(1923)
À partir de l’analyse de rêves et d’associations, j’ai souvent été amené à interpréter la tête de Méduse comme le symbole effrayant de la région génitale féminine, dont la spécificité aurait été déplacé « de bas en haut ». Les nombreux serpents qui s’enroulent autour de la tête, peuvent - selon le principe de la représentation par le contraire - suggérer l’absence du pénis et répéter la terrible impression que produisent sur l’enfant les organes génitaux qui en sont dépourvus [2] (castration [3]). Quant aux yeux de la tête de Méduse, qui suscitent tant d’angoisse et d’effroi, ils sont à interpréter du côté de l’érection.
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(1923)
Lorsqu’il était enfant, un de mes patients homme se représentait les organes génitaux féminins comme une sorte de canalisation accrochée par derrière et pendant en dehors, ce qui devait aussi bien satisfaire à la déjection et à l’admission du pénis, qu’à son propre désir de voir les femmes en posséder un.
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(1923)
L’analyse des névrose permet d’accéder à l’interprétation de ces idiosyncrasies très répandues. Un patient qui me confiait avoir « froid dans le dos » lorsqu’il voyait quelqu’un éplucher des pommes de terre, m’a conduit sur une première piste d’interprétation : il avait inconsciemment identifié les patates avec quelque chose d’humain, de sorte que pour lui, éplucher des pommes de terre représentait le fait de les maltraiter, de leur enlever la peau, et ce d’une manière réciproquement active (sadique) et passive (masochiste), comme dans la loi du Talion. Étayé par ce fait, je devais alors également attribuer aux expériences suggérées dans le titre, des impressions d’une période de vie précoce de l’enfance, dans laquelle le point de vue animiste et anthropomorphe et le fait d’attribuer une vie aux choses est un lot courant. La sonorité stridente du verre que l’on raye semble être synonyme pour l’enfant du cri plaintif d’un être abusé, tout comme le tissu de toile exprime - à son avis - sa douleur d’être déchiré en morceaux. Aussi, les contacts avec des matières ou des surfaces rugueuses, le frottement de la soie, sont tout autant accompagnés de « frissons », probablement en raison du bruit « désagréable » que produisent de telles matières lorsqu’on y passe la main. Mais si quelque chose de rugueux ou la rugosité elle-même, peut suffire à provoquer en lui une sensation de blessure sur sa propre peau, frotter des objets lisses et doux semble, par contre, agir comme un calmant sur ses nerfs et sa peau. La tendance à la formation de telle idiosyncrasies dérive très probablement, dans la plupart cas, de fantasmes de castration inconscients. Il n’est pas impossible que des causes semblables jouent un rôle important dans l’effet esthétique que produisent sur nous différentes matières ou matériaux.
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(1923)
Comme exemple de la « Matérialisation » hystérique (processus par lequel une idée se réalise plastiquement dans le corps), je fais référence dans mon travail à ce sujet, au globus hystericus, et je suis d’avis qu’il s’agit non seulement dans ce cas d’une paresthésie, mais aussi d’une véritable matérialisation. Or je lis à la page 33 du livre de Bernheim, Hypnostisme, suggestion, psychothérapie, le passage suivant : « Quand j’étais externe chez M. Sédillot, ce maître éminent fut appelé à examiner un malade qui ne pouvait avaler aucun aliment solide. II sentait dans la partie supérieure de l’oesophage, derrière le cartilage thyroïde, un obstacle au niveau duquel le bol alimentaire était retenu, plus regurgité. En introduisant le doigt aussi profondément que possible à travers le pharinx, M. Sédillot sentit une tumeur qu’il décrivit comme un polype fibreux saillant dans le calibre de l’oesophage. Deux chirurgiens distingués pratiquèrent le toucher après lui et constatèrent sans hésitation l’existence de la tumeur, teile que le maître l’avait décrite. L’oesophagotomie fut pratiquée ; aucune altération n’existait à ce niveau. »