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Richard von Krafft-Ebing

Le développement physiologique de la vie sexuelle

Psychopathia Sexualis : II. — Faits physiologiques

Date de mise en ligne : vendredi 4 avril 2008

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Richard von Krafft-Ebing, Études médico-légales : Psychopathia Sexualis. Avec recherche spéciales sur l’inversion sexuelle, Traduit sur la 8e édition allemande par Émile Laurent et Sigismond Csapo, Éd. Georges Carré, Paris, 1895.

II
FAITS PHYSIOLOGIQUES

Maturité sexuelle. — La limite d’âge dans la vie sexuelle. — Le sens sexuel. — Localisation. — Le développement physiologique de la vie sexuelle. — Érection. — Le centre d’érection. — La sphère sexuelle et le sens olfactif. — La flagellation comme excitant des sens. — La secte des flagellants. — Le Flagellum salutis de Paullini. — Zones érogènes. — L’empire sur l’instinct sexuel. — Cohabitation. — Éjaculation.

Pendant la période des processus anatomiques et physiologiques qui se font dans les glandes génitales, il se manifeste chez les individus un instinct qui les pousse à perpétuer l’espèce (instinct sexuel).

L’instinct sexuel, à cet âge de maturité, est une loi physiologique.

La durée des processus anatomico-physiologiques dans les organes sexuels, ainsi que la durée de la puissance de l’instinct génésique, diffèrent selon les individus et les peuples. Race, climat, conditions héréditaires et sociales, exercent une influence décisive. On sait que les Méridionaux présentent une sensualité bien plus grande que les gens du Nord. Le développement sexuel a lieu bien plus tôt chez les habitants du Midi que chez ceux des pays septentrionaux. Chez la femme des pays du Nord, l’ovulation, qui se manifeste par le développement du corps et les hémorragies périodiques des parties génitales (menstruation), ne se montre qu’entre treize et quinze ans ; chez l’homme, le développement de la puberté (qui se manifeste par la mue de la voix, le développement des poils sur la figure et sur le mont de Vénus, les pollutions périodiques, etc.), ne se montre qu’à partir de quinze ans. Au contraire, chez les habitants des pays chauds, le développement sexuel s’effectue plusieurs années plus tôt, chez la femme quelquefois même à l’âge de huit ans.

Il est à remarquer que les filles des villes se développent à peu près un an plus tôt que les filles de la campagne, et que plus la ville est grande, plus le développement, cæteris paribus, est précoce.

Les conditions héréditaires n’exercent pas une influence moins grande sur le libido et la puissance virile. Il y a des familles où, à côté d’une grande force physique et d’une grande longévité, le libido et une puissance virile intense se conservent jusqu’à un âge très avancé. Il y en a d’autres où la vita sexualis éclôt tard et s’éteint bien avant le temps.

Chez la femme, la période d’activité des glandes génitales est plus limitée que chez l’homme, chez qui la production du sperme peut se prolonger jusqu’à l’âge le plus avancé.

Chez la femme, l’ovulation cesse trente ans après le début de la nubilité. Cette période de stérilité des ovaires s’appelle la ménopause. Celle phase biologique ne représente pas seulement une mise hors fonction et une atrophie définitive des organes génitaux, mais un processus de transformation de tout l’organisme. Dans l’Europe centrale, la maturité sexuelle de l’homme commence vers l’âge de dix-huit ans ; sa puissance génésique atteint son maximum vers l’âge de quarante ans. À partir de cette époque, elle baisse lentement.

La potentia generandi s’éteint ordinairement vers l’âge de soixante-deux ans ; la potentia coeundi peut se conserver jusqu’à l’âge le plus avancé. L’instinct sexuel existe sans discontinuer pendant toute la période de la vie sexuelle ; il n’y a que son intensité qui change. Il ne se manifeste jamais d’une façon intermittente ou périodique, sous certaines conditions physiologiques, comme c’est le cas chez les animaux.

Chez l’homme, l’intensité de l’instinct a des fluctuations, des hauts et des bas, selon l’accumulation et la dépense du sperme ; chez la femme, l’instinct sexuel augmente d’intensité au moment de l’ovulation, de sorte que, post menstrua, le libido sexualis est plus accentué.

Le sens sexuel, en tant qu’il se manifeste comme sentiment, idée et instinct, est un produit de l’écorce cérébrale. On n’a pas encore pu jusqu’ici bien déterminer le siège du centre sexuel dans le cerveau.

Les rapports étroits qui existent entre la vie sexuelle et le sens olfactif [1] font supposer que la sphère sexuelle et la sphère olfactive se trouvent à la périphérie du cerveau, très près l’une de l’autre, ou du moins qu’il existe entre elles des liens puissants d’association.

La vie sexuelle se manifeste d’abord par des sensations parties des organes sexuels en voie de développement. Ces sensations éveillent l’attention de l’individu. La lecture, certains faits observés dans la vie sociale — (aujourd’hui malheureusement ces observations se font trop souvent à un âge prématuré), — transforment les pressentiments en idées nettes. Ces dernières s’accentuent par des sensations organiques, des sensations de volupté. À mesure que ces idées érotiques s’accroissent par des sensations voluptueuses, se développe le désir de reproduire des sensations semblables (instinct sexuel).

Il s’établit alors une dépendance mutuelle entre les circonvolutions cérébrales (origine des sensations et des représentations) et les organes de la génération. Par suite de processus anatomico-physiologiques, tels que l’hyperémie, l’élaboration du sperme, l’ovulation, les organes génésiques font naître des idées et des désirs sexuels.

La périphérie du cerveau réagit sur les organes de la génération par des idées perçues ou reproduites. Cela se fait par le centre d’innervation des vaisseaux et le centre de l’éjaculation. Tous deux se trouvent dans la moelle épinière et sont probablement très rapprochés l’un de l’autre. Tous les deux sont des centres réflexes.

Le centrum erectionis (Goltz, Eckhard) est un point intermédiaire intercalé entre le cerveau et l’appareil génital. Les nerfs qui le relient avec le cerveau passent probablement par les pédoncules cérébraux. Ce centre peut être mis en activité par des excitations centrales (physiques et organiques), par une excitation directe de ses nerfs dans les pédoncules cérébraux, la moelle cervicale, ainsi que par l’excitation périphérique des nerfs sensitifs (pénis, clitoris et annexes). Il n’est pas directement soumis à l’influence de la volonté.

L’excitation de ce centre est transmise par des nerfs qui se relient à la première et à la troisième paires des nerfs sacrés (nervi erigentes), et arrive ainsi jusqu’aux corps caverneux.

L’action de ces nerfs érectifs qui transmettent l’érection est paralysante. Ils paralysent l’appareil d’innervation ganglionnaire dans les organes érectiles sous l’influence desquels se trouvent les fibres musculaires des corps caverneux (Kœlliker et Kohlrausch). Sous l’influence de ces nervi erigentes les fibres musculaires des corps érectiles deviennent flasques et ils se remplissent de sang. En même temps, les artères dilatées du réseau périphérique des corps érectiles exercent une pression sur les veines du pénis et le reflux du sang se trouve barré. Cet effet est encore accentué par la contraction des muscles bulbo et ischio-caverneux qui s’étendent comme des aponévroses sur la surface dorsale du pénis.

Le centre d’érection est sous la dépendance des actions nerveuses excitantes ou paralysantes des parties du centre cérébral. Les représentations et les perceptions d’images sexuelles agissent comme excitants. D’après les expériences faites sur les corps de pendus, le centre d’érection semble aussi pouvoir être mis en action par l’excitation des voies de communication qui se trouvent dans la moelle épinière. Le même fait peut se produire par des excitations organiques qui ont lieu à la périphérie du cerveau (centre psycho-sexuel ?), ainsi que le prouvent les observations faites sur des aliénés et des malades atteints d’affections cérébrales. Le centre d’érection peut être directement excité par des maladies de la moelle épinière, dans leur première période, quand elles atteignent la moelle lombaire (tabes et surtout myélitis).

Voici les causes qui peuvent fréquemment produire une excitation réflexe du centre génital : excitation des nerfs sensitifs périphériques des parties génitales et de leur voisinage par la friction ; excitations de l’urètre (gonorrhée), du rectum (hémorroïdes et oxyures), de la vessie (quand elle est pleine d’urine, surtout le matin, ou quand elle est excitée par un calcul) ; réplétion des vésicules séminales par le sperme, ce qui se produit quand on est couché sur le dos et que la pression des viscères sur les veines du bassin produit une hyperhémie des parties génitales.

Le centre d’érection peut être excité aussi par l’irritation des nombreux nerfs et ganglions qui se trouvent dans le tissu de la prostate (prostatite, cathétérisme). Ce centre est aussi soumis à des influences paralysantes de la part du cerveau, ainsi que nous le montre l’expérience de Goltz qui a montré que, chez des chiens, quand la moelle épinière est tranchée, l’érection se produit plus facilement.

À l’appui de cette démonstration vient encore s’ajouter le fait que, chez l’homme, l’influence de la volonté ou une forte émotion (crainte de ne pas pouvoir coïter, surprise inter actum sexualem, etc.) peuvent empêcher l’érection ou la faire cesser quand elle existe. La durée de l’érection dépend de la durée des causes excitantes (excitation des sens ou sensation), de l’absence des causes entravantes, de l’énergie d’innervation du centre, ainsi que de la production tardive ou hâtive de l’éjaculation.

P.-S.

Texte établi par PSYCHANALYSE-PARIS.COM d’après l’ouvrage de Richard von Krafft-Ebing, Études médico-légales : Psychopathia Sexualis. Avec recherche spéciales sur l’inversion sexuelle, Traduit sur la 8e édition allemande par Émile Laurent et Sigismond Csapo, Éd. Georges Carré, Paris, 1895.

Notes

[1Ferrier suppose que le centre de l’olfaction se trouve dans le gyrus uncinatus. Zuckerkandl, dans son ouvrage : Über das Riechcentrum, concluant d’après des études d’anatomie comparée, considère la corne d’Ammon comme faisant partie du centre olfactif.

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