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Krapp, 69 ans, s’est enregistré à chacun de ses anniversaires depuis l’âge de 24 ans. Dans ces bandes, il résume l’année passée et livre ses pensées, ses craintes, ses réussites comme ses échecs. Plus qu’un recueil de souvenirs, il s’agit d’un prétexte à l’introspection : chaque nouvel enregistrement est précédé d’une écoute attentive de quelques passages anciens, que Krapp analyse et critique sur le nouvel enregistrement. Mais arrive l’heure du bilan : en consignant sa vie sur son magnétophone, aurait-il oublié de vivre ? Ses enregistrements ne sont-ils pas simplement les fragments d’une vie rêvée ?
Ce chef d’ouvre méconnu de Samuel Beckett nous plonge dans ce qu’on pourrait appeler "l’humour à l’irlandaise" : le poète nous confronte à un homme qui a renoncé à tellement de choses - bonheur, amour, humour, en bref, la vie - qu’il en devient comique. Parodie de l’intellectuel reclus dans sa tour d’ivoire, cette pièce sonne comme un avertissement grinçant à qui ne saurait profiter du moment présent. Testament autobiographique où l’auteur nous met impitoyablement face à l’essence de ce qui nous sommes tous, cette pièce sonne comme le plus fin des carpe diem.
Samuel Beckett a écrit La Dernière bande en anglais. Il voulait d’abord en faire une pièce radiophonique, puis il décida d’en faire une pièce de théâtre destinée à accompagner la création en anglais de Fin de Partie. Les deux pièces furent donc jouées ensemble en 1958 à Londres. Aussitôt après, Beckett entreprit d’adapter la pièce en français. Elle fut créée au théâtre Récamier à Paris en 1960 dans une mise en scène de Roger Blin avec R. J. Chauffard dans le rôle de Krapp. Le texte de la pièce est édité aux éditions de Minuit depuis 1959.
Infos pratiques
Du mardi au samedi à 21h et le dimanche à 17h30 (durée du spectacle : 1h10)
– Théâtre de l’île Saint-Louis : 39, quai d’Anjou - 75004 Paris
– Métro : Pont-Marie ou Cité.
– Réservation au Théâtre de l’île Saint-Louis : 01 46 33 48 65 (réservation sur répondeur)
