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Richard von Krafft-Ebing

Débilité mentale acquise

Psychopathia Sexualis : IV. — Pathologie spéciale

Date de mise en ligne : mercredi 18 mars 2009

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Richard von Krafft-Ebing, Études médico-légales : Psychopathia Sexualis. Avec recherche spéciales sur l’inversion sexuelle, Traduit sur la 8e édition allemande par Émile Laurent et Sigismond Csapo, Éd. Georges Carré, Paris, 1895.

Les phénomènes de la vie sexuelle morbide dans les diverses formes et états de l’aliénation mentale. — Entraves psychiques. — Affaiblissement mental aigu. — Faiblesse mentale consécutive à des psychoses, à des attaques d’apoplexie, à une lésion de la tête ou à un lues cerebralis. — Démence paralytique. — Épilepsie. — Folie périodique. — Psychopathie sexuelle périodique. — Manie. — Symptômes d’excitation sexuelle chez les maniaques. — Satyriasis. — Nymphomanie. — Satyriasis et nymphomanie chroniques. — Mélancolie. — Hystérie. — Paranoia.

DÉBILITÉ MENTALE ACQUISE

Dans la pathologie générale, nous avons déjà parlé des anomalies variées de la vita sexualis dans les cas de dementia senilis. Dans les autres états de faiblesse mentale acquise, produits par l’apoplexie, le trauma capitis, ou existant comme phases secondaires des psychoses non encore établies ou bien sur la base d’inflammations chroniques de l’écorce cérébrale (lues, dom. paralytica), les perversions de l’instinct génital semblent être très rares et les actes sexuels choquants ne semblent avoir pour origine qu’une accentuation morbide ou une manifestation effrénée d’une vie sexuelle qui en soi-même n’est point anormale.

1. — DÉBILITÉ MENTALE (IDIOTIE) CONSÉCUTIVE AUX PSYCHOSES.

Casper (Klin. Novellen, cas 31) cite un cas d’impudicité commis sur un enfant et dont s’était rendu coupable un médecin, âgé de trente-trois ans, faible d’esprit consécutivement à une maladie hypocondriaque. Il s’excusa d’une manière toute puérile, ne saisissant point la portée légale et morale de cet acte qui évidemment n’était que la conséquence d’un instinct sexuel devenu indomptable par suite de la faiblesse mentale de l’individu.

Un cas analogue est cité dans l’observation 21 de l’ouvrage Zweifelhafte Geisteszustaende de Liman (Dementia par mélancolie ; outrage à la pudeur ; exhibitionnisme).

2. — IDIOTIE CONSÉCUTIVE À L’APOPLEXIE.

Observation 147. — B...., cinquante-deux ans, a eu une maladie du cerveau à la suite de laquelle il est devenu incapable de continuer son métier de négociant.

Un jour, pendant l’absence de sa femme, il attira deux petites filles dans sa chambre, leur fait boire des boissons alcooliques, leur fit des attouchements voluptueux, leur recommanda de ne rien dire et alla ensuite vaquer à ses affaires. L’expertise a constaté une idiotie consécutive à un double accès d’apoplexie. B... qui jusque-là avait eu une conduite irréprochable, prétend avoir commis l’acte sous l’obsession d’une impulsion qu’il ne s’explique pas lui-même et lui a fait perdre la raison. Après le délit, lorsqu’il fut revenu à lui-même, il en eut honte et il renvoya immédiatement les petites filles. Depuis ses attaques d’apoplexie, B... était affaibli mentalement, incapable d’exercer son métier, à moitié paralysé, pouvant à peine parler et penser. Il pleurait souvent comme un enfant, et fit bientôt après son arrestation une tentative puérile de suicide. En tout cas, son énergie morale et intellectuelle était trop affaiblie pour combattre ses mouvements sensuels. Pas de condamnation. (Giraud, Ann. méd.-psychol., 1881, mars).

3. — IDIOTIE CONSÉCUTIVE À DES LÉSIONS DE LA TÊTE.

Observation 148. — K..., à l’âge de quatorze ans, a été gravement blessé à la tête par un cheval. Le crâne était brisé en plusieurs endroits ; il a fallu enlever plusieurs esquilles. Depuis cet accident, il paraît très borné d’esprit, violent et emporté. Peu à peu s’est développée chez lui une sensualité démesurée et vraiment bestiale qui l’amenait aux actes les plus impudiques. Un jour il viola une fille de douze ans et l’étrangla, pour qu’on ne découvrît pas son crime. Arrêté, il avoua. Le médecin légiste le déclara responsable. Exécution capitale.

L’autopsie a fait constater une soudure de presque toutes les sutures du crâne, une asymétrie remarquable des deux moitiés du crâne, des traces de fractures du crâne guéries. La moitié du cerveau affectée était traversée par des masses cicatrisées en forme de rayons ; elle était d’un tiers plus petite que l’autre moitié. (Friedreichs Blätter, 1855, fascicule 6.)

4. — IDIOTIE ACQUISE, PROBABLEMENT PAR LUES.

Observation 140. — X... officier. Sæpius cum parvis puellis stupra fecit, eas masturbare ipsum jussit, genitalia sua ostendit earumque genitalia tetigit.

X..., autrefois sain et d’une conduite irréprochable, fut atteint, en 1867, de syphilis. En 1879, il se produisit une paralysie du premier abducteur. On remarqua alors chez lui, comme conséquence de cet accident, de la faiblesse de la mémoire, un changement dans toutes ses manières et dans son caractère, des maux de tête, parfois de l’incohérence du langage, de la diminution dans la vivacité de l’esprit et de la logique, par moment de l’inégalité des pupilles, de la paralysie du côté droit de la bouche.

X..., trente-sept ans, ne présente, lors de l’examen, aucune trace de lues. La paralysie de l’abducteur subsiste toujours. L’œil gauche est ambliopique. Il est affaibli mentalement ; en présence des preuves écrasantes recueillies contre lui, il prétend qu’il s’agit d’un malentendu innocent. Traces d’aphasie. Faiblesse de la mémoire surtout pour les faits très récents, caractère superficiel de la réaction morale ; l’esprit se fatigue très vite au point qu’il perd la mémoire et la faculté de parler. Cela prouve que la défectuosité éthique et que l’instinct génital pervers sont des symptômes d’un état cérébral morbide qui a été probablement occasionné par des lues.

Les poursuites sont abandonnées (Observation personnelle. Jahrbuscher fur Psychiatrie).

5. — DEMENTIA PARALYTICA.

Dans cette maladie aussi, la vie sexuelle est affectée morbidement ; elle est accentuée dans les premières phases de la maladie et dans les états d’excitation épisodiques ; elle est quelquefois aussi perverse ; vers les dernières phases de la maladie, le libido et la puissance baissent habituellement jusqu’à zéro.

Comme dans les phases prodromiques des formes séniles, on voit se produire de très bonne heure, à côté de lacunes morales et intellectuelles plus ou moins grandes, des manifestations d’un instinct sexuel exagéré (propos obscènes, lascivité dans les rapports avec l’autre sexe, projets de mariage, fréquentation des bordels, etc.), manifestations qui se font avec un sans-gêne bien caractéristique dû à l’obscurcissement de la conscience.

Excitation à la débauche, enlèvement de femmes, scandales publics, sont dans ce cas à l’ordre du jour. Au début, l’individu tient encore quelque peu compte des circonstances, bien que le cynisme de sa manière d’agir soit déjà assez frappant.

À mesure que la faiblesse mentale fait des progrès, les malades de cette catégorie deviennent choquants par exhibitionnisme, ils se masturbent dans la rue, font des actes obscènes avec des enfants.

Des états d’excitation psychique amènent le malade à des tentatives de viol ou du moins à des outrages grossiers à la pudeur, il attaque les femmes dans la rue, paraît en public dans une toilette incomplète, pénètre en toilette négligée dans les appartements d’autrui avec l’intention de faire le coït avec la femme d’un ami ou d’épouser séance tenante la fille de la maison.

De nombreux cas de ce genre se trouvent enregistrés dans Tardieu (Attentats aux mœurs), Mendel (Progr. Paralyse der Irren, 1880, p. 123), Westphal (Archiv f. Psychiatrie, VII, p. 622). Un cas rapporté par Pétrucci (Annal. méd.-psychol. 1875) nous montre que, dans ce genre de maladie, les individus atteints peuvent être aussi amenés à la bigamie.

Ce qui est très caractéristique, c’est la brutalité avec laquelle les malades à l’état avancé procèdent pour satisfaire leur instinct sexuel.

Dans un cas rapporté par Legrand (La folie, p. 519), on surprit un père de famille qui se masturbait en pleine rue. Après l’acte, il avala son sperme.

Un malade que j’ai observé, officier, issu d’une grande famille, fit dans une ville de saison, en plein jour, des tentatives obscènes sur des petites filles.

Un cas analogue est rapporté par Regis (De la dynamie ou exaltation fonctionnelle au début de la paralysie générale, 1878).

Les observations de Tarnowsky (Op. cit., p. 82), nous apprennent que, dans les phases prodromiques et au cours de la maladie, il se produit aussi des cas de pédérastie et de bestialité.

P.-S.

Texte établi par PSYCHANALYSE-PARIS.COM d’après l’ouvrage de Richard von Krafft-Ebing, Études médico-légales : Psychopathia Sexualis. Avec recherche spéciales sur l’inversion sexuelle, Traduit sur la 8e édition allemande par Émile Laurent et Sigismond Csapo, Éd. Georges Carré, Paris, 1895.

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