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René Crevel

C’est la mythologie qui change

Collaboration à la déclaration L’Âge d’or

Date de mise en ligne : vendredi 2 février 2007

Mots-clés :

René Crevel, « C’est la mythologie qui change », Collaboration à la déclaration L’Âge d’or, Revue-programme, Paris, Studio 28, s.d., novembre 1930.

C’EST LA MYTHOLOGIE QUI CHANGE

Au moment, à coup sûr, le plus propice à l’investigation psychanalytique tendant à déterminer l’origine et la formation des mythes moraux, nous croyons possible, par simple induction et en marge de toute précision scientifique, de conclure à la possibilité d’existence d’un critérium qui se dégagerait d’une façon précise de tout ce qui peut se synthétiser dans les aspirations de la pensée surréaliste en général et qui résulterait, au point de vue biologique, de l’attitude contraire à celle qui permet d’admettre l’existence des divers mythes moraux comme survivance des tabous primitifs. Tout à l’opposé de cette survivance, nous croyons (pour paradoxal que cela puisse paraître) que c’est dans le domaine de ce qu’on a coutume de réduire aux limites (!) du congénital, que serait admissible une hypothèse dépréciative de ces mythes, selon laquelle les divination et mythification de certaines représentations fétichistes à signification morale (telles que celles de la maternité, de la vieillesse, etc.) seraient un produit qui, par son rapport avec le monde affectif en même temps que par son mécanisme d’objectivation et de projection à l’extérieur, pourrait être considéré comme un cas, sûrement très compliqué, de transfert collectif dans lequel le rôle démoralisateur serait joué par un puissant et profond sentiment d’ambivalence.

Les possibilités psychologiques individuelles d’anéantissement souvent complet d’un vaste système mythique coexistent avec la non moins fréquente possibilité bien connue de retrouver en des temps ultérieurs, par un processus de régression, des mythes archaïques déjà existants. Cela signifie, d’une part l’affirmation de certaines constantes symboliques de la pensée inconsciente, d’autre part le fait que cette pensée est indépendante de tout système mythique. Tout revient donc à une question de langage : par le langage inconscient nous pouvons retrouver un mythe, mais nous sommes bien conscients que les mythologies changent et qu’une nouvelle faim psychologique à tendance paranoïaque dépasse à toute occasion nos sentiments souvent misérables.

Il ne faut pas se fier à l’illusion qui peut résulter du manque de comparaison, illusion pareille à l’illusion de la marche du train arrêté quand un autre train passe devant la fenêtre du wagon et, dans le cas éthique, pareille à celle de la translation des faits vers le mal : tout se passe comme si, contrairement à la réalité, ce qui bouge, ce qui est changeant n’était pas précisément les événements, mais, plus gravement, la mythologie.

Dans les prochaines mythologies morales prendront place d’une manière usuelle les reproductions sculpturales de diverses allégories édifiantes parmi lesquelles se signaleront comme les plus exemplaires celle d’un couple d’aveugles s’entre-dévorant et celle d’un adolescent au regard nostalgique « crachant par pur plaisir sur le portrait de sa mère ».

Collaboration à la déclaration L’Âge d’or,
revue-programme,
Paris, Studio 28, s.d., novembre 1930.

P.-S.

Texte établi par PSYCHANALYSE-PARIS.COM d’après le texte de René Crevel, « C’est la mythologie qui change », Collaboration à la déclaration L’Âge d’or, Revue-programme, Paris, Studio 28, s.d., novembre 1930.

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