Psychanalyse-Paris.com Abréactions Associations : 8, rue de Florence - 75008 Paris | Tél. : 01 45 08 41 10
Accueil > Bibliothèques > Livres > Les frontières de la folie > La folie, le talent et le génie

Alexandre Cullerre

La folie, le talent et le génie

Les frontières de la folie (Ch. X, §. II)

Date de mise en ligne : mardi 11 mars 2008

Mots-clés : ,

Alexandre Cullerre, Les frontières de la folie, Chapitre X, §. II : « La folie, le talent et le génie », Éd. J.-B. Baillière et fils, Paris, 1888, pp. 331-343.

CHAPITRE X
FOLIE ET CIVILISATION

—  — —
II
LA FOLIE, LE TALENT ET LE GÉNIE

En étudiant les dynasties, nous avons fait à plusieurs reprises la remarque que, parmi les princes, les plus illustres par leurs talents et même leur génie étaient loin d’être exempts de toute tare psychopathique, et présentaient au contraire un singulier mélange de grandeur intellectuelle et de petitesses morales, de bizarreries, d’excentricités et même de déséquilibration mentale. Ainsi Alexandre-le-Grand, Charles-Quint, Louis XI, et d’autres que nous n’avons pas nommés.

Ce fait n’a rien qui soit spécial aux grands princes ; si on étudie la biographie des hommes illustres, à quelque catégorie qu’ils appartiennent, on le retrouve avec les mêmes caractères, et l’on constate que la plupart, ou sont eux-mêmes porteurs de tares nerveuses et psychopathiques ou présentent les divers signes de l’affaiblissement de la race ; ou enfin comptent de nombreux aliénés ou dégénérés parmi leurs ascendants, leurs descendants ou leurs collatéraux.

C’est, en dépit des objections, une observation tellement générale, que la sagacité des penseurs n’a pas attendu pour le constater, que la science élucidât ce point de psychologie morbide. Nullum magnum ingenium sine mixtura dementiœ, dit Aristote. — Est aliquid delirii in omni magno ingenio, a écrit Boerhaave. — « C’est, fait dire Molière à l’un de ses personnages, une chose admirable, que tous les grands hommes ont toujours quelque grain de folie mêlé à leur science. »

Dans son beau livre sur la Psychologie morbide, Moreau (de Tours) en a réuni de nombreux exemples. Parmi les grands hommes de la guerre et de la politique, nous voyons que César et Pierre le Grand étaient épileptiques, qu’Alcibiade et Turenne étaient bègues ; que Cromwell était hypocondriaque, que Richelieu a eu des accès d’aliénation mentale et que Talleyrand était pied-bot. Le Grand Condé, le vainqueur de Rocroi, était un homme ignorant, colérique, traître, et quoique frigide, amoureux de sa soeur Longueville ; son fils unique était rachitique et mourut fou. Lord Chatham avait des tics d’esprit voisins de la folie confirmée, et sa petite-fille, lady Stanhope, la sibylle du Liban, était une espèce de folle.

Parmi les grands noms que les religions ont enfantés, Mahomet était épileptique, et avait des visions et des extases. Saint Dominique, Saint François-Xavier, Saint François d’Assises étaient extatiques et hallucinés ; ce dernier était stigmatisé, par conséquent hystérique. Ignace de Loyola fut halluciné, donna des marques d’égarement d’esprit et fut poursuivi par l’idée du suicide. Luther était halluciné ; Savonarole était halluciné : il prétendait avoir part aux révélations célestes et comme Luther il eut de grands combats à soutenir contre les démons.

Parmi les philosophes, nous trouvons Socrate, halluciné ; Pascal, névropathe et obsédé ; J.-J. Rousseau mélancolique, persécuté et suicide ; Condillac somnambule ; Saint-Simon excentrique ; Fourier, ayant passé toute sa vie dans un état d’hallucination non interrompue ; Hegel, dont la soeur était folle ; Auguste Comte, frappé d’aliénation mentale au milieu de sa laborieuse carrière.

Parmi les hommes de science, Swammerdam, mystique et aliéné ; Zimmermann, mort fou, halluciné et hypocondriaque ; Hailer, atteint à la longue, de lypémanie religieuse ; Newton frappé à la fin de sa vie de mélancolie avec stupeur ; Cuvier, qui perdit tous ses enfants de fièvre cérébrale ; Linné, génie précoce, hydrocéphale, apoplectique, mort en démence.

Si nous passons aux poètes et aux gens de lettres, nous voyons Lucrèce, atteint de manie intermittente ; Tacite, dont le fils fut idiot ; Le Tasse aliéné ; Swift mort fou ; Chatterton, Gilbert, morts suicidés ; Kleist, Klingermann, Lenz, Lenau qui se suicidèrent dans un accès de folie ; Bernardin de Saint-Pierre, persécuté ; Byron, scrofuleux, pied-bot, qui au dire de lord Dudley aurait eu des convulsions et aurait été fou ; Henri Heine, atteint d’une maladie chronique de la moelle ; Alfred de Musset, Hoffmann, Poe, alcooliques. Et nous ne parlons ni de tous ceux qui moururent à la fleur de l’âge, ni de ceux qui n’ont montre qu’une légère déséquilibration de l’intelligence ou de la sensibilité morale.

Enfin, les artistes fournissent aussi leur large part d’esprits incorrects et l’on retrouve certains tics nerveux et psychiques chez un grand nombre d’entre eux, sans parler de leurs bizarreries, de leur instabilité mentale et des excentricités qui leur sont habituelles.

Parmi les musiciens, on compte Mozart, névropathe, mort d’une maladie cérébrale ; Haendel, dont les facultés furent un instant compromises ; Beethoven, bizarre et mélancolique ; Donizetti, mort de paralysie générale ; Schumann, Chopin, morts fous. Un sculpteur et un caricaturiste de talents sont morts dernièrement à Charenton.

Un peintre bien connu, mort récemment d’une gangrène du pied, était ataxique tandis que son père était hémiplégique et aphasique, sa mère épileptique ; que de ses deux frères l’un est atteint de paralysie générale progressive et l’autre est un cérébral [1].

L’enfance et la jeunesse de certains hommes célèbres sont pleines de bizarreries et se rapprochent par plus d’un trait de ce que l’on observe chez les futurs aliénés victimes de la prédisposition héréditaire. Ainsi Lewes, le biographe de Goethe, dit de ce grand poète :

« Il n’aime point à jouer avec les autres enfants ou ne peut s’y décider que s’ils sont d’une beauté exceptionnelle. Lui présente-t-on un petit camarade dont les traits ne sont pas à son goût, il entre dans une rage noire, et il n’y a plus moyen de le calmer. Ainsi donc, dès l’âge de trois ans, il a le sentiment du beau. Il n’écoute rien avec autant de plaisir que les contes et bientôt commence d’en inventer lui-même. Il apprend tout avec une facilité singulière : c’est un enfant précoce.

« À peine l’a-t-on mis à l’école, qu’il se plaint d’avoir des camarades qui ne sont ni assez beaux ni assez spirituels à son gré. Sa mère lui reproche sa démarche prétentieuse et guindée qui le distingue désagréablement des autres. Sur quoi il répond : “Je commence par ceci ; mais un jour je saurai bien me distinguer autrement !…” Une autre fois il déclare que jamais il ne pourra se contenter de ce qui suffit au commun des hommes. La nouvelle du tremblement de terre de Lisbonne ébranle sa foi chrétienne. Il conçoit aussitôt l’idée de se mettre en rapports directs avec le “dieu de la nature”, et à cet effet, il dresse dans sa chambre un autel de sa façon ; sur cet autel, il brûle tous les jours comme symbole de l’âme une pastille odorante qu’il allume aux rayons du soleil à l’aide d’une lentille. C’est ainsi que, dans la solitude de sa chambre à coucher, ce prêtre de sept ans célèbre les rites de son culte personnel. À l’âge de treize ans, il a des accès de tristesse, et, comme il le dit lui-même, la volupté de la mélancolie, l’illusion d’une existence perdue, l’entraînement vers la solitude [2]. »

On retrouve dans la biographie de la plupart des poètes et des artistes, des particularités analogues. Chateaubriand disait de lui-même : « Mon défaut capital est l’ennui, le dégoût de tout et le doute perpétuel. » Comme plus tard Lamartine, il fut d’abord tourmenté par l’idée du suicide.

À dix-sept ans, Georges Sand était profondément mélancolique et éprouvait les mêmes impulsions au suicide : « Cette tentation, dit-elle, fut quelquefois si vive, si subite et si bizarre que je pus bien constater que c’était une sorte de folie dont j’étais atteinte. Cela prenait la forme d’une idée fixe, et frisait par moments la monomanie. »

Rien ne peint mieux la déséquilibration mentale du tempérament artistique que ces traits de la vie d’une jeune femme, peintre de talent, morte il y a quelques années :

« Se montrer, paraître, briller, voilà son rêve perpétuel. L’orgueil la dévore. Elle répète sans cesse : “Si j’étais reine !” Elle s’écrie, en se promenant dans Rome : “Je veux être César, Auguste, Marc-Aurèle, Néron, Caracalla, le diable, le pape !” Elle ne trouve de beauté qu’aux princes, au duc de H…, au grand-duc Wladimir, à don Carlos. Le reste ne vaut pas un regard.

Les idées les plus incohérentes se mêlent dans sa tête. C’est un étrange chaos. Elle est très pieuse ; elle prie Dieu matin et soir : elle lui demande un duc pour mari, une belle voix et la santé de sa mère. Elle s’écrie, comme le Claudius de Shakespeare : “Il n’y a rien de plus affreux : que de ne pouvoir prier.” Elle a une dévotion spéciale à la sainte Vierge ; elle pratique la religion orthodoxe et elle lit l’avenir dans un miroir brisé, où elle découvre une multitude de petites figures, un plancher d’église en marbre blanc et noir, et peut-être un cercueil. Elle consulte le somnambule Alexis, qui voit dans son sommeil le cardinal Antonelli ; elle se fait dire pour un louis la bonne aventure par la mère Jacob. Elle a toutes les superstitions : elle est persuadée que le pape Pie IX a le mauvais oeil. Elle craint un malheur parce qu’elle a vu la nouvelle lune de l’oeil gauche. Ses idées changent à tout moment. À Naples ; tout à coup, elle se demande ce que c’est qu’une âme immortelle qui se replie devant une indigestion de homard. Elle ne conçoit pas qu’un malaise de l’estomac puisse faire envoler la céleste Psyché, elle en conclut qu’il n’y a pas d’âme, que c’est “une pure invention”. Elle voyage sans cesse, allant de Nice à Rome, de Rome à Paris, de Paris à Pétersbourg, à Vienne et à Berlin. Sans cesse errante, elle s’ennuie sans cesse. Sa vie lui semble amère et vide. “Dans ce monde, dit-elle, tout ce qui n’est pas triste est bête, et tout ce qui n’est pas bête est triste.” Elle manque de tout, parce qu’elle veut tout. Elle est dans une affreuse détresse, elle pousse des cris d’angoisse. Et pourtant elle aime la vie [3]. »

Lombroso a résumé, dans les propositions suivantes, les particularités pathologiques des hommes de talent qui sombrent plus tard dans la folie : Ils manquent, en général, de caractère et surtout de modestie ; ils donnent de très bonne heure des signes de précocité ; ils sont portés à abuser des substances narcotiques et enivrantes ; ils présentent des anomalies du sens génital ; ils ne peuvent rester en place et voyagent sans cesse ; ils changent souvent de carrière et d’études ; ils sont les véritables pionniers de la science ; ils ont un style propre, passionné, coloré ; ils sont tourmentés par le doute religieux ; ils se préoccupent sans cesse de leur personnalité et sont perpétuellement ballottés entre des états d’éréthisme et d’atonie.

Beaucoup d’hommes de talent sont. des mélancoliques, des obsédés, des hypocondriaques. Je n’en veux pour exemple que ce passage caractéristique de la biographie de Talma :

Talma fut toute sa vie un dépensier, toujours endetté et toujours courant après l’argent pour satisfaire ses créanciers, ce qui ne contribuait pas peu à accroître sa mélancolie naturelle, car ce grand artiste était un mélancolique et même, par moments, un hypocondriaque : « Lorsque je vais au spectacle, disait-il un jour à sa femme, et que je vois tous ces êtres rassemblés, parés et joyeux, je fais toujours cette réflexion : Dans peu d’années ils seront tous dans le cercueil et ce sera pour l’éternité ! Le croiras-tu, disait-il encore, quand je considère une femme, ses formes gracieuses, ses traits charmants, je cherche â voir ce que serait le squelette de cette jolie créature ; je le découvre sous la chair ; mes yeux et mon esprit ont pris cette habitude, et, malgré mes efforts, je la vois toujours ainsi. » D’autres fois, c’étaient des terreurs dont il ne pouvait se défendre : tantôt il se croyait près de devenir aveugle ; tantôt il craignait de tomber mort dans la rue ; souvent il pensait être paralysé. Un jour, en jouant Cinna, racontait-il à Audibert, il entrevit autour de lui des abîmes sans fond. Une fois, il lit dans un journal l’affreux récit d’un crime ; il croit avoir devant les yeux la tête coupée de la victime ; il fuit, il marche à l’aventure, entre dans une église, en ressort, va sans savoir ou et se rappelle enfin qu’il doit jouer Hamlet. « Ce soir-là, disait-il, quand je levai le poignard sur ma mère, je me fis peur à moi-même [4] ».

Inutile de multiplier les preuves de cette déséquilibration mentale naturelle aux hommes de talent et de génie. Leurs biographies et leurs mémoires nous fourniraient à ce point de vue des matériaux inépuisables ; nous y renvoyons le lecteur.

Ce singulier phénomène, constaté depuis les siècles les plus reculés, n’a reçu un commencement d’interprétation scientifique qu’à une époque encore récente. On connaît le célèbre argument du livre de Moreau (de Tours) sur la Psychologie morbide :

« Les dispositions qui font qu’un homme se distingue des autres hommes par l’originalité de ses pensées et de ses conceptions, par son excentricité ou par l’énergie de ses facultés affectives, par la transcendance de ses facultés intellectuelles, prennent leur source dans les mêmes conditions organiques que les divers troubles moraux dont la folie et l’idiotie sont l’expression la plus complète. »

En d’autres termes, le génie est un état névropathique, un véritable éréthisme nerveux développé dans un cerveau semi-morbide. D’après divers auteurs, on en trouve la preuve dans l’analogie étroite qui existe entre l’inspiration, l’enthousiasme et l’excitation maniaque ; analogie admise de toute antiquité, au point que les Grecs désignaient par le même terme de Mania la folie et l’inspiration poétique et prophétique.

Suivant Moreau (de Tours), l’état névropathique apporte avec lui dans l’organisme un nouvel élément de vie, imprime une impulsion inaccoutumée au jeu des organes, et spécialement des appareils chargés des manifestations nerveuses. Il en serait de même de certaines autres maladies chroniques comme la scrofule et le rachitisme, dont l’idiotie est le produit. Aussi, se croit-il, après avoir administré des preuves de la thèse précédente, autorisé à conclure que le fonctionnement intellectuel ne saurait être plus parfait que lorsque ces divers états morbides se trouvent réunis chez le même individu, c’est-à-dire lorsque le sujet est d’une constitution tout à la fois rachitique, scrofuleuse et névropathique.

Le mérite de Moreau (de Tours) a été de poser nettement le problème des parentés du génie et de la folie. Quant à la solution qu’il en a donnée et dont nous venons de résumer les principales propositions, elle n’a plus guère, pensons-nous, qu’un intérêt historique. L’assimilation, par exemple, de l’activité de l’homme de génie avec l’excitation maniaque de l’aliéné est une pure hypothèse que rien de positif ne justifie. S’ils étaient de même nature, il ne saurait y avoir entre l’éréthisme génial et l’éréthisme pathologique qu’une simple différence de degré et l’on verrait, chose absolument singulière, ou le génie aboutir à la folie, ou la folie aboutir au génie. Si l’on veut bien consulter l’histoire, on verra que si quelques personnages remarquables sont devenus effectivement aliénés, le fou devenu subitement homme de génie est encore à naître.

Au reste, le génie est un état complexe dont aucune définition satisfaisante n’a encore été donnée. Où est l’excitation maniaque dans le génie d’un Newton ou d’un Napoléon ? Où est même simplement l’éréthisme ? Il semble bien que chez les plus grands hommes, le génie soit plutôt un don, une sorte d’instinct, une force agissant d’elle-même, sans effort et sans trouble. Encore, toute naturelle qu’elle soit, cette force ne puise-t-elle pas rien qu’en elle-même tous ses moyens d’action et de développement ; elle en tire une partie des circonstances et du milieu. Ce fait qu’à certaines époques les génies se multiplient et qu’à d’autres ils manquent d’une façon absolue en est une preuve caractéristique. Une autre preuve qu’il y a dans tout génie deux choses : ce qu’il doit à lui seul et ce qu’il doit à son milieu, c’est que chaque époque semble se résumer dans une forme spéciale de génie : les génies religieux dans les époques de décadence et d’anarchie sociale ; les génies militaires dans les époques de luttes de peuples ; les génies scientifiques artistiques et littéraires, dans les temps de paix et de richesse ; les génies politiques dans les époques de révolutions.

Le génie n’est donc pas un genre de folie, mais le génie et la folie puisent à la même source une commune origine. S’ils ne sont pas nécessairement par eux-mêmes une excitation, le talent et le génie sont nécessairement le résultat d’excitations accumulées et transmises. Ils sont eux aussi le produit de la sélection sociale. Les statistiques de personnages célèbres ou remarquables établies par le Dr Jacobi, prouvent que, d’une façon générale, il y a corrélation entre le nombre des talents fournis par une région donnée, la proportion de la population urbaine et la densité de la population totale. Plus la vie intellectuelle et sociale est active dans un pays, plus la population est dense, plus il y a de villes, c’est-à-dire de centres où les fonctions cérébrales sont sollicitées à une activité intense, et plus il naît de talents et de génies.

Mais les statistiques démontrent aussi que la folie et les dégénérescences sont d’autant plus nombreuses dans une agglomération ; que la tension intellectuelle y est plus considérable. Talent et folie sont donc le résultat de l’excitation intellectuelle de générations successives transmise par l’hérédité.

Plus la tension intellectuelle et l’excitation seront fortes chez les individus d’une génération et plus il y aura de chances pour qu’elles produisent chez leurs descendants des capacités hors ligne, de brûlants esprits, de grands talents, mais en même temps des déséquilibrés, des génies partiels, des psychopathes, des nerveux et des dégénérés. Chez un homme illustre par son mérite intellectuel, quelques bizarreries morales, quelques excentricités, quelques idées fixes ne font que déparer un peu ses hautes facultés ; chez un esprit médiocre, elles constituent des difformités mentales, qui sans aucun contre-poids, se développent à l’aise, et aboutissent à un trouble complet et général de l’intelligence.

Avec un exercice cérébral modéré mais soutenu, le perfectionnement est sans doute plus lent, mais plus régulier, plus stable ; les générations ont une santé psychique plus forte, mieux équilibrée. Mais avec l’abus de l’activité cérébrale et le surmenage du système nerveux, l’effort de l’hérédité devient plus capricieux, ses résultats moins fixes, les à-coups et les malfaçons plus nombreux ; et il aboutit d’une façon beaucoup plus rapide aux formes pathologiques, aux anomalies morales, à la dégénérescence et à l’abâtardissement de la race.

P.-S.

Texte établi par PSYCHANALYSE-PARIS.COM d’après l’ouvrage de Alexandre Cullerre, Les frontières de la folie, Chapitre X, §. II : « La folie, le talent et le génie », Éd. J.-B. Baillière et fils, Paris, 1888, pp. 331-343.

Notes

[1Charcot, Gazette des hôpitaux, 1887. Si nous ne parlons pas davantage des contemporains, c’est par un sentiment de réserve que l’on comprendra.

[2Lewes, Goethe’s life and works.

[3Marie Bashkirtsef, son Journal. Paris, 1887. — Le Temps, 18 juin 1887.

[4Alfred Copin, Talma et l’Empire.

Partenaires référencement
Psychanalyste Paris | Psychanalyste Paris 10 | Psychanalyste Argenteuil 95
Annuaire Psychanalyste Paris | Psychanalystes Paris
Avocats en propriété intellectuelle | Avocats paris - Droits d'auteur, droit des marques, droit à l'image et vie privée
Avocats paris - Droit d'auteur, droit des marques et de la création d'entreprise