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Sainte Thérèse d’Avila

Que les confesseurs soient savants

Le chemin de la perfection - Chapitre V

Date de mise en ligne : samedi 1er octobre 2005

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Suite du même sujet. Combien il importe que les confesseurs soient savants. En quels cas on en peut changer. Et de l’autorité des supérieurs.

Je prie Dieu de tout mon cœur de ne permettre qu’aucune de vous éprouve dans un monastère d’une si étroite clôture ces troubles d’esprit et ces inquiétudes dont je viens de vous parler. Que si la prieure et le confesseur sont bien ensemble, et qu’ainsi on n’ose rien dire ni à elle de ce qui le touche, ni à lui de ce qui la regarde : ce sera alors que l’on se trouvera tenté de taire dans la confession des péchés fort importants, par la crainte de ce trouble et de cette inquiétude où l’on s’engagerait en les disant.

O mon Dieu mon sauveur, quel ravage le démon ne peut-il point faire par ce moyen : et que cette dangereuse retenue et ce malheureux point d’honneur coûte cher ! Car par la fausse créance qu’il y va de la réputation du monastère de n’avoir qu’un confesseur cet esprit infernal met ces pauvres filles dans une gêne d’esprit où il ne pourrait par d’autres voies les faire tomber. Ainsi si elles demandent d’aller à un autre confesseur, on croit que c’est renverser toute la discipline de la maison : et quand celui qu’elles désirent serait un saint, s’il se rencontre qu’il ne soit pas du même ordre, on s’imagine ne pouvoir le leur donner sans faire un affront à tout l’ordre.

Louez extrêmement Dieu, mes filles, de la liberté que vous avez maintenant d’en user d’une autre sorte : puisqu’encore qu’elle ne se doive pas étendre à avoir beaucoup de confesseurs, vous pouvez outre les ordinaires en avoir quelques-uns qui vous éclaircissent de vos doutes. Je demande au nom de notre seigneur à celle qui sera supérieure de tacher toujours d’obtenir de l’évêque ou du provincial pour elle et ses religieuses cette sainte liberté de communiquer de son intérieur avec des personnes doctes, principalement si leurs confesseurs ne le sont pas, quelque vertueux qu’ils puissent être. Car Dieu les garde de se laisser conduire en tout par un confesseur ignorant, quoi qu’il leur paraisse spirituel, et qu’il le soit en effet. La science sert extrêmement pour donner lumière en toutes choses, et il n’est pas impossible de rencontrer des personnes qui soient tout ensemble et savantes et spirituelles. Souvenez-vous aussi, mes sœurs, que plus notre seigneur vous fera de grâces dans l’oraison ; et plus vous aurez besoin d’établir sur un fondement solide toutes vos actions et vos prières.

Vous savez déjà que la première pierre de cet édifice spirituel est d’avoir une bonne conscience, de faire tous ses efforts pour éviter même de tomber dans les péchés véniels, et d’embrasser ce qui est le plus parfait. Vous vous imaginerez peut-être que tous les confesseurs le savent : mais c’est une erreur. Car il m’est arrivé de traiter des choses de conscience avec un qui avait fait tout son cours de théologie, lequel me fit beaucoup de tort en me disant que certaines choses n’étaient point considérables. Il n’avait point toutefois intention de me tromper, ni sujet de le vouloir, et il n’y aurait rien gagné ; mais il n’en savait pas davantage : et la même chose m’est arrivée avec deux ou trois autres.

Cette véritable connaissance de ce qu’il faut faire pour observer avec perfection la loi de Dieu nous importe de tout. C’est le fondement solide de l’oraison : et quand il manque on peut dire que tout l’édifice porte à faux. Vous devez donc prendre conseil de ceux en qui l’esprit se trouve joint avec la doctrine : et si votre confesseur n’a ces qualités, tachez de temps en temps d’aller à un autre. Que si l’on fait difficulté de vous le permettre, communiquez au moins hors de la confession, de l’état de votre conscience avec des personnes telles que je viens de dire.

J’ose même passer plus avant, en vous conseillant de pratiquer quelquefois cet avis quand bien votre confesseur aurait de l’esprit et serait savant, parce qu’il se pourrait faire qu’il se tromperait, et qu’il serait très fâcheux que vous fussiez toutes trompées par lui. Tachez toujours néanmoins à ne rien faire qui contrevienne à l’obéissance : car à toutes choses il y a remède. Et puis qu’une âme est de si grand prix qu’il n’y a rien qu’on ne doive faire pour son avancement dans la vertu : que ne doit-on point faire lors qu’il s’agit de l’avancement de plusieurs âmes ?

Tout ce que je viens de dire regarde principalement la supérieure. Je la conjure encore une fois, que puisqu’on ne cherche autre consolation en cette maison que celle qui regarde l’âme, elle tache de la lui procurer dans un point si important. Car comme il y a différents chemins par lesquels Dieu conduit les personnes pour les attirer à lui, il n’y a pas sujet de s’étonner que le confesseur en ignore quelques-uns. Et pourvu, mes filles, que vous soyez telles que vous devez être, quelque pauvres que vous soyez vous ne manquerez pas de personnes qui veuillent par charité vous assister de leur conseil. Ce même père céleste qui vous donne la nourriture nécessaire pour le corps, inspirera sans doute à quelqu’un la volonté d’éclairer votre âme pour remédier à ce mal, qui est celui de tous que je crains le plus. Et quand il arriverait que le démon tenterait le confesseur pour le faire tomber dans quelque erreur, lors que ce confesseur verrait que d’autres vous parleraient, il prendrait garde de plus près à lui, et serait plus circonspect dans toutes ses actions.

J’espère en la miséricorde de Dieu, que si l’on ferme cette porte au diable il n’en trouvera point d’autre pour entrer dans ce monastère : et ainsi je demande au nom de notre seigneur à l’évêque ou au supérieur sous la conduite duquel vous serez, qu’il laisse aux sœurs cette liberté ; et que s’il se rencontre dans cette ville des personnes savantes et vertueuses, ce qui est facile à savoir dans un lieu aussi petit qu’est celui-ci, il ne leur refuse pas la permission de se confesser quelquefois à eux, quoi qu’elles ne manquent pas d’un confesseur ordinaire. Je sais que cela est à propos pour plusieurs raisons, et que le mal qui en peut arriver ne doit pas entrer en comparaison avec un mal aussi grand et aussi irrémédiable que serait celui d’être cause en leur refusant cette grâce, qu’elles retinssent sur leur conscience des péchés qu’elles ne pourraient se résoudre de découvrir. Car les maisons religieuses ont cela de propre que le bien s’y perd promptement si on ne le conserve avec grand soin : au lieu que quand le mal s’y glisse une fois il est très difficile d’y remédier ; la coutume dans tout ce qui va au relâchement se tournant bientôt en habitude. Je ne vous dis rien en ceci que je n’aie vu, que je n’aie remarqué et dont je n’aie conféré avec des personnes doctes et saintes qui ont fort considéré ce qui était le plus propre pour l’avancement de la perfection de cette maison.

Entre les inconvénients qui peuvent arriver, comme il s’en rencontre toujours partout durant cette vie, il me semble que le moindre est qu’il n’y ait point de vicaire ni de confesseur qui ait le pouvoir d’entrer, de commander, et de sortir, mais seulement de veiller et de prendre garde à ce que la maison soit dans le recueillement, que toutes choses s’y fassent avec bien-séance, et que l’on y avance intérieurement et extérieurement dans la pratique de la vertu ; afin que s’il trouve que l’on y manque il en informe l’évêque ; mais qu’il ne soit pas supérieur. C’est ce qui s’observe maintenant ici non par mon seul avis, mais par celui de Monseigneur Dom Alvarez De Mendoçe maintenant notre évêque et sous la conduite duquel nous sommes, personne de très grande naissance, grand serviteur de Dieu, très affectionné à toutes les religions et à toutes les choses de piété, et qui se porte avec une inclination très particulière à favoriser cette maison, qui pour plusieurs raisons n’est point encore soumise à l’ordre, ayant fait assembler sur ce sujet des hommes savants, spirituels et de grande expérience. Ils résolurent ce que j’ai dit ensuite de beaucoup de prières de plusieurs personnes, auxquelles toute misérable que je suis je joignis les miennes. Ainsi il est juste qu’à l’avenir les supérieures se conforment à cet avis, puisque c’est celui auquel tant de gens de bien se sont portés après avoir demandé à Dieu de leur donner la lumière nécessaire pour connaître ce qui serait le meilleur, comme il l’est sans doute selon ce qui a paru jusqu’ici : et je le prie de faire que cela continue toujours, pourvu que ce soit pour sa gloire. Ainsi soit-il.

P.-S.

Texte établi par Abréactions Associations d’après la traduction de M. Arnauld d’Andilly.

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