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Richard von Krafft-Ebing

Manie, satyriasis et nymphomanie

Psychopathia Sexualis : IV. — Pathologie spéciale

Date de mise en ligne : vendredi 1er mai 2009

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Richard von Krafft-Ebing, Études médico-légales : Psychopathia Sexualis. Avec recherche spéciales sur l’inversion sexuelle, Traduit sur la 8e édition allemande par Émile Laurent et Sigismond Csapo, Éd. Georges Carré, Paris, 1895.

Les phénomènes de la vie sexuelle morbide dans les diverses formes et états de l’aliénation mentale. — Entraves psychiques. — Affaiblissement mental aigu. — Faiblesse mentale consécutive à des psychoses, à des attaques d’apoplexie, à une lésion de la tête ou à un lues cerebralis. — Démence paralytique. — Épilepsie. — Folie périodique. — Psychopathie sexuelle périodique. — Manie. — Symptômes d’excitation sexuelle chez les maniaques. — Satyriasis. — Nymphomanie. — Satyriasis et nymphomanie chroniques. — Mélancolie. — Hystérie. — Paranoia.

MANIE

La sphère sexuelle participe aussi souvent à l’excitation générale qui existe dans ce cas dans la sphère psychique.

Chez les maniaques du sexe féminin, c’est même la règle. Dans certains cas isolés, on peut se demander si l’instinct est réellement accentué, et s’il ne se manifeste pas seulement avec brutalité, ou bien s’il existe réellement une augmentation morbide. Dans la plupart des cas, cette dernière supposition pourrait être juste ; elle existe d’une façon certaine dans les délires sexuels ou dans leurs équivalents religieux. Selon le degré de la maladie, l’instinct accentué se manifeste sous des formes différentes.

Dans la simple exaltation maniaque et lorsqu’il s’agit d’hommes, on observe la manie de faire la cour, la frivolité, la lascivité des propos, la fréquentation des bordels ; quand il s’agit de femmes, on rencontre le penchant à faire des coquetteries dans la société des messieurs, à se bichonner, à se pommader, à parler d’histoires de mariages et de scandales, à suspecter, au point de vue sexuel, les autres femmes ; dans l’ardeur religieuse, équivalent de l’autre manie, on note des impulsions à participer aux pèlerinages et aux missions, à aller au couvent, ou à devenir au moins cuisinière d’un curé, en même temps que la malade parle beaucoup de son innocence et de sa virginité.

Au point culminant de la manie (accès furieux), on observe des invitations directes à faire le coït, l’exhibition, les propos obscènes, une irritation démesurée contre l’entourage féminin, un penchant à se barbouiller avec de la salive, de l’urine et même des excréments, des délires religioso-sexuels, où l’on est couverte par le Saint-Esprit, où l’on a mis au monde l’enfant Jésus, etc., onanisme effréné, mouvements du coït en remuant le bassin.

Chez les hommes susceptibles d’accès furieux, il faut s’attendre à des actes de masturbation éhontée, et à des viols d’individus féminins.

SATYRIASIS ET NYMPHOMANIE

On a appelé satyriasis (chez l’homme) et nymphomanie (chez la femme), des états d’excitation psychique dans lesquels l’instinct génital, accentué d’une manière morbide, tient le premier rang.

Moreau est d’avis que ces états sont d’un genre à part : il a certainement tort d’admettre cette théorie. La complexité des symptômes sexuels n’est toujours qu’un phénomène partiel d’une psychose générale (manie, folie hallucinatoire).

L’essentiel, dans l’état d’excitation sexuelle, est un état d’hyperesthésie psychique, avec participation de la sphère sexuelle. L’imagination ne présente que des scènes sexuelles, avec des hallucinations et des illusions, et un vrai délire hallucinatoire.

Les représentations les plus indifférentes provoquent des allusions sensuelles, et l’accentuation voluptueuse de ces représentations et de ces perceptions est augmentée à un vif degré. L’objet de la conscience morbide prend un empire sur tous les sentiments et toutes les tendances de l’individu ; et il y a alors une excitation physique générale, semblable à celle qui a lieu pendant le coït. Souvent les parties génitales sont en turgor constant (priapisme chez l’homme).

L’homme atteint de rage sexuelle cherche à satisfaire son instinct à tout prix, et, par là, il devient très dangereux pour les personnes de l’autre sexe. Faute de mieux, il se masturbe ou commet des actes de sodomie. La femme nymphomane cherche à attirer les hommes par exhibition ou par des gestes lascifs ; la simple vue d’un homme lui cause une surexcitation sexuelle démesurée qui se traduit ou par la masturbation, ou par des mouvements du bassin, ou en se frottant contre son lit.

Le satyriasis est rare. On remarque plus souvent des cas de nymphomanie, mais moins souvent à la ménopause. Elle peut se produire même dans la vieillesse.

L’abstinence alliée à une stimulation continuelle de la sphère sexuelle par des irritations psychiques et périphériques (pruritus pudendi, oxyures, etc.) peut provoquer ces états, mais selon toute probabilité seulement chez des individus tarés [1].

En affirmant qu’elle peut se produire aussi à la suite de l’intoxication par les cantharides, on paraît se baser sur une confusion avec le priapisme. La sensation voluptueuse qui se manifeste au début dans le priapismus ab intoxicatione cantharidis se change bientôt en une sensation contraire. Le satyriasis et la nymphomanie sont des états morbides psycho-sexuels aigus.

Il existe du reste des cas qu’on pourrait non sans raison appeler des cas chroniques de satyriasis ou de nymphomanie.

Il faut classer dans cette catégorie de malades les hommes qui, dans la plupart des cas, après l’abusus Veneris, surtout par la masturbation, souffrent de neurasthenia sexualis, mais ont en même temps un libido sexuel très développé. Leur imagination est, de même que dans les cas aigus, surchauffée, leur âme remplie d’images malpropres, de sorte que les choses même les plus sublimes y sont souillées par des images et des scènes cyniques.

Les pensées et les désirs de ces gens ne visent que la sphère sexuelle, et, comme leur chair est faible, ils arrivent, aidés par leur imagination, aux plus grandes perversités sexuelles.

On peut appeler nymphomanie chronique les états analogues chez les femmes, états qui mènent naturellement à la prostitution. Legrand du Saulle (La folie, p. 510) rapporte des cas intéressants qui évidemment ne peuvent s’expliquer autrement.

P.-S.

Texte établi par PSYCHANALYSE-PARIS.COM d’après l’ouvrage de Richard von Krafft-Ebing, Études médico-légales : Psychopathia Sexualis. Avec recherche spéciales sur l’inversion sexuelle, Traduit sur la 8e édition allemande par Émile Laurent et Sigismond Csapo, Éd. Georges Carré, Paris, 1895.

Notes

[1Comparez les cas intéressants de Marc-Ideler, II, p. 131. — Ideler. Grundriss der Seelenkeilkunde, II, p. 488-492.

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