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Les Signifiants de la Psychanalyse

Psychanalyse

5 février 1896

Date de mise en ligne : mardi 29 octobre 2002

Auteur : Christophe BORMANS

Mots-clés :

C’est dans un article écrit en français et publié le 30 mars 1896 que l’on découvre pour la première fois le mot "psychanalyse", tandis qu’en allemand, l’expression fait pour la première fois son apparition le 15 mai de la même année. Comme Jones le précise, "les deux articles furent expédiés le même jour" (E. Jones, " La vie et l’œuvre de Sigmund Freud " [1953], PUF, Paris, 1958, p. 270) et l’on peut donc retenir comme date de naissance du vocable "psychanalyse", le 5 février 1896.

L’article en français

C’est dans un article écrit en français et publié dans la Revue de Neurologie le 30 mars 1896, que l’on découvre pour la première fois le mot "psychanalyse". Dans cet article, intitulé « L’hérédité et l’étiologie des névroses » [1], Sigmund Freud s’adresse tout spécialement aux disciples de J.-M. Charcot, parmi lesquels il se compte, " pour faire valoir, écrit-il en introduction, quelques objections contre la théorie étiologique des névroses de notre maître ".

L’objet de l’article de Freud est en effet de démontrer que la principale cause de la névrose n’est pas "l’hérédité nerveuse", comme le soutiennent Charcot et ses disciples, mais bien une cause spécifique qu’il se propose de mettre en évidence : "l’irritation sexuelle précoce".

Que l’hérédité nerveuse ne puisse pas, à elle seule, produire la névrose est une simple question de bon sens et le raisonnement peut être mené selon la propre méthode de Charcot, c’est-à-dire par l’absurde. En effet, si l’hérédité devait être le seul facteur de déclenchement de la névrose, les hystéries et les névroses en général n’auraient aucune raison de se multiplier, comme c’était pourtant le cas en cette fin de XIXe siècle :

" Si la neurasthénie se bornait aux gens prédisposés, elle n’aurait jamais gagné l’importance et l’étendue que nous lui connaissons " [2].

Pour Freud, bien au contraire, la névrose peut être dite "acquise", et la "source commune" des deux grandes névroses qu’il dégage déjà clairement de ses spéculations théoriques et de sa pratique quotidienne - à savoir, l’hystérie et la névrose obsessionnelle -, est d’abord et avant tout à rechercher dans "la vie sexuelle de l’individu, soit désordre de la vie sexuelle actuelle, soit événements importants de la vie passée" (p. 114).

C’est au cours de ses développements sur l’étiologie sexuelle des névroses, que Freud en vient à avouer qu’il doit ses " résultats à l’emploi d’une nouvelle méthode de psychoanalyse, au procédé explorateur de J. Breuer, un peu subtil, mais qu’on ne saurait remplacer, tant il s’est montré fertile pour éclaircir les voies obscures de l’idéation inconsciente " (p. 115). Freud précise qu’il ne souhaite pas décrire ce procédé à cet endroit, mais dans sa note de bas de page, il renvoie le lecteur aux Études sur l’hystérie, qu’il vient de publier avec Breuer un an auparavant, en 1895 :

"Au moyen de ce procédé, ajoute Freud, on poursuit les symptômes hystériques jusqu’à leur origine qu’on trouve toutes les fois dans un événement de la vie sexuelle du sujet bien propre à produire une émotion pénible " (p. 116).

Annonçant qu’il a pu pratiquer la psychanalyse sur treize cas d’hystérie, l’auteur affirme que les résultats empiriques qu’il a obtenus sont d’une régularité "surprenante", puisque dans aucun de ces cas ne manquait l’irritation sexuelle pré-pubère.

L’article en Allemand

L’article en allemand est du même acabit. Intitulé " Nouvelles remarques sur les névropsychoses de défense ", Freud y passe en revue ce qu’il appelle les deux grandes névroses, hystérie et névrose d’obsessions ou de contrainte (névrose obsessionnelle) puis, dans une troisième section, détaille un cas de paranoïa chronique.

Publié le 15 mai 1896, c’est la première fois qu’en langue allemande, Freud substitue l’expression " psychanalyse " à celle de " méthode de Breuer ", bien qu’il semble encore employer indifféremment, l’une ou l’autre des deux expressions.

Dans les trois types d’affections névrotiques qu’il aborde, Freud identifie clairement le symptôme comme étant déterminé par le mécanisme psychique inconscient de la défense, c’est-à-dire compromis entre, d’une part, la tentative de refoulement et, d’autre part, le retour du refoulé du fait de l’échec de ce même mécanisme psychique. Dans l’hystérie, le refoulement s’effectue "par la voie de la conversion dans l’innervation corporelle", tandis que dans la névrose de contrainte, il s’effectue "par substitution", c’est-à-dire par "déplacement le long de certaines catégories associatives" (p. 136).

Quant à l’expérience ou souvenir "spécifique" que l’inconscient refoule sans y réussir véritablement, Freud précise là encore clairement qu’il est d’ordre sexuel. Cette expérience est une expérience sexuelle passive chez l’hystérique, tandis qu’elle est avant tout saisie comme une expérience sexuelle active chez le névrosé obsessionnel. Freud démontre à cette occasion tout son talent littéraire et son don pour la formule, en ayant notamment celle-ci, dont il se sert pour qualifier l’hystérie : "passivité sexuelle en des temps pré-sexuels" (p. 124).

Selon Freud, cette expérience a été vécue en des temps très éloignés, qui peuvent remonter " jusqu’à l’âge tendre d’un an et demi ou deux ans ! ", mais " dans bon nombre de mes cas, écrit-il à l’époque, le trauma sexuel (ou la série de traumas) est compris dans la troisième et la quatrième année de vie " (p. 126).

Reprenant l’expression "psychanalyse" employée dès l’introduction de l’article, Freud précise qu’il " serait assurément vain de vouloir obtenir ces traumas d’enfant en questionnant un hystérique en dehors de la psychanalyse ; leur trace n’est jamais décelable dans la remémoration consciente, mais seulement dans les symptômes de maladie " (p. 127).

Il est clair que dès ce début de mois de mai 1896, la psychanalyse est d’abord et avant tout pour Freud, une méthode d’investigation de l’inconscient, certes "laborieuse mais parfaitement fiable", et surtout, il précise que, "en même temps", ces investigations constituent une "thérapie" [3].

Ce qui veut dire clairement, que dès les débuts même de l’utilisation de l’expression, la "psychanalyse" a pour seul et, unique but, l’investigation de l’inconscient.

Freud restera toujours fidèle à cette définition de la psychanalyse et, bien que l’on ait essayé tout au long du XXe siècle notamment, soit de la détourner de son objectif premier en l’intégrant partiellement à divers procédés thérapeutiques se voulant plus ambitieux, soit à l’instar des freudiens eux-mêmes, de l’enrichir en l’appliquant à divers champs scientifiques, Freud ne cessera jamais de réaffirmer sa spécificité profonde et son but originel :

" Ce qui caractérise la psychanalyse, en tant que science, c’est moins la matière sur laquelle elle travaille, que la technique dont elle se sert. On peut, sans faire violence à sa nature, l’appliquer aussi bien à l’histoire de la civilisation, à la science des religions et à la mythologie qu’à la théorie des névroses. Son seul but et sa seule contribution consistent à découvrir l’inconscient dans la vie psychique " [4].

Pourtant, même si l’accès à l’inconscient reste difficile pour qui n’a pas été introduit à la méthode des associations libres, les concepts fondamentaux de la psychanalyse peuvent se compter sur les doigts d’une seule main et, de ce fait, sont extrêmement simples à entrevoir pour qui souhaite s’enrichir de cet effort. Comme Freud le précisait en 1925, "Les doctrines de la résistance et du refoulement, de l’inconscient, de la signification étiologique de la vie sexuelle et de l’importance des expériences vécues dans l’enfance sont les principaux éléments de l’édifice théorique de la psychanalyse" (S. Freud présenté par lui-même, Gallimard, Paris, 1984, p. 67).

Notes

[1S. Freud, Œuvres complètes, volume III : « Textes psychanalytiques divers », PUF, Paris, 1989, pp. 107-120.

[2S. Freud, « L’hérédité et l’étiologie des névroses », Œuvres complètes, volume III, " Textes psychanalytiques divers ", PUF, Paris, 1989, pp. 107-120, p. 109.

[3" Dans ce même ouvrage [Études sur l’hystérie] se trouvent aussi des indications sur la méthode laborieuse, mais parfaitement fiable, de la psychanalyse, dont je me sers dans ces investigations qui constituent en même temps une thérapie " (p. 123).

[4Sigmund Freud, Introduction à la psychanalyse [1916-1917], Payot, Paris, 1961, p 366.

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