
Les textes fondateurs de la psychanalyse, élaborés par Freud, constituent une théorisation de sa propre histoire. Au fil des décennies, bien des commentateurs se sont évertués à démasquer les personnages ou les événements, les « histoires vraies » transformées en concepts.
Une ombre n’a jamais été désignée par Freud, sinon dans sa correspondance : celle de son épouse, mère de ses six enfants : Martha Bernays (1861-1951), originaire d’une famille juive orthodoxe de Hambourg. Elle supporta, contre le gré de sa mère, une longue et éprouvante période de fiançailles avec le médecin viennois Sigmund Freud, athée et plus riche d’espoir professionnel que de revenus. Elle sera son épouse pendant plus de cinquante ans, sans jamais exprimer le moindre intérêt intellectuel pour les recherches de son mari.
Quel fut son rôle véritable aux côtés de Freud ? Confidente, voire inspiratrice, ou simple éducatrice des enfants ? Amoureuse déçue ou épouse résignée à l’abandon et aux attentions masculines du chef de famille pour sa sœur Minna ? Épouse supplantée par sa fille Anna dans l’intelligence de la recherche du père ?
Les innombrables témoignages sur la biographie de Freud alignent les détails sur la place que tint Martha, sans jamais interroger le rôle, non seulement de l’épouse, mais de la femme, qui permit à Freud d’ouvrir les premières perspectives du champ de l’érotisme dans la psychanalyse du XXe siècle.

Les auteurs
Katja Behling, psychanalyste, dresse le portrait de cette femme remarquable, en précisant combien son dévouement et sa force de caractère contribuèrent à l’élaboration des principes fondamentaux du « discours sur l’inconscient », développé par Sigmund Freud. Elle vit à Hambourg et parle français.
Anton W. Freud, dans sa préface à l’édition allemande, le fils de Martin Freud, se souvient de sa grand-mère comme d’une personnalité qui dirigeait l’entreprise du 19 Berggasse avec prudence et énergie.
Judith Dupont, psychanalyste, membre associé de l’APF, représentante littéraire de Sándor Ferenczi, fondatrice de la revue Le Coq-Héron, traductrice de l’œuvre de Ferenczi, de Balint et de la correspondance Freud-Ferenczi.

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Enfin, une longue et tardive biographie de Martha Freud qui brosse à notre intention un tableau authentique de la vie de famille de son mari, Sigmund Freud. Les spéculations à propos de la vie privée de Freud, qui vont de l’insignifiant au salace, perdront tout crédit face à cet excellent portrait d’un être humain honnête et d’une grande élévation morale, qui décrit aussi tout le travail et l’amour nécessaires pour établir et transmettre ces qualités. Martha Freud a construit un réseau de préoccupations sociales et d’assistance à ses enfants et à son mari dont l’inspiration et l’indépendance interdisent toute attitude dédaigneuse face au traditionnel stéréotype de la bonne « Hausfrau » (« femme au foyer ») dont elle fut la victime. L’ouvrage de Behling nous dépeint une femme particulière qui nous amène à remettre en question nos catégories.
Juliet Mitchell, University of Cambridge.