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Portraits de l’Histoire de la Psychanalyse

BINET Alfred

1857-1911

Date de mise en ligne : samedi 9 août 2003

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Alfred BINET (1857-1911)

Né à Nice en 1857, d’un père médecin et d’une mère artiste peintre, Alfred Binet achève brillamment ses études secondaires à Paris, au Lycée Louis le Grand, avant d’entamer des études juridiques à la faculté de droit. Très vite cependant, il manifeste un intérêt passionné pour la psychologie, et se réoriente vers la psychophysiologie et la clinique psychiatrique.

En 1884, Alfred Binet entreprend sous la direction de son beau-père, le célèbre embryologiste Balbiani, dont il vient d’épouser la fille la même année, des études de sciences naturelles à la Sorbonne. Celles-ci le conduisent à la Salpêtrière et à la rencontre avec Charcot, où il découvre en même temps que Freud, l’extraordinaire champ psychologique ouvert par l’hypnose et la suggestion.

En 1885, au moment même où Freud s’installe Paris, naît la première fille d’Alfred Binet, Madeleine. Cette naissance, qui sera suivie trois ans plus tard de celle de sa deuxième fille, Alice, lui ouvre d’autres perspectives : la psychologie de l’enfant, la génétique et l’éducation.

En 1890, il rencontre Henri Beaunis qui vient tout juste de créer le laboratoire de psychophysiologie de la Sorbonne (1889), et auquel il offre immédiatement sa collaboration. Quatre ans plus tard, il fondera avec ce dernier L’année psychologique, puis lui succèdera à la direction du laboratoire de psychophysiologie, après avoir soutenu sa thèse de doctorat ès sciences (Le système nerveux sous-intestinal des insectes, 1894),

En 1892, le jeune psychiatre Théodore Simon, vient le solliciter pour l’éducation des enfants anormaux dont il a la charge à la colonie de Perray-Vaucluse. Le duo se forme immédiatement et s’oriente vers l’élaboration d’un test d’intelligence (« Le Binet-Simon »), désormais connu des psychologues du monde entier, traduit et adapté en une douzaine de langues.

Rappelons qu’à cette époque, en 1892, l’enseignement primaire obligatoire n’est institué en France que depuis dix ans, depuis la loi du 28 mars 1882. Binet et Simon n’hésitent donc pas à interroger la pertinence de cette nouveauté éducative.

Très à l’écoute du front d’outre atlantique, Binet lit assidûment J. Dewey et J. M. Baldwin, tente de combiner l’observation et l’expérimentation avec la théorie évolutionniste et adopte le vocable de « mental test ». Rompant avec la psychologie physique et sa mesure du stimulus, Binet s’inspire en effet des tests mentaux à visée pratique et pédagogique de Mc Cattell (1890) et de la « testologie » américaine, lorsqu’en 1905 il fait paraître sa première version de l’échelle métrique.

La grande diversité des épreuves (trente items de difficulté croissante), ainsi qu’un échelonnement des réponses en fonctions de l’âge des enfants (énumération, description, interprétation) qui y sont soumis, permettent dans un premier temps à Binet, de délimiter une frontière entre arriération et normalité pour des enfants en bas âge. Ce qui lui permettra dans un second temps de faire évoluer son test en un test d’intelligence.

De l’échelle métrique à la construction du test d’intelligence, Binet ne construit pas seulement un barème d’instruction, mais évalue également le développement physique (taille, poids, capacité respiratoire, etc.) des écoliers, lui permettant de calculer années d’avance et de retard, mesure échappant à la simple détermination mathématique, qui ne doit rester pour lui qu’un pur instrument.

Il est surtout frappé, non pas tant par l’absence de frontière, que par les « ressemblances » entre le normal et l’anormal, non seulement dans les écoles, entre enfants normaux et anormaux, mais également parmi les grands esprits de ce monde (calculateurs, joueurs d’échecs et écrivains prestigieux).

Accordant toute sa place au sens pratique et au jugement de bon sens, à l’initiative et la faculté de s’adapter, Alfred Binet n’hésitera pas à décrire l’intelligence en des termes simples : « Compréhension, invention, direction et censure : l’intelligence tient dans ces quatre mots » (A. Binet, Les idées modernes sur les enfants).

Hétérodoxe pluridisciplinaire, Alfred Binet est avant tout un pédagogue prônant une méthode nouvelle et active, basée sur la morale, le respect et les obligations réciproques, et dans laquelle il n’hésite pas à s’impliquer personnellement.

Œuvrant pour le bien-être des écoliers et pour leur éviter toute fatigue ou surmenage intellectuel, il prône des méthodes pour les enseignants (formation des maîtres, mode de recrutement, durée des études, emploi du temps et vacances) et se refuse à parler de pédagogie spécifique.

En 1904, se met en place sur son initiative, une commission ministérielle, sur le diagnostic des états d’arriération mentale et l’éducation des enfants anormaux. En 1905, au Congrès International de Psychologie de Rome, il présente la toute première version d’une échelle métrique de l’intelligence. Les années suivantes seront principalement consacrées à l’élaboration de son test, qu’il met au point, au niveau adulte, sur des conscrits que le Ministère de la Guerre lui avait demandé d’examiner.

Si son nom reste le plus souvent attaché au célèbre test « Binet-Simon », le personnage est également associé au théâtre. Alfred Binet s’improvisera en effet de nombreuses fois dramaturge, notamment avec André de Lorde, avec lequel il écrira neuf pièces qui seront jouées au Grand Guignol et au théâtre Sarah Bernhardt.

Pour les psychanalystes, Alfred Binet est surtout le psychologue ayant remis au goût du jour la notion de fétichisme, découverte par le magistrat français Charles de Brosses (1709-1777), dans ses études des phénomènes religieux chez les peuples dits primitifs [1]. Sigmund Freud lui rendra hommage à de nombreuses reprises, notamment dès 1905, dans ses Trois essais sur la théorie sexuelle, puis deux ans plus tard, dans son commentaire de la Gradiva de W. Jensen. En 1919, au moment de refonder sa théorie, S. Freud fait une dernière fois allusion à Binet dans son célèbre texte « Un enfant est battu » :

« […] Lorsque nous trouvons chez l’adulte une aberration sexuelle - perversion, fétichisme, inversion - nous sommes en droit de nous attendre à découvrir par anamnèse un tel événement fixateur dans l’enfance. Et bien avant la psychanalyse des observateurs comme Binet ont pu rapporter les étranges aberrations sexuelles de la maturité à des impressions de ce genre, datant précisément de la cinquième ou sixième année de l’enfance » [2].

Alfred Binet meurt à 54 ans, le 28 octobre 1911, des suites d’une congestion cérébrale.

Notes

[1Charles de Brosses, Du culte des dieux fétiches ou Parallèle de l’ancienne religion de l’Égypte avec la religion actuelle de Négritie,1760.

[2S. Freud, « Un enfant est battu » [1919], Œuvres complètes, vol. XV, PUF, Paris, 1996, p. 122.

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