S’il est commode de se représenter le Moi comme directement issu de la réconciliation entre le principe de plaisir et le principe de réalité, force est de reconnaître qu’il est néanmoins à l’origine, constitutif d’un mode de défense contre les déplaisirs imposés par la réalité extérieure. Pire, le Moi, cette instance psychique dont le caractère idyllique est si souvent vanté, ne semble pas tant être à l’origine de l’amour, que de la haine et, notamment, de la haine des excitations d’origines sexuelles. C’est ce résultat sans aucun doute surprenant que Freud réaffirme pourtant tout au long de son œuvre. Le Moi se constitue sur le socle de la haine du sexuel, sur un rejet des pulsions sexuelles et c’est, précisément, pour cette raison, qu’il est rarement en mesure d’être le maître dans sa propre maison.