« Née au début du XIXe siècle, la psychiatrie se dotera d’une approche rationnelle du phénomène de la folie en arrachant le fou à son statut d’insensé pour en faire un aliéné, habité par un reste de raison. Elle oscillera sans cesse entre la causalité psychique et la causalité organique, entre la volonté de guérir et la croyance à l’incurabilité, entre le progressisme et le nihilisme thérapeutique.
C’est sur ce socle, ensuite, que la psychanalyse, discipline hautement humaniste, viendra restituer au sujet sa place dans un dispositif où la parole, comme expression de l’inconscient, prétend échapper à toute politique de surveillance visant à hygiéniser le psychisme.
[…] Tout se passe comme si elle [notre société] ne voulait plus entendre parler ni de culpabilité, ni de sens intime, ni de conscience, ni de désir, ni d’inconscient, ni de sexualité. Plus elle est narcissique et plus elle fuit l’idée de subjectivité » (Élisabeth Roudinesco, L’Humanité.fr).