Ne prétendons plus à la neutralité, mais tenons compte de l’efficace psychanalytique et de sa résistance, de ses spéculations et stratagèmes, interpellons de façon critique, ouvrons des brèches : c’est œuvrer à la psychanalyse “en fracas”.
Faut-il encore soumettre le discours psychanalytique à la rigueur de la preuve, aux chaînes de la conséquence, aux contraintes internes du collectif ? Faut-il toujours articuler, et, surtout, ne plus ignorer ce que certains voudraient laisser tomber ou réduire sous les dogmes de diverses chapelles ? Faut-il enfin déterminer la spécificité de l’après-coup psychanalytique et de ce qu’elle arraisonne ?
Que propose-t-on à la psychanalyse alors que nous vivons dans un espace pluridisciplinaire, global où toutes les valeurs préfabriquées normalisent banalisent l’être ? Où des revues, articles, de tout poil, semblent, plus qu’informer, nous rendre un amalgame de savoirs qui donnent une impression de fadeur, lorsque rivalisant de diagrammes abscons, ils font la statistique de leur propre médiocrité telle un “semblant” juste bon à décomposer, fragmenter, un tout qui ne sera donc jamais compris exhaustivement.
Jamais l’enseignement de la psychanalyse n’a fait de la psychanalyse une recherche “limitée corporativement en en une weltanschaung réservée aux seuls initiés”. Initiés de l’héritage freudien, lacanien, etc.
Tous les membres du collectif, responsables, intervenants, contribuent à élever la psychanalyse en un espace spéculatif, telle une recherche fondamentale. On n’y apprend ni des systèmes, ni des cultes, on y reçoit un éveil de la pensée dépassant les limites de la psychanalyse pure pour se tourner vers l’ethnologie à l’exemple de Frazer ou de Malinowski et dans ce pluralisme se dégagent des idées non-dirigistes, des non-certitudes en quelque sorte.
Jamais cette recherche ne prendra matrice dans une quelconque corporation, guilde, défendant ses droits et privilèges plutôt que la pertinence de ses doutes. Cet enseignement ne se développera pas à l’encontre d’autres écoles. Telle serait la seule façon de renouer avec la pensée freudienne. Renouer avec ces passeurs ne consiste pas à enseigner la psychanalyse, ni même à prétendre à réinventer la psychanalyse, mais à penser, réfléchir, à un élément même irrationnel au collectif, quitte à déconstruire pour ensuite mieux rebâtir, ce qui est vrai pour un est différent pour l’autre.
Bien sûr, c’est l’étude des textes qui sera la pierre angulaire du “Comment savoir poser un problème” et à lui donner une solution argumentée, raisonnée, en évitant toutefois d’être trop conceptuelle.
Que proposera-t-on à ces enseignants ? Avant tout une méthode car cet enseignement n’est pas une entreprise de formation où le collectif accouchera d’apprentis sorciers.
Le professeur de psychanalyse commencera la lecture d’une œuvre freudienne. Mais renouer avec l’héritage freudien ne reviendra pas à se prendre soi-même pour cette figure originaire de la pensée psychanalytique, mais à devenir ce passeur d’idées consistant à comprendre et à faire comprendre leur traversée à ce siècle tumultueux.