VII, chap. XIII, etc.

[11Voici le passage de saint Jérôme, dans son Commentaire sur me chapitre IX du prophète Osée : « Denique interpretatur Beel-Phegor idolum tentiginis habens in ore ; id est, in suinmitate pellem, ut turpitudinem membri virilis ostenderet. »

[12Les Rois, I. III, chap. XV, vers. 12.

[13Idem, ib., vers. 13. et Paralipomenon, I, II, vers. 16.

[14Rabelais fait de Mipheletzeth la souveraine d’une île peuplée par des Andouilles. Pantagruel et ses compagnons, après avoir débarqué dans cette île, eurent de terribles combats à soutenir, passèrent au fil de l’épée une infinité d’Andouilles : le carnage fut si grand, que la reine des Andouilles fut forcée de demander la paix à Pantagruel, qui la lui accorda.

[15Les hauts lieux étaient des sanctuaires établis sur la cime de quelques montagnes. Là étaient des autels en pierres brutes, des espèces de colonnes ou d’obélisques grossiers, objets de l’adoration de plusieurs peuples.

[16« Fecistis tibi imagines masculinas et fornicata in eis. » Ezechiel, chap. XVI, vers. 16 et 17.

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