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Cartel sur « Télévision »

L’amour, le transfert et la passe

9e séance (27 mai 2010)

Date de mise en ligne : vendredi 10 septembre 2010

Auteur : Guy MASSAT

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Guy Massat, « L’amour, le transfert et la passe », neuvième séance du séminaire 2009-2010, au café Clovis, le jeudi 27 mai 2010.

L’inconscient, pas le préconscient, pas le conscient, l’inconscient, celui de Freud et de Lacan, n’est pas celui des philosophes, c’est-à-dire un inconscient relatif à la conscience. L’inconscient le vrai, celui de la psychanalyse, est autonome, dynamique et précède toute conscience. Pour qu’un philosophe puisse admettre ce point de vue, il lui faudrait sortir de son œuf, mais il est est impossible par définition, à un philosophe, de briser l’œuf de la conscience. Pourtant, si vous ne partez pas de ces spécificités paradoxales : « autonome dynamique et antérieur à la conscience », si vous ne faîte pas, en quelque sorte de l’homme-conscient de lui-même une omelette ou un œuf brouillé, vous ne pourrez accéder à la dialectique des refoulements et des résistances entre le ça, le moi et le surmoi, c’est-à-dire à la deuxième topique. Refoulements et résistances comparables, par leur intensité, aux combats des Trois Royaumes dans la Chine du troisième siècle, chef d’œuvre chinois de la littérature mondiale de Louo Kouan Tchong. Vous en resterez à la question ovoïde et lisse, fragile et peureuse, de la page 47 de Télévision : « … si l’on jouit si mal c’est la faute à la famille, au capitalisme et à la société… » Non, réplique Lacan, le refoulement est premier. Nous ne devons pas à nos pères d’être perdus. Le refoulement précède toute intentionnalité si fascinante soit-elle. À prendre la conscience pour la vie nous passons à côté du Réel. Il y a d’abord la parole, la parole du vide, puis viennent les faits qui se combattent les uns les autres. L’inconscient freudien — qui constitue une coupure épistémologique dans la pensée occidentale — est un langage qui s’exprime dans et à travers les mots de toutes les langues, y compris les langues des signes et celle des traces. L’inconscient se dit dans la bifurcation des signifiants et des signifiés et de leurs mutations. Comme le ça leur est antérieur il est capable de les retourner, quand il veut, comme on peut faire avec des gants. Le retournement des gants fait passer la droite à gauche et la gauche à droite comme le vrai en faux et le faux en vrai, le mal en bien, l’amour en haine et inversement. Cet inconscient, ce ça, ne se réduit pas pour autant au langage du non-dit ou « du sous texte » comme certains le croient ordinairement. Le langage de l’inconscient, celui du ça, qui précède toutes les langues, a le pouvoir de déchirer, déchiqueter, pulvériser les mots en leurs parties sonores et graphiques, pour en faire surgir une multitude de sens inattendus qui n’ont plus rien à voir avec la lourdeur et la douleur du mot initial qui essayait dans son arrogance naïve de les refouler. Contrepèteries, homophonies grossières, anagrammes, éthymojolie — plus jolie que logie — néologismes sauvages, toutes les désatomisations des langues lui sont permises. Cette règle fondamentale de la psychanalyse, cette interprétation libre, ce principe de désatomisation des mots qui se prétendaient atomiques (indivisibles), a pour effet de libérer l’énergie refoulée par la langue ordinaire, ou la langue savante ou la langue sacrée, ou autres.

Bien sûr, ce n’est pas sans danger. On y risquerait la psychose et ne plus en sortir, si on ne connaissait pas le « bien dire » de la méthode psychanalytique freudo-lacanienne. C’est que d’une certaine façon, la pratique de la dénucléarisation d’un mot est encore plus dangereuse dans l’inconscient, que l’énergie de la fission atomique. C’est, en quelque sorte, ce qui se passe dans le soleil : fission et fusion des atomes pour création d’autres atomes : là, à jouer sur les anagrammes de « signe », fission et fusion de « singes » avec production de « cygnes ». Avec la parole, soulignons-le, encore une fois, nous nous situons bien avant la physique.

La physique moderne a découvert la non substantialité de la matière, l’insubstantialité de toutes choses. S’il n’y a pas de substance, s’il n’y a plus de chose, comme le montre Bachelard dans son Nouvel Esprit Scientifique (Gallimard), s’il n’y a que de « l’achose », n’est-ce pas que l’univers et nous-mêmes ne sommes plus que du langage ? Lacan aurait-il raison ? Non seulement il a raison mais ce n’est pas parce sa génération a découvert que l’atome était déconstructilisable que tout à présent se réduirait au langage. C’est, au contraire, parce que les mots des cinq mille langues de notre planète sont d’abord des diviseurs-divisibles que la matière est inconstante et ce monde flottant. Cela n’empêche nullement la souffrance, au contraire on la désire avidement. Car c’est l’avidité justement qui nous donne l’illusion d’être. En quoi, on le comprendra, le rôle du psychanalyste s’avère essentiellement clinique. L’analyste, en séance, n’est qu’une espèce de catalyseur, du grec καταλύειν, signifiant dénouer. Il sait, même si c’est d’un savoir non su, dénouer les mots les plus cryptés et les faire se renouer immédiatement dans un autre nouage toujours en faveur de l’analysant grâce à une dynamique bien tempérée du transfert inconscient, qui, mal compris, est une arme à double tranchant. C’est en quoi il ne peut y avoir de psychanalyste qui n’aurait pas su conduire sa propre psychanalyse sur le divan d’un autre psychanalyste. Le « transfert, le trans-faire » consiste à faire (fert) aller par delà (trans) les signifiants et les signifiés. Aller par de là pour savoir y faire y avec eux. Le transfert psychanalytique est comme l’arête figurant le ça sur une bande de Moebius.

Le transfert inconscient, est donc, entre autres, ce qui différencierait le psychanalyste de l’humoriste. Les humoristes font aussi des jeux de mots. Ils dénouent par le rire dont la nature dénoue, mais ils ne renouent pas, ils ne se replacent pas sur l’arête de la bande de Moebius. Delà la difficulté ordinaire pour chacun, de se remémorer les histoires drôles ou les situations qui l’ont fait rire. Les humoristes ne travaillent que dans la dimension unilatère du conscient. Ils ne connaissent pas la méthode lacanienne dite de « la paranoïa-critique ». Ils ne sont pas dans la position d’ultra vide de l’analyste, c’est-à-dire en chinois : « sans désir, 無欲 ni demande, 無求 », c’est-à-dire manipulés ni par le désir ni par la demande. Ils ne travaillent que dans la répétition et l’automatisme des transferts conscients et préconscients, face et dos de la bande de Moebius qui, par définition, se doit d’être sans arêtes. C’est pourquoi la plupart des humoristes souffrent le plus souvent d’une dépression plus ou moins diffuse dont ils combattent le cercle vicieux avec des médicaments, de l’alcool ou des drogues, ou les trois réunis.

Dans sa lettre du voyant Rimbaud, expert dans les dimensions de l’inconscient, ou de la poïèsis, explique : « Il faut être académicien, plus mort qu’un fossile, pour parfaire un dictionnaire, de quelque langue que ce soit. Des faibles se mettraient à penser sur la première lettre de l’alphabet (a) qui pourraient vite ruer dans la folie ! »

À la manière de la poïèsis (en grec « production d’œuvre d’art ») le langage du vide inconscient produit et articule toutes les langues. Il se moque de la logique formelle dont il est pourtant à l’origine. C’est pourquoi il est rejeté, refoulé, dénié par toutes les formes de l’esprit de sérieux si bien incarné par la Samcda. C’est une espèce de bombe à fragmentation des mots et des lettres de toutes les langues que nous utilisons. À partir de quoi, les voit reprendre elles mêmes continuellement, mais sous des angles neuf. C’est un langage sans charité pour les idées empaillées et sans compromission pour les conventions du passé bien qu’il les respecte et sait en tenir compte.

La conscience est un songe et l’inconscient le réel. Réel de la parole pour laquelle chaque mot restera toujours, au-delà de son apparence, « un abîme sans fond sans rien de sacré ». Comme dit Cocteau dans le sang d’un poète : « Les miroirs devraient réfléchir davantage avant de nous renvoyer les images », dont ils essaient de nous faire croire qu’elles sont les vraies. Tels sont les miroirs éphémères de la conscience dont la parole du vide de l’inconscient est la libération.

Selon la Prajna Paramita, qui est le plus important des textes bouddhistes du Mahayana, attribué à Nagarjuna (IIe siècle), en chinois : 般若波羅蜜多/般若波罗蜜多, « le vide ne diffère pas des formes et les formes ne diffèrent pas du vide ». Ce point de vue qui, comme celui du taoïsme, réduit toute chose à la parole (en chinoisTao, 道) serait l’expression de la plus haute sagesse. C’est la rencontre de la Prajna Paramita avec le taoïsme qui a produit le Tchan : « Le vide ne diffère pas des formes et les formes ne diffèrent pas du vide » : 空不异色 , 色不异空 :空, kong, ( le vide),不,bu, (ne),异,yi, (diffère),色, se, (des formes). Le vide ne diffère pas des formes et les formes ne diffèrent pas du vide parce que les formes comme le vide sont impermanents. La parole se déroulant dans le temps a toutes les caractéristiques de l’impermanence. Dans Acheminement vers la parole Heidegger nous le souligne : « La parole elle-même n’est autre que l’abîme » (p. 15). Le ça, wu min, 無名, parle. Wu ming tian di zhi shi, dit Lao tseu, 無名天地之始 : « le ça, ce qui est sans nom, produit le ciel et la terre. » Ce que la pratique du tchan énonce ainsi : (禪)不异坐 , tchan bu yi tsö, « le tchan ne diffère pas du tsö tchan (坐禅) », c’est-à-dire de l’assise du tchan. Le tsö tchan est l’assise du corps les jambes croisées, le dos droit et le menton rentré, posture du Bouddha, accessible à tout le monde. L’éveil n’est donc que la posture de l’éveil. Pourquoi ? Parce que justement : « Le vide ne diffère pas des formes ». C’est ce que soutenait Maître Deshimaru en introduisant, à la fin des années soixante, le tsö tchan en Europe, où il compte aujourd’hui des milliers de disciples.

De plus — ce qui n’est pas sans évoquer curieusement la psychanalyse lacanienne — il y est dit dans la Prajna Paramita que toute la sagesse, en tant que sagesse du vide se trouve condensée, essentialisée dans la lettre A, préfixe sanscrit négatif. Tout ce réduit à la parole. « A » serait la parole qui rassemble le vide et les formes. Il n’y a rien, ni chose ni pensée, ni conscience, mais ça parle. La parole du vide se prononce. Comme disait les sophistes : il n’y a rien et pas même rien, puisqu’il faut le dire.

L’enseignement de Lacan pourrait se réduire, d’une certaine façon, aux métamorphoses du A en tant que parole : Grand A, petit a, petit autre, objet petit a, grand A barré, S de grand A, i de a. I de A, S barré par a. D barré par a. Tous ces « a » résument le discours inconscient : « a » de la jouissance, « a » de la douleur, « a » de l’étonnement, « a » de l’admiration « a = 3 » de Pythagore. « C’est le a qui a produit le o », nous dit encore Saussure dans son traité sur l’origine des voyelles. Le « a » c’est le vide en sa propre poussée. En chinois c’est « wu », 無, c’est-à-dire le rien en son déploiement le plus intense : 無欲無求, « par de là toute demande et tout désir ».

De ce point de vue ne pourrait-on pas s’autoriser à faire une sorte de tour du monde de quelques grands concepts de la philosophie, puis, sans pudeur de les retourner et de les retrousser en leur lettres ? Qu’est-ce que le moi, par exemple. Le moi c’est « le mot a » ! Et le surmoi ? Le surmoi c’est le « sur mot A », le supposé savoir. On rencontrerait une douzaine de « mot a » par an, cinq fois quatre douze : il y aurait donc le « mot a » dans les quatre saisons comme dans « les quatre discours » et par voie de conséquence dans tous les autres. Le moi est un « mot a » sans moi, impermanent et sans substance dans les dimensions de l’inconscient.

Qu’est-ce que le noumène (la chose en soi, qui est indéfinissable et à l’opposé des phénomènes) ? Le noumène se ramènerait, vous l’entendez aussi, à « ce qui nous mène ». Husserl, le philosophe de la phénoménologie, qui eut le même professeur que Freud, Franz Brentano, lequel enseignait que les phénomènes physiques n’ont d’existence qu’intentionnelle alors que les phénomènes psychiques sont une réalité, l’entrevoit parfaitement lorsqu’il dit que le noumène ne relève que de la poésie et de l’art. « Le noumène, explique Husserl, est la réalité intemporelle, indéfinissable telle qu’elle est, on peut au mieux l’effleurer sans jamais pouvoir la décrire avec les mots ou la cerner à l’aide de concepts (les concepts et les mots empaillés du conscient, bien sûr). Le noumène est l’opposé des phénomènes qui désignent les « objets » tels qu’ils nous apparaissent, poursuit Husserl : matériels (tables, murs, livres etc.) ou immatériels (les faits, les émotions, les pensées), qui ont un début et une fin, et qui sont définissables ».

Le discours inconscient est donc bien le noumène en tant qu’il « nous mène ». Le noumène n’avait jamais été conçu comme dynamique et autonome avant Freud et encore moins comme parlant. Autre question : Qu’est-ce que le « toi » ? Le toi c’est « le taux a », la « valeur du a ». Quelle est cette valeur ? C’est, répond Lacan, « l’objet petit a », l’objet le plus précieux de la psychanalyse, l’objet central de la psychanalyse, la valeur du nombre d’or dans ses rayonnements irrationnels. Alors, dans cette perspective, ce que l’esprit nomme le « soi », serait le « sceau a », c’est-à-dire l’ « a » authentifié par un sceau, ou par un sot, ou par le sceau d’un sot. Mais quel sceau de quel sot ou quel sot de quel sceau ? Mais tout simplement celui d’un autre « a » en vertu de la formule lacanienne bien connue : « le signifiant représente le sujet pour un autre signifiant ». Le signifiant sceau, ou sot, ou seau n’est que le représentant du sujet pour un autre signifiant. Le « pour soi » ( c’est-à-dire la conscience) ne serait autre qu’un « pourceau a », autrement dit le « petit cochon du a » qui, sur son tas de fumier prétendrait que « le ça » fait « sale ». Ce qui est un comble quand on sait que la conscience, ou pourceau, n’est qu’un excrément de l’inconscient. Le pourceau de la conscience a toujours la prétention de donner des leçons à la déesse Athéna de l’inconscient. « Sus Minervam docker », disaient les Latins : « le porc fait la leçon à Minerve ». Le pour soi, ressemble encore au pourceau du « Singe pèlerin » qui ne peut s’empêcher de mettre son nez partout en quête d’offrandes.

Tout cela n’est-il pas absurde ? Certainement, infiniment absurde avec un grand A, sans fond ni limite. Et cependant, que pourrait-on changer à notre existence si nous n’avions pas à notre portée cette « volonté de puissance » qu’est l’Absurde ? Il faut donc devenir absurde, reconnaître l’absurde, se faire absurde dans un dérèglement de tous les mots pour se délivrer des maux. Car l’Absurde produit l’Art. L’Absurde n’a pas de sens, mais c’est pourtant lui qui en produit continuellement. Si tout est absurde, sans sens, sans but, sans raison, c’est à partir de l’absurde que peut seulement se fabriquer du sens et des sens perpétuellement nouveaux. L’Art produit du sens à partir du non sens. Puis l’Art, lui, produit l’Amusement. S’il n’y avait pas d’Amusement (du fraude en allemand, c’est-à-dire de la joie, du plaisir) la vie s’abîmerait dans l’insupportable. En outre, l’amusement le plus amusant n’est-il pas de créer ? La joie est créatrice. En ce sens, l’Amusement produit de l’Argent puisqu’il est produit des choses appelées marchandises. L’Argent à son tour favorise les meilleures conditions de possibilité pour l’Amour avec un grand A. Et l’Amour retourne à l’Absurde, sa puissance adorée. De sorte qu’on peut réaliser une étoile à cinq branche pour illustrer la dynamique des métamorphoses du A lacanien : 1) A de l’Absurde ; 2) l’A de l’Art ; 3) l’A de l’Amusement ; 4) l’A de l’Argent ; 5) l’A de l’Amour. Ces cinq A sont à placer sur chacune des branches d’une étoile pour en faire la plus brillante des étoiles, Aphrodite, en grec, ou Vénus, en latin, ou « étoile d’or », en chinois : 金星, en tout cas étoile de la beauté.

C’est que le discours analytique apporte « du nouveau dans l’amour » (Télévision p. 49), énonce Lacan : « Ce n’est pas, dit-il, que tout le monde soit averti de ce nouveau qui court les rues, mais il ne réveille personne pour la raison que ce nouveau est transcendant : le mot est à prendre du même signe qu’il constitue dans la théorie des nombres, soit mathématiquement ». En mathématique les nombres transcendants ne sont jamais rationnels. Le nombre transcendant est un nombre irrationnel qui transcende tous les nombres rationnels. Le nombre irrationnel désigne l’incommensurabilité d’un nombre. « D’où, poursuit Lacan, il se supporte du nom de trans-fert » (Télévision p.49).

Dans le séminaire XXIV (1976-1977) de Lacan, qui s’intitule, insupportablement pour tous ceux qui n’entendent rien à l’inconscient : « L’insu que sait de l’une-bévue s’aile à mourre ». On y apprend justement que « l’inconscient n’est pas l’inconscience », c’est-à-dire que l’inconscient n’est pas la suppression de la conscience dite ordinairement « inconscience », mais, bien au contraire, que l’inconscience est un produit de la conscience. L’inconscience vient après la conscience, comme l’Alzheimer, alors que l’inconscient, lui, précède la conscience. Cette petite formule : « L’inconscient précède la conscience » claironne la fin de la philosophie. C’est le requiem pour la mort de cette vieille matrone de philosophie. Cette mort fut annoncée par Heidegger citant Nietzsche, dans Achèvement de la métaphysique : « Dès que, par la dévaluation des valeurs jusqu’ici suprêmes, le monde paraît privé de valeur, quelque chose d’extrême passe au premier plan et ne peut à son tour laisser la place qu’à quelque chose de tout aussi extrême ». Qu’est-ce qui peut bien surgir après l’achèvement de la métaphysique occidentale ? Ne serait-ce pas la psychanalyse lacanienne entrelacée à la pensée chinoise, tel le serpent et l’aigle de Zarathoustra ? Qui est le serpent et qui est l’aigle, demanderez-vous ? Tour à tour l’un et l’autre, l’un se métamorphosant en l’autre et inversement. Dans le même sens, Stephen Hawking dans sa leçon inaugurale d’intronisation à la chaire de mathématique de Cambridge, où il succédait à Newton et à Dirac, annonce : « Commencement du temps et fin de la physique ». Nietzsche a mis fin à la philosophie. Mais toute fin implique l’annonce d’autre chose. Qu’y aura-t-il après la philosophie ? Il y aura l’inconscient freudo-lacanien, la psychanalyse et la pensée chinoise, celle de Tchouang tseu, de Lao tseu, de Houein neng, de Lin tsi.

C’est justement en quoi, le discours analytique, introduit, poursuit Lacan dans Télévision (p. 49), « du nouveau dans l’amour ».

Qu’est-ce que l’amour ? L’amour c’est la mourre. (« L’insu que sait de l’une bévue, c’est la mourre ») Qu’est-ce que la « morue » ? La mourre est un jeu de doigts qui remonte à la plus haute Antiquité. On le retrouve sur tous les continents. C’est jeu aussi simple qu’il est ancien. Deux partenaires se tiennent face à face, et lancent en même temps, à un signal donné, leur poing en avant tout en dressant autant de doigts qu’il le désire, et en prononçant un chiffre de 1 à 10. Celui qui énoncera un nombre égal au total des doigts montrés par l’un et par l’autre des deux joueurs marquera un point. Par exemple, si le joueur A montre 3 doigts en disant "cinq" pendant que le joueur B montre 2 doigts en énonçant le nombre "six", c’est le joueur A qui gagne puisque le nombre des doigts levés est : 3 + 2 = 5 et qu’il a annoncé ce chiffre. Ce jeu de la mourre, comme l’amour, ne fait pas seulement appel au hasard, il implique l’intuition, la vivacité, l’attention, et l’observation spontanée des joueurs comme cela est nécessaire pour que l’amour s’accroisse.

La mourre, l’amou-reux, jeu de main, jeu de doigt, jeu digital, jeu dit-gital. (gîte désigne l’endroit où l’on dort), produit des effets très intéressants sur le fonctionnement des neurotransmetteurs. Il conviendrait de le remettre cliniquement à l’honneur. En tout cas, l’amour c’est le transfert inconscient, l’assise sûre entre les vivants, comme le formule Lacan, « le transfert c’est l’amour ». Pas d’autre assise sûre dans ce monde que l’assise de l’amour transférentiel. Cette assise de transfert est particulièrement bien rendue par le caractère chinois assise : 坐. Ce caractère représente deux personnes nouant le ciel et la terre. C’est « l’assise dans l’oubli », selon la formule de Tchouang tseu, c’est-à-dire l’expression spontanée d’une empathie complice. « L’amour, dit encore Lacan, c’est donner ce qu’on n’a pas (c’est-à-dire l’avenir) à quelqu’un qui n’en veut pas (parce qu’il n’aime que le passé). Ce quelqu’un, trop bien barricadé dans les pulsions de conservation de son moi est effrayé par l’amour qui est justement un changement périeux puisqu’il engage l’avenir).

Une question se pose cependant : si l’amour est si bien, pourquoi y a-t-il de la haine ? Qu’est ce qui précède l’amour ou la haine ? La haine on la trouve partout. En tant qu’être ou plutôt en tant que lettre, elle est, comme on dit, au fond du jardin et au milieu du monde, elle commence la nuit et finit le matin. La haine d’être surgit dès la naissance. Si le bébé hait, il est : « il hait, il est ». (Lacan Encore p. 91). Cette haine d’exister est un puissant organisateur narcissique. Il y a la haine jalouse de la perte d’amour, dont tout le monde n’est pas sans avoir fait quelques expériences, la haine du semblable fraternel, l’envie, la vengeance, la haine de la différence sexuelle qui impose « le tout ou rien » de la valeur de l’existence, la haine des jugements du moi, du surmoi et de l’Autre…

Qu’est-ce donc que la haine ? À faire parler bêtement les mots « la haine » l’a hai-ne c’est le nœud qui protège (comme une haie) l’objet petit a. La haine a donc affaire avec l’amour. D’où le fameux mot valise de Lacan l’hainamoration. « L’amour c’est l’hainamoration » (Lacan Encore, p. 83). C’est que la haine et l’amour sont les mêmes sur les surfaces de Moebius de l’inconscient. Je vous rappelle la formule de la bande de Moebius : « Faces plus sommets moins arêtes ». L’arête c’est le ça. Le ça on ne peut pas l’enlever d’une surface de Moebius dans la réalité mais on peut l’oublier. En écrivant amour au recto d’une bande de papier puis haine au verso, et en faisant une bande de Moebius, haine et amour se retrouvent dans une seule et même dimension. Pourtant il y a l’arête, le ça salvateur, mais il est dénié dans la formule. Or, si on ne se place pas sur l’arête de cette bande de Moebius, on sera le jouet de l’amour qui se transforme en haine et de la haine en amour. C’est cela le nouveau dans l’amour qu’introduit le discours psychanalytique : L’arête de l’inconscient qui permet de comprendre l’hainamoration qui nous manipule. Lacan, dans l’Une bévue, leçon du 14 janvier 1976, explique : « La différence entre l’hystérique et moi, qui, en somme, à force d’avoir un inconscient, l’identifie avec mon conscient, est que l’hystérique est soutenu par une armature, distincte de son conscient, qui est son amour pour le père ». Soit, sur la bande de Moebius, le recto conscient et le verso hystérique dans une seule et même dimension, une père version.

L’amour ne diffère pas de la haine parce que pour changer, c’est-à-dire pour aimer il nous faut nécessairement, d’une façon ou d’une autre, utiliser la haine. Je rejette une chose pour passer à une autre. Je détruis pour construire. Manger c’est haïr. Sans le ça, sans l’arête, on perd la spontanéité de la vie agissante, et on s’enferme dans un cercle vicieux désespérant. Naître, vivre et passer, c’est changer de forme. Pour le ça qu’importe une forme ou une autre. Comme dit Tchouang tseu : « vie et mort sont le recto et le verso des transformations », c’est-à-dire les mêmes sur une surface de Moebius.

Apparition et disparition sont un seul et même mouvement pour l’inconscient. C’est justement ce qui effraie tous les membres de la Samcda bloqués dans le cercle vicieux de la bande unilatère de Moebius dont ils promettent la sortie pour des lendemains enchantés mais n’arrivent jamais parce que, tels le rocher de Sisyphe, ils retournent toujours à leur point de départ. Ainsi, avec le discours analytique comme dit Lacan : « C’est la frousse que je leur foutais » (Télévision, p. 50). « Ce n’est pas, poursuit-il, que je ne me décarcasse, je profère : “l’analyste ne s’autorise que de lui-même”. J’institue la passe dans mon École, soit l’examen de ce qui décide un analysant à se poser en analyse. Ceci sans y forcer personne ».

Pourquoi l’analyste ne peut-il s’autoriser que de lui-même ? Parce que dans le cas contraire il ne pourrait faire de l’inconscient, du ça, ni sa clinique ni son métier. L’analyste ne se réfère à aucun moi à aucun surmoi à aucun Autre, à aucune institution, à aucun idéal, à aucune morale. C’est son éthique. Tout manque de style propre est un refoulement du ça. Ainsi, l’inconscient, le ça, ne s’autorise que de lui-même. Le ça c’est le « vide sans fond sans rien de sacré », le Réel, comme dit Lacan, qui ne se réfère à aucune langue ni n’en rejette aucune. Il peut toutes les pratiquer aussi bien que les déconstruire.

Comme dans le conte n°2 de Ionesco pour enfant de moins de trois ans, un téléphone peut être du fromage, le fromage, boîte à musique, la boîte à musique, tapis, le tapis, une lampe, La fenêtre, un porte plume, pain. etc. D’où, le fameux texte qui ne s’autorise que de lui-même : « Je regarde par la chaise en mangeant mon oreiller. J’ouvre le mur, je marche avec mes oreilles. J’ai dix yeux pour marcher, j’ai deux doigts pour regarder. Je m’assois avec ma tête sur le plancher. Je mets mon derrière sur le plafond. Quand j’ai mangé ma boîte à musique je mets de la confiture sur la descente de lit et j’ai un bon dessert. Prends la fenêtre papa et dessine-moi des images… » Les mots sont autres qu’eux-mêmes. C’est le non-crédo du psychanalyste : « Aucune dépendance à l’égard des mots et des lettres » tel que l’enseigne le Tchan et sa pratique du gōng’àn, 公案, khan, en japonais.

Comme dit Rimbaud dans sa Lettre du voyant : « Je est un autre… Si les vieux imbéciles n’avaient pas trouvé du Moi que la signification fausse, nous n’aurions pas à balayer ces millions de squelettes qui, depuis un temps infini, ont accumulé les produits de leur intelligence borgnesse… » L’analyste ne s’autorise que de lui-même signifie encore ce qu’affirme Rimbaud : « il faut être voyant, se faire voyant » et « voleur de feu ».

Qu’est-ce que la passe ?

La passe est le passage de l’analysant à la position d’analyste. Lacan, qui a instauré ce qu’on appelle « la passe », l’a rapidement considérée comme un échec. Pourquoi ? Nous pouvons en comprendre le pour, le contre et le pourquoi, si nous nous servons des trois cercles du nœud borroméen : O,O,O. En effet, il y a trois sortes de passes, celle du conscient, du préconscient et de l’inconscient. Il y a la passe du conscient qui est une sorte d’examen des connaissances et des études. Elle s’inscrit dans un processus contrôlable et hiérarchisée. C’est une démarche scolaire et codifiée. C’est, pourrait-on dire, la passe du « discours universitaire » avec un certain conformisme plus ou moins aliénant. Cette passe présente certains avantages mais elle désinforme plutôt qu’elle n’informe. Elle ne produit que du $, du sujet divisé. Elle ne se fonde pas sur l’expérience et la pratique de la psychanalyse par l’analysant.

En revanche, « la passe du préconscient » est la passe constitutive de la psychanalyse. Elle repose entièrement sur la pratique du divan. Pour devenir psychanalyste il est indispensable d’avoir fait une analyse avec un psychanalyste. C’est le passage obligé. Sans une analyse authentique et approfondie le futur psychanalyste risquerait à son insu de projeter sur ses patients ses propres résistances, ses propres inhibitions en bref, ses difficultés personnelles et sa manière propre de les résoudre. Il serait peut-être un bon coach, un bon psychologue, un bon psychiatre, mais certainement pas un psychanalyste. Dans cette relation de passage préconsciente, ou imaginaire, l’analyste doit consentir à servir d’objet petit a pour l’analysant. C’est-à-dire accepter cette étrange fonction transférentielle qui consiste à servir non seulement de supposé savoir, d’objet d’admiration, mais aussi d’objet d’horreur, d’objet d’angoisse, d’objet à rejeter, c’est-à-dire que l’analyste se réduit à un zéro de conscience, à partir de quoi toutes choses sont possibles. Mais, en même temps, bien que le zéro soit essentiel, qualifier, comme on le sait, quelqu’un de zéro c’est le considérer comme un déchet. C’est en quoi, comme dit Lacan, l’analyste est un saint (Télévision, p. 28). Un saint dans l’inconscient mais qui fait déchet dans le conscient : « plutôt, dit Lacan, se met-il, à faire déchet. Il décharite » (Télévision, p. 28), tel le zéro frappé de nullité par la société. Il faut savoir que, dans cette dimension de passage, l’imaginaire de l’analysant choisit, préconsciemment certes, son analyste, en pensant, à son insu : « Je choisis cet analyste, parce que, lui, je vais le rouler, et nous savons que ce qu’il craint le plus c’est justement d’y arriver » (Lacan, L’insu…, p. 69). Telle est la passe préconsciente et les difficultés auxquelles se trouve confrontées le psychanalyste. Cette passe là est plus difficile que la première.

Ensuite, vient la passe extraordinaire de l’inconscient. C’est à la fois la plus simple et la plus difficile. Pour Freud, en tout cas dans les débuts, dès que le patient reconnaissait l’existence de l’inconscient, il était accepté comme psychanalyste. Cela pouvait se faire en huit jours. Mais entre l’acceptation intellectuelle de l’inconscient et son expérience existentielle, son expérience vécue et bouleversante, illuminante, il y a évidemment beaucoup de distance. C’est naturellement sur cette dimension de l’inconscient que reposait la passe véritable voulue par Lacan. Le « passant » devait exposer oralement à un, ou plusieurs, « passeurs » sa compréhension de l’inconscient. Le « passeur » à son tour était chargé de rapporter à un jury ce que le passant lui avait dit. Ceci pour éviter les effets de l’imaginaire dus au fonctionnement d’une instance chargée de la nomination. Cette passe fut rapidement confondue avec les deux autres. Les passeurs manquaient et manquent encore très souvent aujourd’hui de « désêtre », wu nian, 無念 en chinois ou « non-penser ». C’est pourquoi Lacan considéra finalement la passe comme un échec. Les psychanalystes manquaient de rien. Ce n’est pas parce qu’on prononce les mots qu’on témoigne de les comprendre. Il est très difficile pour la pensée occidentale, basée sur l’être, de comprendre ce que peut être le rien, le wu 無, qui fait passer toutes choses. En chinois la passe du ça se nomme « la passe qui a pour porte le rien » ou le passe sans porte : wu men guan, 無門關.

La formule : « L’analyste ne s’autorise que de lui-même » est donc liée à « la passe de l’inconscient ». L’analyste ne peut s’autoriser que de lui-même car personne ne peut prendre à sa place les responsabilités qui sont les siennes dans l’accomplissement de ses actes et de ses propos. Il est impossible, dans cette dimension du ça, du « désêtre », du wu min, 無名, du « sans nom », qu’il puisse relever et dépendre d’une quelconque organisation hiérarchisée, parfaitement légitime par ailleurs.

« L’analyste doit donc savoir, nous dit Lacan, que loin d’être la mesure de la réalité, il fraye sujet vérité qu’à s’offrir lui-même comme psychanalyse dans ses rapports avec la réalité » in Autres Écrits, p.359).

Concernant « la passe de l’inconscient », la vraie passe selon Lacan, la pensée chinoise, précisément celle du Taoïsme, de Tchouang tseu, du Tchan, de Houein neng et de Lintsi sont des modèles parfaits.

L’histoire de Houei-neng, pour comprendre la passe lacanienne est tout à fait remarquable. Houei-neng était bucheron. On raconte qu’il entendit un jour le « sutra du vide » (la lettre A, voir p. 6) récité par un moine dans la forêt où il travaillait. Subitement il comprit le Réel. Il fit l’expérience abrupte, traumatique et bénéfique du Réel, c’est-à-dire du vide. Le trauma est un choc qui modifie toute la personnalité. C’est la fulgurance d’un court-circuit d’une improbable seconde, une zone de non-temps où la seconde, la minute, l’heure, le siècle ou l’éternité peuvent être synonymes. Houein-neng abandonna sa mère et son métier pour se rendre aussitôt au temple de la Prune Jaune afin de devenir moine. Mais le maître Houng-jên, fondateur et directeur du temple le refusa en disant (ce qui était, en fait, une manière de le diagnostiquer) : — Houei-neng, vous n’êtes qu’un bucheron, un homme du sud totalement illettré, alors que dans ce temple il n’y a que des hommes du nord, supérieurement lettrés, comment pourriez-vous vous comprendre l’enseignement, comment pourriez-vous vous y adapter ? Houei neng répliqua alors cette parole historique et psychanalytique : « Dans la réalité il y a, bien sûr, des gens du nord et des gens du sud, il y a des lettrés et des illettrés. Mais, dans la dimension de l’éveil, (c’est-à-dire dans la dimension du ça, du désêtre, du wu nian, 無念), il n’y a ni nord ni sud, ni lettrés ni illettrés ». Et par ces paroles, qui différencient l’inconscient du préconscient et du conscient selon la première topique de Freud, Houei neng, le soi disant illettré, fut admis comme moine. À la modeste fonction, toutefois, d’aide cuisinier. Le temps passa et Houng-jên estima que le moment était venu de faire passer un successeur à la direction du temple de la Prune Jaune qui comptait alors un millier de moines. Il demanda à tous d’écrire un poème bref qui dirait ce qu’est le Tchan qu’il leur avait enseigné. Shen-shiou était l’intellectuel le plus réputé du temple et tous les moines se désistèrent en faveur de son poème qu’on afficha sur le mur extérieur de la salle de TsöTchan :

Le corps est l’arbre de l’éveil
L’esprit est un miroir
Veillons à le tenir toujours propre
Sans jamais laisser la poussière tomber sur lui.

Vous aurez reconnu là le préconscient et le stade du miroir.

Puisqu’il était illettré, on raconte que Houei neng se fit lire le poème de Shen Shiou. Il déclara : « ce n’est pas du tout ça ». Puis il demanda qu’on écrive pour lui ses propres paroles et qu’on les place à côté du poème du plus lettré des moines de ce monastère :

L’éveil n’est pas un arbre
Il n’y a pas de miroir
Tout est vide depuis le commencement
Où la poussière pourrait-elle tomber ?

La passe dont la porte est le rien, le wu men guan, 無門關 venait d’être franchie par un poème. Le passant Houei-eng fut immédiatement intronisé passeur par le maître Houng-jên. Ce qui ne tarda pas à provoquer une révolution de palais. Comment un illettré pouvait-il être nommé à la direction d’un temple de lettrés ? Cette nomination n’engageait-elle pas l’avenir du Tchan dans une impasse ? L’agitation fut telle et la colère des lettrés si violente que Houng-jên et Houein neng durent s’enfuir du temple. Ils prirent une barque pour passer sur l’autre rive d’un lac.

Houng-jên était vieux. Il manquait de force pour ramer. « Je suis votre passeur et je ne peux ramer pour mon passant », déplora-t-il. Ce à quoi Houein-neng, répliqua : « Puisque vous m’avez fait passer je suis devenu passeur. Si je suis devenu passeur rien n’empêche que je puisse ramer pour un autre passeur ». Nul ne saurait distinguer, à moins de s’illusionner, si c’est le passant ou le passeur qui manœuvre les rames. Dans la dimension de l’éveil, passant et passeur ne diffèrent pas l’un de l’autre. Lacan, affirmait quant à lui qu’il ne cessait pas de passer la passe car il tenait ses auditeurs pour ses passeurs. Et comme dit Tchouang tseu : « Il ne convient pas d’injurier celui qui vous fait passer » (TchouangTseu, Liou Kia-hway, Œuvre complète, Gallimard, p. 199).

Je vous remercie.

P.-S.

Prochaine séance, au même endroit, le jeudi 24 juin 2010, à 20 heures.

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