« Or les lettres jadis censurées montrent que Freud non seulement s’enthousiasme pour la théorie des nombres et se met à noter la périodicité d’à peu près tout, menstruations, sécrétions nasales, apparitions des dents chez les enfants, “jours critiques”, rythmes des migraines, des angines, périodes de création intellectuelle, anniversaires, etc., mais qu’il ne met jamais en doute le bien-fondé de la “névrose réflexe nasale”. Il confie même une de ses patientes hystériques, Emma Eckstein, au bistouri de Fließ, qui manque de la tuer et oublie dans la cavité nasale de la pauvre femme un demi-mètre de gaze. L’accident opératoire, en particulier l’hémorragie, traumatise Freud, mais cela ne l’empêche pas de soutenir jusqu’au bout les conceptions de son ami : “Je vais te prouver que tu as raison, que ses saignements (Blutungen) étaient hystériques, qu’ils se sont produits du fait de la désirance (Sehnsucht) et probablement à des dates sexuelles (Sexualtermine)…” » (Robert Maggiori, Libération.fr).